40- Le regard des autres

562 29 0
                                    

Finalement quelques jours après, j'avais revu Simon et il ne m'en voulait pas pour ma réaction pourtant très idiote. Je me sentais vraiment bête. Mais Simon avait décidé de ne pas être rancunier, il m'avait avoué encore travailler sur ce défaut qu'il possédait. Un soir, je lui avais proposé de passer à l'appartement pour discuter et c'est à ce moment là qu'il avait rencontré Alisha. En réalité, ils avaient déjà fait connaissance durant la fête de Théodore. Et ils avaient vraiment bien sympathisé. C'est donc naturellement que Simon restait manger avec nous.
J'avais notamment revu les garçons et un froid s'était créé entre Idriss et moi. Et quelle ne fût pas ma surprise lorsque je recevais un message de Théo un jeudi soir, pour m'annoncer qu'ils organisaient une fête chez eux. Et c'est Alisha qui me poussait à accepter l'invitation. Tous pensaient que ça serait ma première soirée depuis l'événement. Mais ça allait être ma deuxième. Georges avait tenté de m'appeler pour s'excuser mais j'avais passé mes derniers jours à l'ignorer. Nul besoin de ressasser le couteau dans la plaie.

Simon et Alisha étaient déjà prêts pour la soirée qui nous attendait. Les garçons et Simon s'étaient déjà rencontrés mais ils n'avaient pas parlé plus que ça. Idriss savait que j'étais proche du garçon mais il ne montrait aucun signe de jalousie, pour mon plus grand désespoir. Je détestais être en froid avec lui.
Alisha ne cessait de me dire qu'il était bel et bien passé à autre chose mais moi, je refusais de l'admettre. Car oui, il occupait toutes mes pensées et peu importe l'heure de la journée. On se dirigeait vers chez les garçons en voiture ; Simon conduisait. Alisha sonnait à la porte et c'est Ken qui vint l'ouvrir. Il nous accueillait les bras grands ouverts. Il embrassait rapidement mon amie, salua Simon d'un signe de tête puis me prit dans ses bras. Je le serrais fort.

— Ça fait du bien de te revoir, lança-t-il, tu m'as vraiment trop manqué.

— Toi aussi.

On se décollait puis il nous incitait à rentrer dans leur maison que je ne connaissais que trop bien. Je le perdais rapidement de vue. Il faisait déjà très chaud au milieu de la piste de danse et Simon retira sa veste en jean. La musique n'était vraiment pas forte. Une trentaine de personnes étaient déjà présent.
Un silence de mort régnait alors dans l'immense pièce. Je savais que tout le monde avait vu les cicatrices qui prônaient les avants-bras de mon pote ; mais à vrai dire, je ne m'attendais pas à ce qu'ils restent tous figés sur place comme de vulgaires statues. Me sentant mal à l'aise vis à vis de Simon, je traversais la pièce afin de me mettre devant lui, comme pour le protéger.
Le pauvre, il n'osait même plus bouger. Ses membres tremblaient, signe qu'il était tétanisé.
Tous les regards hébétés des invités se braquaient soudainement dans ma direction. J'inspirais lentement, prête à m'élancer.
À l'intérieur de moi, je sentais déjà la colère exploser. Idriss se trouvait parmi les personnes figées, mais il ne prêtait aucune attention à Simon contrairement aux autres.

— Bien, je pense que nous avons tous remarqué les blessures de Simon, mais qu'est-ce que cela change ? Nous sommes des humains, nous avons tous un coeur. Mais vous avez trop tendance à oublier que nous avons aussi des sentiments, on souffre, on rigole, on pleure, on s'aime, puis on se déchire.

Je fixais Idriss qui ne me quittait pas du regard. Mes derniers mots lui étaient adressés, et je savais qu'il l'avait comprit.

— Y en a je vous observe sourire, ça me dégoûte. Vous me dégoûtez. Comment pouvez-vous vous réjouir du malheur de votre semblable ? Comment pouvez-vous vivre, sachant que c'est vous-même qui infligiez cette souffrance à votre miroir ?

Je décidais de marquer une pause, afin de les laisser prendre en compte tout ce que je disais. Alisha acquiesçait à plusieurs reprises, et c'est elle qui me donnait la force de poursuivre.

〉𝑭𝒆́𝒍𝒊𝒏𝒔 𝒑𝒐𝒖𝒓 𝒍'𝒂𝒖𝒕𝒓𝒆 [𝑻𝒆𝒓𝒎𝒊𝒏𝒆́]〈Où les histoires vivent. Découvrez maintenant