63- La discussion

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Brusquement, une porte claquait. Étant coincée dans l'obscurité totale je ne voyais strictement rien, alors je concentrais toute mon attention sur mon ouïe : des bruits de pas se dirigeaient vers l'escalier situé juste derrière moi.

— Attends, il y a quelqu'un qui se tient ici, chuchota une voix.

C'était une voix masculine que je reconnaissais peu à peu : Hakim.

— M'en fou, souffla son cadet.

Je m'étonnais de savoir comment il m'avait distingué dans cette obscurité.
Il a un sixième sens ou bien ? pensais-je.

— Et puis comment tu peux savoir s'il y a une personne ou pas ? Interrogea Idriss, d'un ton fatigué. On ne voit rien hormis du noir !

Merci mon dieu !
Je lui en voulait atrocement pour l'humiliation qu'il m'avait fait subir tout à l'heure, mais je ne pouvais m'empêcher de le remercier mentalement. Étrangement, son frère ne répondait pas ; puis j'entendais les bruits de pas s'éloigner. Je soupirais lentement avant de me relaisser tomber sur le canapé. Demain, ou plutôt en fin d'après-midi puisqu'il était deux heures du matin passé, on rentrerait sur Paris. Il me tardait de retrouver mon appartement, et le trajet en voiture serait long ; puisque tout le monde hormis Simon me faisait la tête.
Personne ne mérite mes putain de larmes. Personne à part mes parents.
C'étaient les seuls à qui je leur donnait le droit de me faire du mal. Les autres, ils n'avaient pas le droit. Triste ironie ? Car c'étaient les autres et pas mes parents qui me faisait le plus souffrir. C'est étrange, hein ? J'allais péter un cable, je me sentais tellement partir en couilles, mais tout avait changé depuis les vacances d'été. Je me maudissais d'avoir cru que j'étais enfin débarrassé de tous mes anciens démons. Une seule réalité existe : ils ne partent jamais. Mon père avait une fois de plus raison ; ils seront toujours là, autour de moi, ils feront toujours parti de moi. Mais c'était à moi de passer au dessus, c'était à moi d'apprendre à vivre avec mes démons qui peuplent mon univers. Je n'avais pas le choix, si je comptais vivre, c'était avec eux.

Je ne pouvais pas me débarrasser d'eux, et j'ai l'impression qu'on était vraiment pas beaucoup sur cette terre à en avoir. J'aurai tellement aimé être comme ma pote, Alisha ; fine, avec pleins de vrais potes, pleins de connaissances, populaire, appréciés autant par les garçons que par les filles, avec du style, qui sait tenir tête et qui possède une force mentale. Moi, j'étais tout l'inverse. Je n'avais pas de famille, et j'étais constamment, si ce n'est pour dire toujours, déçu par les gens. J'étais déjà brisée depuis mon enfance. Personne sur cette terre n'avait la capacité de me comprendre dans ma globalité.
Je voulais que les gens qui m'ont fait souffrir, subissent à leur tour toute la violence gratuite que j'ai enduré silencieusement.
Au fond, j'avais l'habitude d'être rejetée. Ce n'était pas la première ni la dernière fois.
De toute façon, je l'avais comprit très tôt que je ne pouvais et surtout ne devait compter uniquement que sur moi.

Cependant, j'étais peut-être la personne qui me décevait le plus, mais je savais que je n'avais pas le choix que de me rester fidèle. Et je savais aussi que, malgré tous mes démons, qui me pourrissaient la vie, je n'avais d'autres choix que de m'en sortir. Parce que sinon, je me laissais couler. Et je savais aussi, que personne ne viendrait me sauver ; pas même Alisha. Je le savais tout ça, j'en étais consciente. J'avais mal à la tête rien que d'y penser. Je n'avais personne à qui me confier et ça je crois bien que c'était le pire.
Parce que le souci, c'est que j'étais seule.
Moi je suis seule.
Je dois faire ma route seule.
Je n'ai personne sur qui compter.
Les gens que j'aime me fuit.
Mon plus grand rêve aurait été d'être une fille comme Alisha.
Pitoyable, voilà que je me cachais même pour pleurer ! Personne ne se rendait compte de ma souffrance ?

〉𝑭𝒆́𝒍𝒊𝒏𝒔 𝒑𝒐𝒖𝒓 𝒍'𝒂𝒖𝒕𝒓𝒆 [𝑻𝒆𝒓𝒎𝒊𝒏𝒆́]〈Où les histoires vivent. Découvrez maintenant