56- Un mauvais jour

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Est-ce que tu connais ce sentiment en te reveillant, d'être écœuré ? Tu pensais naïvement que tout allait changer durant tes quelques heures de sommeil. Mais en fait c'est tout l'inverse qui s'est produit durant ton absence. C'est pire. Tes sentiments sont décuplés, et tu ne contrôles plus rien. La rage. Juste ces deux mots. La rage te guide. Elle guide tes faits et gestes, et puis, dans ces moments là, t'en veux à la terre entière sans pouvoir mettre correctement un mot là dessus. Mais en fait, c'est parce que tu attendais beaucoup durant ton sommeil, et que tu t'es levé écœuré, en constatant que rien n'avait changé. Et que la douleur était encore très présente au fond de toi.
Et bien c'était mon sentiment en cette matinée pluvieuse. J'avais très mal dormi, la rancoeur et la haine créant ainsi un mélange de rage. Je n'avais envie de voir et de parler à personne. Mais c'est étrange, car c'est toujours quand tu es de cette mauvaise humeur, que la terre entière vient te parler, de te demander des conseils.

Lorsque mes pieds nues touchaient le carrelage je réprimais une grimace. La journée commençait mal. N'ayant déjà qu'une hâte : qu'elle se termine au plus vite.
Mais au fond de moi, j'avais bien conscience que mon vœu ne se réaliserait pas. J'empruntais alors le chemin qui menait jusqu'en bas. Je pouvais déjà entendre les voix joyeuses de tous mes amis.
Je prenais une grande inspiration, serrait la mâchoire avant de faire mon entrée maladroite dans la cuisine. J'attirais sans vraiment le vouloir, l'attention de toutes les personnes de la pièce. Sans les saluer ni même leur jeter le moindre regard, je me hâtais vers le frigo, m'emparant brusquement du lait ainsi que d'un bol situé dans le placard juste à côté. J'étais toujours dos à eux, tandis que je m'appropriais une petite cuillère en argent.

— Bien dormi ? Lança gentiment Théo.

— Assez, répondais-je brusquement.

Mais c'était malgré moi. N'étant vraiment pas d'humeur à interagir j'espère qu'il comprendrait que c'était pas contre lui. Mais non, les autres insistaient. Je sentais la rage montrer d'un cran en moi sans que je ne puisse l'expliquer.

— La pluie ne t'as pas trop dérangé ? Rajouta Ken.

Je lâchais un soupir, et je n'arrivais pas à savoir si les gars avaient capté ma présence dans leur chambre cette nuit. J'étais entrain de perdre mon énergie à essayer d'ouvrir une bouteille de lait. Après quelques secondes supplémentaires à me battre contre ce foutu système inventé par l'homme ; je poussais violemment la bouteille contre le mur avant de lâcher un soupir de rage. Puis, sous leurs regards étonnés, et très silencieux je quittais la pièce aussi maladroitement que mon entrée.

Tapant des pieds sur les marches, je les enjambaient deux à deux histoire de regagner le plus vite possible ma chambre. Je n'attendais pas avant de m'enfouir sous les couettes. Les larmes ne tardaient pas non plus à dévaler mes pommettes hautes.
Je serrais fort mon oreiller contre le creux de ma poitrine, je n'avais pas été gentille avec mes potes. Et je savais qu'ils se posaient toutes sortes de questions. La seule à connaître mes humeurs changeantes n'était autre que Alisha. Et j'espérais de tout coeur qu'elle leur expliquerait que j'étais lunatique, et que ce n'était pas vraiment pas contre eux que ma colère leur avait été adressée mais plutôt contre moi.
Mon regard s'orientait en direction de la fenêtre, tandis que j'observais les gouttes se heurter brusquement contre la vitre : provoquant un bruit rassurant. Je soupirais une énième fois. Cette journée allait être un enfer et je ne comptais pas redescendre pour me confronter aux remarques blessantes et aux regards d'incompréhensions de mes amis. De loin, je préférais rester enfermée dans cette chambre ; à regarder la pluie tomber toute la journée.
Pourtant, tel était mon souhait, la porte de ma chambre s'ouvrait lentement. C'était Alisha.

— Ça ne va pas ? Demanda-t-elle en refermant gentiment la porte.

Je secouais négativement la tête. Non, je n'allais pas bien.

〉𝑭𝒆́𝒍𝒊𝒏𝒔 𝒑𝒐𝒖𝒓 𝒍'𝒂𝒖𝒕𝒓𝒆 [𝑻𝒆𝒓𝒎𝒊𝒏𝒆́]〈Où les histoires vivent. Découvrez maintenant