Quelques minutes plus tard, des phares apportaient un éclairage supplémentaire dans notre ruelle. Je n'avais même pas besoin de tourner la tête, que Hakim - qui ne m'avait toujours pas lâché - prenait la parole :
— Il est là.
On s'empressait de s'engouffrer dans la voiture de Georges. Je passais à l'arrière, aux côtés de Hakim, Théo et Ken. Les seules personnes que je laissais le droit de m'approcher. Nous étions serrés mais aucun n'en faisait la remarque.
Je me sentais totalement vide. Je n'avais encore jamais éprouvée ce genre de sensation. Tout autour de moi, me paraissait être le néant. Je n'existais plus ; pourtant mon coeur battait toujours. Mon regard était morose.— Tout va s'arranger, souffla doucement Ken, plus pour se rassurer lui que pour me rassurer moi.
Je ne parlais pas. J'en avais pas besoin. Et puis, il n'y avait rien à ajouter. Mes pensées tournaient aussitôt autour de Idriss, et une nouvelle fois, je broyais du noir. J'en avais gros sur le coeur, et une boule se formait déjà au fond de mon estomac.
Quelques minutes défilaient, sans qu'aucun de nous ne prenne la parole. Mes oreilles bourdonnaient encore. Soudain, alors que je commençais tout juste à m'endormir, Mélanie prenait la parole, d'une voix tremblante et fatigante :— Franchement, j'ai cru que tu allais la tuer ! s'exclama-t-elle, l'air pétrifiée. Tu aurais pu être moins violente quand même Charlotte ! Ce n'est pas de sa faute pour Idriss, tu le sais ?
Aussitôt, je me crispais. Me réveillant entièrement ; mon sang ne faisait qu'un tour dans mon corps. Elle venait de réactiver ma colère et ma haine soudaine.
— Non, non, non et non ! S'exclama brusquement Hakim en me bloquant dans l'étreinte de ses bras. Reste calme.
— Mel' ferme-là ! Souffla Théo.
Il se passait brusquement les mains sur le visage avant de lâcher un long soupir, ajoutant :
— Y en a assez de tes remarques, d'accord ?
— On est tous crevés ici, enchérit Ken en se frottant l'œil droit, fou lui la paix.
— Arrêtez la voiture ! Déclara-t-elle rapidement. Je ne tiens pas à rester dans la même voiture que cette folle !
Georges arrêtait aussitôt la voiture sur le bas côté d'une route isolée, se retournant vers nous, les sourcils froncés. Il semblait anxieux quant à la réaction de Mélanie ; réaction, que je jugeais excessive.
À vrai dire, personne ne s'y attendait et encore moins venant de sa part.
Ce n'était donc pas une vraie amie.— Et ! Tu sais quoi ? Cette folle elle t'emmerde ! Hurlais-je alors, avant de sentir la main forte de Hakim se plaquer rapidement sur mes lèvres.
— Chut, souffla Hakim en secouant la tête. J'étouffais alors un cri de rage, pour lui montrer mon mécontentement. Laisse la parler !
Mélanie claquait violemment la porte, et Théo passait devant. J'étais outrée par son comportement enfantin. Georges redémarrait aussitôt ; toujours dans le silence. Cette soirée était interminable. Je n'en voyais plus le bout.
Quelques minutes plus tard, on se garait dans la rue de leur maison. Gentiment, Hakim me lâchait.— Je peux te faire confiance ? Interrogea-t-il, sans être méfiant. Tu ne fais pas de connerie ?
J'acquiesçais lentement.
Comment pouvait-il être aussi calme sachant que son frère venait de chuter de plusieurs mètres, et qu'il était, si ça se trouve, à cette heure précise, entrain de se faire opérer ?
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〉𝑭𝒆́𝒍𝒊𝒏𝒔 𝒑𝒐𝒖𝒓 𝒍'𝒂𝒖𝒕𝒓𝒆 [𝑻𝒆𝒓𝒎𝒊𝒏𝒆́]〈
General FictionElle était d'une douce nature, toujours prête à aider les autres. Rarement, il l'avait vu se concentrer uniquement sur elle-même ; mais c'est peut-être ce qui faisait son charme, après tout ? Ce qu'il aimait le plus chez cette créature presque irrée...