37- Des réfléxions basses

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Hakim lui expliquait ce que l'on venait de vivre ; on s'était tout de même absenté toute la nuit et Alisha ne semblait même pas avoir remarqué mon absence. Elle pensait sûrement que j'avais dormi chez eux ; mais elle aurait tout de même pu m'envoyer un message et prendre de mes nouvelles. Car, à cause de l'accident de Idriss, ces derniers temps on s'était pas mal rapprochées et elle avait été là à chaque fois que j'en avais eu besoin. Au fond de moi, j'étais blessée mais je le gardais pour moi. Elle revenait avec des verres d'eau et de l'aspirine, tous les garçons se jetèrent dessus sauf moi. Je les observais, légèrement en retrait. J'éprouvais le besoin de faire le point ; et Hakim n'en était qu'à la moitié du récit. Celui qui avait sans aucun doute le plus morflé n'était autre que le garçon dont j'étais amoureuse. Il avait dû mal à se plier pour prendre un cachet, Alisha l'aidait sans vraiment le regarder ; en effet, ses iris ne se détachaient pas de celles de Ken depuis qu'il était entré en sueur, dans notre appartement. Je me retenais de soupirer alors que Idriss se laissait tomber plus confortablement dans le canapé ; en fermant ses yeux. Il avait mal, et il ne cherchait pas à s'en cacher ; ses mains étaient légèrement posées sur ses côtes endoloris. Un coup d'œil de la part de Théo, m'apprenait qu'il avait lui aussi comprit.
Le regard perdu dans la contemplation du paysage, j'observais qu'il faisait jour ; nous étions déjà au petit matin. De temps en temps, Alisha faisait les gros yeux quand Hakim mimait les bagarres. Elle se retournait alors vers moi, tandis que je restais silencieuse ; attendant patiemment la conclusion des garçons.

— Et toi, Charlie, qu'est-ce qu'il t'es arrivé ? Demanda-t-elle d'une voix calme.

Je grimaçais en détournant aussitôt le regard. J'aurai préféré ne jamais avoir à en parler, étant donné qu'aucun des garçons ne savaient exactement ce qu'il m'était arrivé. Je déglutissais, prête à garder le silence alors que Idriss se redresser doucement - non sans grimacer.

— C'est vrai, on était séparé pendant une bonne partie de la nuit. Où tu étais ?

— Hm, commençais-je en me mordant la joue.

Tous les garçons avaient orienté leurs regards dans ma direction. Alisha ramenait ses bras sur sa poitrine en fronçant les sourcils. Ils s'attendaient tous à ce que je leur fournisse une réponse, mais si je devais le faire ce ne serait sûrement pas de cette manière. Et je ne voulais pas en parler, pas devant tout le monde ; même s'ils étaient mes amis. J'avais réellement souffert la nuit dernière ; je m'étais vu mourir dans une pièce, seule, coincée avec un horrible homme.

— Hm n'est pas une réponse valable Charlie, observa doucement Idriss en ramenant les mains sur ses côtes.

Je haussais alors les épaules.
Que dire de plus ? pensais-je.
Alisha se rapprocha de moi plus vite que je ne l'avais imaginé et alors qu'elle posait doucement sa main sur mon épaule, je me dégageais aussitôt de son emprise en faisait un léger mouvement de recul. Les larmes commençaient à me monter aux yeux et malheureusement, lorsque je les fermais pour m'empêcher d'être faible devant eux, je revoyais des images de cette nuit défiler à toute vitesse dans ma tête. La ceinture. Et l'homme.
J'étais soudainement prise de haut le cœur et sans leur laisser le temps de dire quoi que ce soit, je faisais volte-face et me précipitait dans ma chambre. Je ne me gênais pas pour faire claquer la porte ; leur faisant à tous comprendre que c'était inutile de venir me parler. Brusquement, je me jetais sur mon lit, m'emparant alors de mon oreiller avant d'y fourrer ma tête. Là, je lâchais un cri étouffé mais cela me faisait du bien. En fait, je me rendais compte que je n'avais pas encore lâché prise de ce qu'il m'était arrivé. Hier j'avais pleuré certes, mais c'était des larmes de peur, de tristesse et surtout de douleur. Mais à présent, je me rendais compte que j'avais faillit rester dans cette pièce délabrée ; toute seule. Personne ne m'aurait trouvé, personne ne m'aurait sauvé. Je m'en étais tiré toute seule et les garçons semblaient s'interroger sur ma prise d'otage. Car oui, nous avions tous été prit en otage la nuit dernière.
Et c'était profondément injuste, puisque nous passions une bonne soirée, un peu alcoolisé mais on en avait besoin pour tenter d'oublier les événements passé. Je soupirais afin de reprendre mon souffle et lorsque je me retournais, j'observais une silhouette noire se tenir dans l'encadrement de la porte. Je me retenais de hurler, reconnaissant aussitôt Idriss qui refermait délicatement la porte.
Il n'était pas censé être là.
Qu'est-ce qu'il fait ? pensais-je.
Je fronçais les sourcils puis je me redressais. Il se tenait légèrement replié en avant, et je secouais négativement la tête avant de me relever. Il aurait dû rester dans le salon avec ses potes plutôt que de venir me voir alors qu'il avait peine à marcher.

〉𝑭𝒆́𝒍𝒊𝒏𝒔 𝒑𝒐𝒖𝒓 𝒍'𝒂𝒖𝒕𝒓𝒆 [𝑻𝒆𝒓𝒎𝒊𝒏𝒆́]〈Où les histoires vivent. Découvrez maintenant