42- Les kilomètres

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Une heure. Cela faisait à présent une heure que Simon n'avait pas lâché une seule fois la pédale. On tournait dans les sombres ruelles de la capital, sans réellement savoir où cela nous mènerait.
Étant à l'arrière, entre Ken, Alisha sur ses genoux et Idriss, je m'enfonçais dans mon siège ; n'ayant aucune idée de ce qui nous arrivait. Le silence qui régnait devenait sacrément pesant. Et je comprenais au regard que me lançait ma pote, qu'elle aurait au moins aimé qu'il y ait la radio ; histoire de laisser un bruit de fond. Mais visiblement, aucun des gars n'avaient songé à l'allumer.
Je soupirais intérieurement. J'étais au milieu, ce n'était pas la meilleure place. Mon regard se portait sur la fenêtre du côté de Alisha ; préférant ignorer Idriss.
C'est avec admiration et une légère curiosité, que je voyais les façades des maisons défiler sous mes yeux. Aucune silhouette n'appartenait ses ruelles. Pas étonnant, elles étaient tellement sombres.

— Tu n'as vraiment aucune idée de où il à pu aller ? Interrogea Ken en lui jetant un léger coup d'œil.

Son petit frère haussait simplement les épaules, tandis que Simon ralentissait. A côté de moi, Alisha poussait un soupir. Elle commençait à se bouger alors qu'on roulait toujours. Fronçant les sourcils je détournais le regard vers elle, alors qu'elle ouvrait la portière.

— Alisha !!! M'exclamais-je rapidement, en manquant de peu de me mordre la langue. Arrête !

— Je veux faire pipi ! Grogna-t-elle sans me regarder.

Elle continuait de pousser la porte tandis que Idriss criait à Simon d'arrêter la voiture. Ken se détachait, prêt à sortir de la voiture afin de retenir ma pote.

— Je peux faire pipi maintenant ? Souffla-t-elle tandis que je faisais signe à Simon de rester ici.

Je jetais un coup d'œil aux garçons, puis Ken optait pour nous suivre. On s'infiltrait dans un espace de bar, avec seulement quelques personnes à l'intérieur.
À peine entré, je sentais déjà quelques regards fixés sur nous, je baissais les yeux. Il y avait une drôle d'ambiance dans cette pièce ; pire que celle dans la voiture. C'est pour dire !
Ken s'excusait auprès du barman, en lui demandant le plus gentiment et poliment possible, où se situait les toilettes. Le monsieur âgé indiquait une porte où était écrit en lettre rouges : toilettes.

— Charmant, murmura-t-il tandis qu'on empruntait le chemin.

J'acquiesçais en jetant un regard en arrière. Je le regrettais aussitôt ; observant avec dégoût, quelques regards malsains me reluquer. Ken semblait l'avoir comprit, car, délicatement il me faisait passer devant lui. Plantant doucement sa main au milieu de mon dos. Je ne savais pas quoi lui dire pour le remercier, alors je me forçais de ne pas me dégager de son emprise purement amicale.

— Je fais ça pour te sauver la vie, chuchota-t-il en se penchant légèrement en avant.

J'optais pour lui faire un léger signe de la tête, ainsi il comprenait que je le remerciais. Dès que ma pote poussait la porte, il retirait aussitôt sa main. Je pouvais enfin respirer. Je détestais que l'on me touche depuis l'événement et il l'avait bien comprit.
Alisha se précipitait dans un toilette, un parmi les trois qui était proposé.

— Je reviens, sourit-elle.

Elle était encore saoule.
Je soupirais tandis que Ken s'adossait au miroir. Les minutes défilaient et je commençais à trouver le temps long, du moins, jusqu'à ce que l'unique garçon de la pièce ne reprenne la parole :

— Bon, Alisha qu'est-ce que tu fous ?

Cette dernière ouvrait doucement la porte, le sourire jusqu'aux oreilles. Je roulais des yeux avant de la voir s'avancer chancelante vers nous. Mon coeur se serrait. Elle peinait à aligner un pied devant l'autre.

〉𝑭𝒆́𝒍𝒊𝒏𝒔 𝒑𝒐𝒖𝒓 𝒍'𝒂𝒖𝒕𝒓𝒆 [𝑻𝒆𝒓𝒎𝒊𝒏𝒆́]〈Où les histoires vivent. Découvrez maintenant