35- Quelque chose ne tourne pas rond

718 35 8
                                    

Je restais bouche bée face à ce tableau misérable qui s'offrait à moi. Je ne pensais pas que les garçons se trouvaient eux aussi ici. Et je pensais encore moins, qu'ils seraient dans cet état là.
Mes yeux pivotaient en direction de Idriss, et je laissais péniblement tomber ma main dans le vide. Je reculais délicatement, afin de prendre appuie contre le mur. J'avais mal, une grimace dominait les traits crispés de mon visage. Mon ventre se contorsionnait sous l'effet de la faim. Et autant vous dire, qu'il n'y avait pas plus désagréable douleur que le sentiment de famine venant s'abattre contre mes côtés endoloris.
Le regard inquiet et scrutateur de Idriss ne m'avait pas quitté. Le silence était pesant, pourtant aucun de nous ne daignait à prendre la parole. On avait tous beaucoup trop mal pour établir une discussion qui soit un peu cohérente. Je l'observais uniquement se rapprocher de moi, avant de s'attarder sur mon t-shirt déchirée.
Je n'y pensais même plus !
En temps normal, j'aurais eu honte que les garçons, y comprit lui, puisse avoir accès à une partie de mon corps. Mais je crois bien, qu'en cet instant, ils n'en prêtaient guère intention.
Pourtant, un geste de la part du garçon posé à côté de moi, m'indiquait tout l'inverse. En effet, alors que j'étais figée sur place, je le distinguais, entrain de retirer avec beaucoup de douleur, son t-shirt noir.
Il poussait un gémissement de douleur, avant de me le tendre gentiment. Je restais muette de terreur et complètement abasourdie.
Son torse, pensais-je, oh mon dieu.
Subitement, mes mains se plaquaient sur mon visage. Et je me rendais aussitôt compte de l'égoïsme dans lequel je ne faisais que vivre. Finalement, je n'avais pas été la seule à vivre un enfer. Les garçons aussi ! Et les blessures qui prônaient le torse de Idriss ne pouvaient que le confirmer.

— Tiens, souffla-t-il en me donnant son t-shirt, visiblement mal à l'aise que je le regarde.

Je m'emparais lentement de son cadeau. Mes yeux ne pouvaient pas se détacher de son torse. Je posais gentiment son t-shirt à côté de moi, avant de me pencher en avant ; ne pouvant pas retenir une grimace.
Je sentais les regards des trois autres garçons dans la pièce, peser sur nous deux. Ça m'agaçait légèrement, mais Idriss et moi, nous étions leur unique distraction. Et je me surprenais alors à prendre leur défense, si j'avais été à leur place, j'aurais fait la même.
Peut-être qu'ils parvenaient même à oublier qu'ils souffraient ?
Délicatement, je posais le bout de mes doigts glacées sur le torse du garçon que j'aimais bien. Il retenait à son tour une grimace, qui n'avait échappé à personne.
J'observais alors plusieurs coupures, situé juste au dessous de ses côtes. Il ne saignait pas beaucoup, le sang avait séché, mais aussi parce que les coupures n'étaient pas profondes.
Je le sentais souffler, il était neveux. Son regard ne me quittait pas. Tandis que je relevais timidement les yeux dans sa direction.

— Ça va, affirma-t-il en se forçant d'acquiescer.

Mon dieu. Et il pensait que je le prenais au sérieux quand il disait ça ?
Il mentait, évidemment. Aucun de nous dans cette pièce n'étaient dupe. Je secouais doucement la tête.

— Ça été le p-plus c-courageux d'ent-tres nous, bégaya Théo en posant ses mains sur son nez brisé, comme si cela pouvait assouvir la douleur.

Je prenais ce qu'il venait de dire en compte, sans en saisir le sens complet. Idriss détournait rapidement le regard.
Je ne connaissais pas cette facette de lui, et je devais l'avouer, il m'impressionnait beaucoup. Il était fort, malgré le fait qu'il était actuellement entrain d'hurler de douleur à l'intérieur de lui, je le voyais, dû à sa mâchoire contractée. Mais je le trouvais très fort mentalement.

— Dès qu'il t'as entendu hurler, annonça Hakim, d'une voix rauque, il s'est précipité vers la porte qu'il a réussit à briser à mains nues.

À briser ? pensais-je. Carrément !
Je n'imaginais pas qu'il avait autant de force que ça. Et apparement lui non plus !

— Mais les pourritures l'attendaient derrière, indiqua son frère, d'un ton lasse et en se massant doucement l'arcade. Ils s'en sont prit à lui avec des cis...

〉𝑭𝒆́𝒍𝒊𝒏𝒔 𝒑𝒐𝒖𝒓 𝒍'𝒂𝒖𝒕𝒓𝒆 [𝑻𝒆𝒓𝒎𝒊𝒏𝒆́]〈Où les histoires vivent. Découvrez maintenant