31- Seule sur un nuage noir

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Je me sentais complètement débile. Théo remarquait aussitôt mon changement d'humeur. Et brusquement, je me redressais.

— Qu'est-ce qu'il y a ? Demanda-t-il en se redressant à son tour. J'ai dis quelque chose qu'il ne fallait pas ?

— Non au contrairement, souriais-je en rangeant ma chaise, c'est juste moi, je n'avais pas prit conscience de certaines choses avant. Je, bégayais-je alors, je dois y aller !

— Hein ? Questionna-t-il d'un air penaud, en se passant la main dans les cheveux. Où ça ?

— À l'hôpital !

— Pas question que tu t'y rendes toute seule ! Je viens avec toi !

Il rangeait aussitôt le lait dans le frigo, avant de se tourner vers moi. Je l'arrêtait rapidement dans ses gestes, lui faisant remarquer qu'il était torse-nu. Il me remerciait aussitôt, regagnant sa chambre avant de s'habiller. Il descendait quelques minutes plus tard.

Une vingtaine de minutes plus tard après avoir prévenu Hakim et Ken, nous étions arrêté à un feu rouge. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, le silence n'était absolument pas pesant entre nous. La tête collée contre la vitre, je sentais les vibrations du moteur envelopper mon corps entier. Doucement, mes doigts se posèrent alors sur la vitre, envahie de buée, à cause de nos respirations saccadés.
Théo semblait être aussi effrayé que moi. Je commençais à dessiner des formes, qui ne possédaient pas de nom. J'ignorais ce que je faisais. Mes pensées étaient uniquement centrée vers une seule et unique personne.

— On y est presque, observa-t-il en mettant le clignotant à droite.

Heureusement pour nous, il n'y avait pas foule à cinq heures écart du matin sur les routes. J'acquiesçais en silence, avant de décoller ma tête de la vitre. Nous étions déjà garés.
En faisant une entrée plutôt fracassante, Théo interpelait une infirmière à l'accueil, lui demandant le plus gentiment possible des renseignement à propos de son pote. Cette infirmière lui indiquait très calmement qu'il était actuellement en salle d'opération ; mais qu'on serait avertit dès qu'il en serait sortit. Théo lui avait bien mentionné le fait que nous étions ses amis les plus proches.
Mon coeur ratait quelques battements et elle nous indiquait gentiment la salle d'attente.
Attendre.
C'était bien la chose que je haïssais le plus au monde ; attendre.
Je m'asseyais à côté de mon ami, qui s'emparait de ma main, faisant une pression.

— Je suis là Charlie, murmura-t-il. Tu peux craquer.

Il n'avait aucunement besoin de me le dire une seconde fois, les larmes dévalaient rapidement mes joues. Je commençais à pleurer, et meme à crier.
Je criais toute la rage que j'avais en moi. Mais pas uniquement ; je criais aussi l'amour que je portais au blessé.
Pourquoi avait-il fallut qu'il est un accident pour que je me rende compte d'à quel point je tiens à lui ? pensais-je.
Cela me mettait tellement hors de moi. Les minutes passaient et je ne me sentais toujours pas mieux. Le temps semblait jouer avec mes nerfs, il me narguait en se mettant sur pause. J'étais presque certaine qu'il me faisait payer tout ce que je m'étais catégoriquement refusé de m'avouer. Comme mes sentiments par exemple.

Une heure et demie plus tard, alors que j'avais calé ma tête sur l'épaule de Théo qui commençait tout juste à ronfler, une personne faisait irruption dans la pièce. Il était là. Devant moi. Le sourire aux lèvres. Je commençais à me lever, prise d'un soudain sentiment de joie. Il était vivant ! Il se tenait devant moi !
Je me hâtais vers lui, le sourire aux lèvres, prête à m'accaparer de ses jolies lèvres, lèvres que je convoitais depuis plusieurs semaines déjà.
Plus je me rapprochais de lui et plus je voyais son sourire de faner. Et, alors que ma peau entrait en contact avec la sienne, du sang couvrait ma peau pâle. J'écarquillais les yeux en poussant un juron, avant de la retirer brusquement. Idriss baissait à son tour la tête vers sa poitrine. Il saignait. Il saignait en masse ; se vidant littéralement de son sang. Et ce devant moi.
Prise d'un affolement qui me pétrifiait sur place, je me retrouvais dans l'incapacité totale de faire le moindre mouvement ; et je restais sans voix. Ses iris entraient en contact avec les miennes.

〉𝑭𝒆́𝒍𝒊𝒏𝒔 𝒑𝒐𝒖𝒓 𝒍'𝒂𝒖𝒕𝒓𝒆 [𝑻𝒆𝒓𝒎𝒊𝒏𝒆́]〈Où les histoires vivent. Découvrez maintenant