J'allais dans la cuisine, histoire de me servir un verre d'eau ; retirant par la même occasion la serviette sur mon crâne. Mes cheveux étaient encore mouillé, mais ils ne mettraient plus très longtemps à sécher.— Je vais rentrer chez moi, mes potes m'attende, annonça Georges en me rejoignant. Tiens, je te laisse mon numéro.
Il me tendait un morceau de papier jaune, que je m'empressais de saisir. Je le remerciais d'un vaste sourire tandis qu'il ouvrait déjà la porte.
Avant qu'il s'en aille, je me précipitais dans ses bras. J'avais besoin de le sentir une dernière fois contre moi. J'étais heureuse de le sentir refermer ses bras autour de ma taille.— Merci pour tout, soufflais-je dans sa nuque.
En guise de réponse, il se contentait de resserrer son étreinte autour de moi. Puis sans rien ajouter d'autre qu'un sourire, il refermait la porte.
J'entrais son numéro dans mes contacts, le sourire aux lèvres.Je regagnais mon salon, allumant la télé. À travers la fenêtre, j'observais le soleil descendre dans le ciel. Nous avions passé plus de trois heures à papoter de mon humiliation, que j'avais finalement décidée d'oublier.
Mais ce n'était pas évident. Surtout, quand, étant d'une nature pessimiste, je ne pouvais pas voir ne serait-ce qu'un bon côté des choses dans cette triste affaire. J'allais donc pour la seconde fois dans la cuisine, afin de me servir un bol de céréales remplit de lait. L'un de mes repas préféré lorsque je suis six pieds sous terre.
Je regagnais le salon où je m'asseyais confortablement, prenant ma couette.
Il n'était que vingt heures, Alisha rentrerait pas avant vingt deux heures ; le temps allait vraiment être long.Je changeais plusieurs fois de chaînes, dégustant mon repas silencieusement. Mes cheveux avaient pratiquement séché, faisant quelques anglaises au bout de mes mèches blondes.
Alors que j'optais enfin pour la chaîne des clips, la sonnerie de la porte retentissait.
Je ne bougeais pas.
C'était sûrement Alisha. Et en temps normal, mademoiselle était censé avoir ses clés sur elle.
Pourtant, je ne parvenais pas à me souvenir de si elle les avaient prises ou non.
La sonnerie retentissait pour la seconde fois. Ce qui avait le don de m'agacer. Elle faisait exprès de me mettre hors de moi ou bien ? À quoi elle jouait ?Une troisième fois elle résonnait, et cette fois elle eut raison de moi. Je me hâtais vers la porte en râlant. Je l'ouvrais brusquement.
— Alisha je te préviens que si...
Je m'arrêtais aussitôt dans mes faits et gestes.
— Salut.
Il était là. Devant moi. Tout seul.
— Euh salut, soufflais-je, surprise de le voir ici, à cette heure-ci.
— Je te dérange ? Interrogea Idriss.
Je secouais négativement la tête, le laissant gentiment entrer dans mon appartement.
— Qu'est-ce que tu veux ? Demandais-je en refermant la porte, dos à lui.
— Hum, je venais m'assurer que tu allais bien, expliqua-t-il. Je ne me souviens pas de t'avoir vu hier.
Aïe aïe aïe.
Mon coeur ratait quelques battements, et je me décidais enfin de me retourner ; prenant sur moi pour lui faire face.— C'est marrant pourtant, car moi je t'ai vu, lançais-je en appuyant lourdement sur les quatre derniers mots.
Je l'observait faire une drôle de tête. Il passait rapidement sa main dans sa nuque, se la frottant gentiment. Geste qu'il faisait lorsqu'il était gêné.
— Écoute, je sais que tu m'as surprise hier avec cette fille, soupira-t-il sans pour autant bouger. Je t'ai vu, et je sais que tu m'as aussi vu, mais je ne pensais pas être aussi lâche que ça ! Quand j'ai vu Théodore te saluer hier, je n'ai pas pu m'empêcher de t'ignorer. J'ai alors repensé à la première soirée où on s'est vraiment rencontré et au fait que tu l'aimais bien... je pensais passer la soirée avec toi mais ma jalousie m'a...
— Attends, tu te moques de moi là ? Le coupais-je en plissant les yeux. Il faisait alors une petite moue. Serais-tu entrain de me prendre pour une conne ?
— Absolument pas !
- Tu mens ! Rétorquais-je en reculant.
— Pourquoi je le ferai ?
— Tu es entrain de me cacher le fait que tu es en couple putain !!! Alors qu'on se connaît depuis deux mois et tu ne me l'as jamais dit ! Pourquoi ?
Il ne répondait pas. Visiblement, il ne s'attendait pas à ce que je sois aussi énervée. Il écarquillait les yeux mais je ne lui laissais pas le temps de s'exprimer.
— Pourquoi ? Répétais-je, exténuée par la tournure que prenait notre discussion. Parce que tu me considères depuis le début comme une pote, et que moi, de mon côté, je suis bien trop naïve pour penser que tu t'intéresses réellement à une fille comme moi ! À une fille maladroite, qui est rongée par des démons qu'elle n'arrive pas à affronter toute seule !
— Tu penses vraiment tout ce que tu dis ? Questionna-t-il en s'avançant à grandes enjambées vers moi.
— Totalement.
— Tu te trompes, souffla-t-il, en plaquant ses deux mains sur la porte, de chaque côté de mon visage.
Je sentais dès lors son souffle se mêler au mien. Une drôle de sensation naissait au fond de ma poitrine.
— La vérité, c'est ce que je suis tombé petit à petit sous ton charme, au fur et à mesure que l'on apprenait à se connaître. La vérité c'est que je n'aurais jamais assez les couilles de t'avouer tout ce que tu représentes pour moi. La vérité c'est ce que dès que je suis en ta présence, je me sens différent. J'ai moi-même l'impression d'être un étranger. Je ne me reconnais plus. Je ne sais plus comment agir, ni même comment entretenir une discussion avec toi, qui n'aurait pas à t'ennuyer. Tu veux savoir la vérité ? Pourquoi j'agis ainsi vis à vis de toi ? C'est que tu m'intimides. Toi et ton caractère m'intimide. De toute ma vie, je n'ai encore jamais eu à faire à une femme comme toi, pourtant si sauvage. Oui, parce qu'il faut se l'avouer, tu l'es. Tu es sauvage, Charlie. Mais c'est ce qui fait aussi ton charme. C'est ce qui m'a fait tomber fou de toi. Tu es parfois tellement sauvage, que je ne sais pas comment je peux faire pour t'approcher. Alors je te regarde de loin. Mais ça ne me suffit pas. J'en veux plus.
Il marquait une légère pause, sans pour autant rompre notre contact visuel.
— Ce que je veux moi, c'est te prendre dans mes bras quand l'envie m'en prend, c'est de pouvoir t'embrasser quand je veux, c'est d'avoir des discussions passionnantes avec toi, à n'importe quel moment de la journée. C'est de pouvoir te rassurer même quand tu ne croiras plus en la vie ! Car oui, tu me laisses peu entrevoir de ta personnalité, mais sache que j'adorerais apprendre à te connaître sur le bout de mes dix doigts. Tu me rends fou, Charlie. Et ce qui m'effraie, c'est ce que je n'ai encore jamais ressenti ça envers une personne. Alors, s'il te plait, je te demande de ne pas te braquer. Tu es une fille tellement sauvage, qu'un seul fait, geste, ou une seule parole de travers peut t'éloigner de moi pour toujours. Et te perdre, serait la pire des choses qu'il pourrait m'arriver dans ce vaste monde. Tu comprends ça ?
Mon dieu.
Mon coeur ne battait pratiquement plus.
Comment avais-je pu être aussi aveugle et pessimiste quant à notre relation ?
J'écarquillais les yeux, surprise d'entendre tous ses mots sortant de ses jolies lèvres. Il me connaissait plus que je ne le pensais.
Les minutes passaient et le silence prenait une place considérable dans ce petit appartement du onzième arrondissement de Paris.— Je t'en prie, Charlie, dis quelque chose.
Mais je n'en étais pas capable. Cela était beaucoup trop pour moi.
Il avait raison, j'étais sauvage. Malgré moi.
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〉𝑭𝒆́𝒍𝒊𝒏𝒔 𝒑𝒐𝒖𝒓 𝒍'𝒂𝒖𝒕𝒓𝒆 [𝑻𝒆𝒓𝒎𝒊𝒏𝒆́]〈
General FictionElle était d'une douce nature, toujours prête à aider les autres. Rarement, il l'avait vu se concentrer uniquement sur elle-même ; mais c'est peut-être ce qui faisait son charme, après tout ? Ce qu'il aimait le plus chez cette créature presque irrée...