20- La souffrance

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En cette matinée, il faisait extrêmement bon pour un mois d'octobre. Il n'était que dix heures et demi, j'espérais de tout coeur qu'il soit chez lui. Cela faisait une semaine entière que l'on ne s'était pas revu. Après une vingtaine de minutes de marche, j'arrivais enfin à son domicile, où il partageait une maison en colocation avec sa bande de potes.
J'inspirais avant de toquer plusieurs fois de rapides coups secs. J'aurais peut-être dû préparer un discours, car je n'avais encore aucune idée de ce que j'allais lui dire : pourtant, dans mon esprit tout me paraissait très clair. J'avais tellement peur de gaffer. La porte ne tardait pas à s'ouvrir, sur une silhouette que je ne connaissais que trop bien ; c'était Georges.
Je faisais les gros yeux.
Qu'est-ce qu'il fait ici ?
Je me rappelais aussitôt qu'il connaissait lui aussi les garçons.

— Charlie ? Souriait-il en faisant claquer ses joues contre les miennes. Tout roule comme sur des roulettes ?

— Est-ce que je peux voir Idriss ? Demandais-je précipitamment en ignorant ses questions.

Je l'observait jeter un rapide coup d'œil derrière lui. Je craignais qu'il ne réponde pas, puis un instant après, la silhouette que j'étais venue chercher fit son apparition. Seulement, ce que je voyais ne me plaisait pas. Son regard avait changé, on aurait dit qu'il souffrait. Ses yeux brillaient, et j'étais presque certaine qu'il avait pleuré dans la soirée. En plus de ça, ils étaient gonflés.

Néanmoins il me laissait entrer. Je le remerciais d'un rapide sourire, avant d'observer toute sa bande de potes assit dans le salon. Pendant un instant, toutes ces paires de yeux me scrutaient ; puis ils détournaient leurs regards lorsqu'un certain Idriss se plantait à côté de moi.

— Qu'est-ce qui t'amènes ici ? Souffla-t-il d'un ton lasse, sans cacher le fait qu'il n'était pas ravie de me revoir.

Je me mettais aussitôt à sa place. Je n'osais même pas imaginer la souffrance qu'il était entrain d'éprouver en ce moment même. Même si je souffrais beaucoup de mon côté. Mais c'était à mon tour de briser la glace cette fois, et de lui faire part de mes sentiments. Chose que je n'avais encore jamais réussit à faire.
Puis à présent, je n'avais plus rien à perdre, puisque je l'avais perdu lui. Mais j'avais plutôt tout à gagner.

— Je dois te dire quelque chose d'important, annonçais-je d'une voix parfaitement neutre. Je ne le quittais pas du regard. En premier lieu, j'aimerai te faire part que...

— Que je te manque, tu plaisantes ?

Je faisais les gros yeux.
C'est quoi son problème ??? pensais-je. Je suis entrain de faire un effort pour m'expliquer avec lui, et il me coupe dans ma lancée ? Surtout que ce n'est pas ce que je comptais lui dire !

— Euh, bafouillais-je en fixant ses potes, parmi eux, je reconnaissais Théo, Ken, Georges et son frère, Hakim. 

Je me sentais tellement déroutée que je n'étais plus certaine de vouloir poursuivre cette conversation avec lui.

— Je... hum... venait te dire que... enfin, je...

— Qu'est-ce qui se passe ? Demanda-t-il en plissant les yeux.

Je savais qu'il me sentait mal à l'aise mais apparement il n'en tenait absolument pas compte. Il avait décidé de m'humilier jusqu'au bout.

— Si c'est pour aligner seulement trois mots que tu venais ici, tu peux déjà faire demi-tour !

Il marquait alors une pause, avant de prononcer ses mots glaçants.

〉𝑭𝒆́𝒍𝒊𝒏𝒔 𝒑𝒐𝒖𝒓 𝒍'𝒂𝒖𝒕𝒓𝒆 [𝑻𝒆𝒓𝒎𝒊𝒏𝒆́]〈Où les histoires vivent. Découvrez maintenant