55- L'orage

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Cette deuxième nuit, alors que je tentais de fermer les yeux, un bruit sourd provenant des cieux résonnait ; se répercutant de manière assez brutale dans l'obscurité. Je me retenais de faire un bond, morte d'inquiétude et n'aimant pas ça : je réalisais soudainement que c'était un violent coup de tonnerre.
Tentant de penser à autre chose, je me tournais, afin de me trouver allongée sur le ventre. Un deuxième coup de tonnerre retentissait, et mon corps se mettait à trembler, tandis que l'angoisse ne faisait que croître.
Instinctivement, et comme pour me protéger, je rabattais la couette au niveau de ma nuque. Il faisait vraiment très chaud dans notre chambre. Et c'était un réel supplice que j'étais entrain de m'affliger là. Je transpirais. Cependant, je retenais mon souffle lorsque le tonnerre résonnait pour la troisième fois. J'étais paniquée.
Cette fois-ci, il fut suivit d'un éclair foudroyant ; qui, pendant l'espace de quelques secondes, éclairait entièrement la pièce. C'est alors avec horreur, que j'observais le lit défait de Alisha. Elle n'y était plus. Mon corps se raidissait sous l'affolement. J'avais le souffle coupé. Soudainement, prise d'une angoisse incontrôlable, je me levais violemment, arrachant les couettes ; et saisissant mon portable. Puis je prenais les jambes à mon cou, frissonnante, en direction du couloir, tout en éclairant le chemin devant moi à l'aide de mon cellulaire. Je ne tardais pas à tomber là où je voulais. Une porte en bois s'offrait à moi. Sans réfléchir, je pénétrais aussitôt dans la pièce, dans laquelle je me sentais instantanément en sécurité. Muette de terreur, je refermais le plus doucement possible la porte tout en orientant le portable de façon à gagner le lit sans réveiller les autres. Un grognement s'échappait de la gorge du garçon tandis que je me glissais déjà sous les couettes d'un lit étroit ; trempée de sueur.
Mais d'où me provenait cette phobie ? pensais-je.
Je n'en avais aucune idée. Je ne me souvenais pas d'avoir vécu un traumatisme ayant été plus jeune, mais comme je n'avais quasiment pas de souvenir de ma jeunesse, je me permettais d'en avoir le doute.

Petit à petit, je le sentais bouger. Je venais de le réveiller, malgré le fait que j'avais fait tout mon possible pour ne pas le déranger, et pour passer le plus inaperçu possible. C'était chose manqué. Et honnêtement, je ne pense pas que mon corps tremblant et ma respiration saccadée entraient dans le dictionnaire de la discrétion.

— Qui est-ce ? Demanda-t-il d'une voix pâteuse.

Mon corps s'immobilisait, et mon coeur se serrait, constatant que je venais de le réveiller.
Mais, étonnement, je me retrouvais dans l'incapacité totale de prononcer n'importe quel mot. Mes lèvres s'entrouvraient, cependant aucun son n'en sortait. En effet, j'avais le souffle coupé et la mâchoire contractée.
Et comme j'avais encore ma lampe de torche en option sur mon portable, je m'éclairais doucement le visage avant de me tourner dans sa direction. Évidement, je ne le voyais pas, puisque l'éclairage m'aveuglait. Je détournais brusquement mon cellulaire.

— Cha-Charlie ? Mais qu'est-ce que tu fous ici ?

— J'ai peur de l'orage, soufflais-je d'une voix précipité en clignant plusieurs fois des yeux, suite à la lumière qui m'avait aveuglé.

Délicatement, il s'emparait de mon portable qu'il éteignait avant de le reposer sur sa table de nuit. J'étais dans le noir, et complètement affolée. Ma gorge était sèche, j'avais cruellement soif, et ma respiration était saccadée. Sans rien dire, je sentais le corps de Idriss se rapprocher du mien. Je gardais le silence, tandis que je me forçais de ne pas bouger. Je trouvais le temps long. Du moins, jusqu'à ce qu'il y ait un nouveau coup de tonnerre, suivit d'un violent éclair. Aussitôt, je me blottissais contre le corps chaud de Idriss. Lorsque je me forçais à fermer les yeux, je sentais un bras s'enrouler autour de mes épaules, et sa tête venait se caler contre la mienne. J'avais la chair de poule. Mais je ne pense pas que ces derniers étaient directement liés à ma phobie de l'orage ; plutôt au contact de ma peau avec la sienne.

〉𝑭𝒆́𝒍𝒊𝒏𝒔 𝒑𝒐𝒖𝒓 𝒍'𝒂𝒖𝒕𝒓𝒆 [𝑻𝒆𝒓𝒎𝒊𝒏𝒆́]〈Où les histoires vivent. Découvrez maintenant