39- Le fast-food

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J'entrais dans le McDo situé à côté de chez moi, les larmes aux yeux. Mon corps tremblait, je ne cessais de me répéter les mots blessants de Georges envers moi. Je me haïssais ! Je me haïssais encore plus d'avoir été aussi naïve !
Je m'approchais maladroitement d'une table, les jambes flagellantes. Je ne tiendrais plus très longtemps debout. Alors que je me sentais glisser, une pression se faisait sur mon bras, et je tournais rapidement la tête vers cette main étrangère.
Pâle.
Très pâle.
Extrêmement pâle.
Doucement, je relevais la tête vers une nouvelle personne que je ne connaissais pas.
Un grand blond platine se tenait juste devant moi.
Il me regardait de ses yeux bleus éteints. Je ne sais pas comment, mais je sentais mes joues inondées. Il ne bougeait pas, il se contentait de me regarder, ses sourcils noirs épais en contraste totale avec sa couleur de cheveux, étaient froncés. J'avais comme la désagréable sensation qu'il lisait dans mes pensées. J'essayais de dire quelque chose, mais l'unique son qui s'échappait de mes lèvres n'étaient autre que de vulgaires sanglots.

Sans rien dire, le garçon passait sa main dans ses cheveux et, silencieusement, il m'entraînait à sa suite. On se posait sur une table pour deux personnes. Il prenait place en face de moi, il ne parlait pas. Il se contentait juste de me regarder, de ses yeux bleus perçants en forme d'amande. Son regard observateur me mettait mal à l'aise. Je frissonnais. Je me sentais pitoyable et j'aurais tant aimé lui dire de regarder ailleurs si j'y étais, mais je n'en avais pas la force ni l'envie.
Il n'avait pas besoin de parler, j'étais déjà entrain de me calmer. Il me tendait gentiment des mouchoirs, je le remerciais d'un faux sourire. Il détournait enfin le regard. Je ne le connaissais pas et, pourtant un détail m'indiquait que je l'avais déjà vu quelque part. En effet, en cherchant dans mes souvenirs lointains je me souvenais de l'avoir déjà croisé à une soirée. Mais laquelle ? J'en avais tellement fait que je ne saurais le dire.

— C'est toujours les mêmes qui souffrent de toute façon, lança-t-il en fixant la fenêtre, avec son joli petit accent très anglais.

Surprise par ses dires, je suivais son regard. Dehors, sur le trottoir juste en face, je pouvais observer une femme avec une poussette. Elle téléphonait, le sourire aux lèvres, dans sa jolie robe rouge. J'aurais tant aimé savoir d'où lui venait ce précieux sourire. Et goûter de nouveau au bonheur.

— On ne sait jamais vraiment ce que vivent les gens, poursuivit-il, toujours entrain de contempler cet agréable tableau qui s'offrait à nous. Pourtant on sait reconnaître ceux qui souffrent réellement de ceux qui ne souffrent pas.

Là, il posait son regard bleuté dans mes iris. Je me passais rapidement les mains sur le visage pour tenter de ressembler à quelque chose.
J'étais quand même consciente qu'il n'en avait rien à foutre. Ce n'est pas le même genre de garçons que Idriss, étonnement.

— Je ne te connais pas réellement, et je crois que c'est impossible de vraiment te connaître, mais je suis persuadé que tu as souffert dans le passé.

Il marquait une pause sans bouger. Il clignait simplement des yeux, en gardant cet air mystérieux affiché sur le visage.

— Je ne dis pas ça parce que tu es en larmes.

Je me forçais un faible sourire avant de baisser les yeux vers la table. Je ne savais pas quoi lui répondre.
Mais c'est peut être ça le problème après tout, peut-être n'ai-je rien à dire simplement ? pensais-je.
En face de moi, le garçon se redressait lentement. Je remarquais que contrairement aux autres mecs de notre âge, lui n'avait pas encore la barbe. C'est peut être ce qui lui donnait encore autant cet air enfantin.

— J'ai dû mal à me livrer aux autres, avoua-t-il en baladant son regard un peu partout dans la salle. Je n'aime pas ça. En fait, je ne sais pas comment on fait, c'est idiot.

〉𝑭𝒆́𝒍𝒊𝒏𝒔 𝒑𝒐𝒖𝒓 𝒍'𝒂𝒖𝒕𝒓𝒆 [𝑻𝒆𝒓𝒎𝒊𝒏𝒆́]〈Où les histoires vivent. Découvrez maintenant