58- Le lac

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— Bon je te laisse broyer du noir alors.

— Je te remercie, soufflais-je.

Il passait derrière moi, pressent gentiment ma main dans la sienne avant de tenter d'établir un contact visuel avec moi. Je refusais. Je le laissais plaisanter avec Ken, tandis que ma pote et Théo marchaient côte à côte.
Comme Hakim marchait tout seul devant moi, je me précipitais vers lui en courant. J'éprouvais le grand besoin de discuter avec lui, il était toujours là pour m'écouter, me donner des conseils et m'apprendre des tas de choses que j'ignorais.

— Comment te sens tu aujourd'hui, Charlie ? Demanda-t-il, sans même être étonné de ma présence.

J'essayais de reprendre mon souffle comme je le pouvais.

— Gris, entre le noir et le blanc. Ça pourrait aller mieux, avouais-je en me grattant le sourcil.

— Qu'est-ce qui ne va pas ?

— Tu sais, on en avait déjà parlé, suite à l'accident de Idriss ? Et bien, je crois que je suis définitivement morte de l'intérieur en fait.

Pourquoi est-ce qu'il ne semblait absolument pas surprit par ce que je viens de lui admettre ? pensais-je.
C'était quand même assez gros, et vraiment très négatif. J'observais ses lèvres s'étirer, afin de laisser place à un faible sourire. Déjà qu'il ne souriait pas toujours, mais dans ces occasions de déprime, cela me faisait très drôle.

— On dirait moi. Tu es mon miroir, Charlotte.

Je ne comprenais toujours pas pourquoi il s'évertuait de m'appeler par mon prénom, alors qu'il pouvait employer mon surnom. Et d'ailleurs je préférais de loin qu'on m'appelle Charlie, que Charlotte, surtout lorsque c'est une personne que j'appréciais énormément.

— Ah, soufflais-je en grimaçant.

Je fixais le sol.

— Et c'est bien ?

— Ça dépend, regarde où j'en suis aujourd'hui. Tu trouves ça bien ?

Son regard était fixé sur moi, et pourtant, j'étais incapable de l'affronter.

— Sincèrement, oui, avouais-je, même si tu es quelques fois absent de nos conversations. Mais alors...

Je reportais toute mon attention sur lui, tandis qu'il fixait droit devant lui.

— Tu t'en es sorti comment ?

— Comment je m'en suis sorti ? Répéta-t-il en riant.

Je restais perplexe. Il n'y avait rien de marrant là dedans.

— Tout seul, révéla-t-il.

Il cessait aussitôt de rire.

— À un moment, Charlotte tu finiras par gagner ton combat que tu mènes à l'intérieur. Il planta son doigt sur mon front avant de regarder le ciel. Et c'est qu'à ce moment là, que tu sauras qui de toi a enfin gagner.

— J'espère que je le saurais assez tôt, soufflais-je.

— Prends ton temps. C'est un conseil.

Puis il accélérait le pas, signe que notre conversation était finie. Je restais encore perplexe suite à tout ce que l'on venait de se dire. Je m'apprêtais à lui courir après, avant qu'il ne fasse demi-tour, l'air sérieux.

— Nous sommes arrivés !

Plus tard, en fin de soirée, alors que les garçons faisaient griller des chamallow au coin du feu avec Alisha, je m'asseyais à côté de Hakim. Il était entrain d'observer le couché de soleil.
J'éprouvais encore le besoin de lui parler, il était le seul à pouvoir me conseiller ; et j'avais le sentiment réel qu'il me comprenait sans que je n'ai besoin d'en dire trop à mon sujet.

〉𝑭𝒆́𝒍𝒊𝒏𝒔 𝒑𝒐𝒖𝒓 𝒍'𝒂𝒖𝒕𝒓𝒆 [𝑻𝒆𝒓𝒎𝒊𝒏𝒆́]〈Où les histoires vivent. Découvrez maintenant