16- Reste avec moi

1.6K 74 0
                                    


Je le voyais dans son regard qu'il était amèrement déçu que je sois dans l'incapacité totale de lui répondre. Il commençait à se décaler, lorsque je plaquais vivement mes mains sur ses épaules, m'accrochant désespérément à son tee-shirt noir.

— Reste avec moi, murmurais-je sans le lâcher du regard.

Il ne bougeait pas. Ses yeux restait éperdument plongé dans les miens. Je resserrais un peu plus fort mon étreinte mais toujours aucune parole ne s'échappait de ses lèvres, que j'adorais pourtant voir remuer.

— Reste avec moi, répétais-je à haute voix, cette fois-ci.

Toujours aucune réaction.
Il commençait réellement à me taper sur le système. Mais il ne semblait pas vouloir bouger.
Il ne pouvait tout de même pas débarquer ici, me révéler ce qu'il ressentait, puis ne plus rien dire ?

— J'en ai besoin, répliquais-je, je peux pas te répondre, car je ne sais pas quoi te dire. Tu sais déjà tout, du moins c'est l'impression que tu me donnes. T'es une personne qui compte beaucoup pour moi, mais tu vois, ce dont j'ai peur, c'est de l'engagement. Et si jamais tu n'es pas comme je le pensais ? Alors je me serais trompée. Et je ne pourrais m'en prendre qu'à moi-même.

Il fronçait les sourcils, signe que j'allais trop loin. Je me ressaisissais aussitôt.

— S'il te plaît, Idriss je ne te demande qu'une seule chose, c'est de rester avec moi. J'ai besoin de toi. Je te promet à l'avenir d'essayer d'être moins sauvage, mais par pitié, promet moi de ne plus jamais me mentir. La trahison est une chose que je hais par dessus tout.

— Je te le promet, acquiesça-t-il, en souriait légèrement. Et je reste si tu y tiens vraiment.

Il n'était que vingt et une heure, et nous étions installé sur le canapé l'un à côté de l'autre. Alisha ne tarderait plus à rentrer. À mon avis, elle serait surprise de le voir assit sur notre canapé.
Ce soir là, on optait pour un film familier, un film doux et calme. On en avait réellement besoin. Nous étions assit côte à côte, laissant quelques centimètres de séparation entre nos deux corps. Je mentirais si je disais que je n'avais pas envie que nos corps soient entièrement collés. Cependant je restais encore sous le choc de ce que je venais d'apprendre.
Il était en couple, depuis quatre mois, et il ne m'en avait jamais fait part. Non seulement je m'étais sentie humiliée suite à hier, mais à présent je me sentais aussi trahie. Je lui en voulais réellement, et en temps normal, je serai même déjà entrain de préparer ma vengeance. Sauf, que je ne pouvais pas lui en vouloir comme j'aurais aimé.
Je n'arrivais pas à le détester.

— Je peux zapper ? Interrogea-t-il en tournant la tête vers moi, me prenant sur le moment même entrain de le regarder. Je baissais les yeux, avant d'acquiescer. Merci.

Puis il détournait son regard vers l'écran. Je me sentais totalement idiote. Ce garçon était entrain de me rendre idiote !
Sans rien dire, je me levais brusquement, quittant le salon. Je n'avais aucune envie de parler. J'empruntais le chemin pour aller dans ma chambre ; souhaitant qu'une chose : m'enfouir dans mon lit et pleurer. J'en avais besoin.
Il fallait que je vide mon sac, mais pour ça, il fallait qu'il parte de chez moi. Retirant rapidement mon sweat à capuche rouge, je commençais à détacher mes cheveux, lorsque quelqu'un frappait à ma porte. Je ne répondais pas. C'était sans aucun doute Alisha, qui venait de rentrer, surprise de voir Idriss affalé sur son canapé.

— J'ai envie de voir personne, rétorquais-je après quelques frappements supplémentaires.

Je râlais.
Qui pouvait être aussi chiant à insister de cette manière ?
Un autre frappement, et cette fois, cela avait eu raison de moi. Précipitamment, j'ouvrais la porte. Ce n'était pas ma pote. Mais c'était lui.
Je pensais qu'il serait partie en voyant que je ne revenais pas.
Pourtant, il se tenait là, le visage légèrement soucieux. Les sourcils froncés, ses mains grandes sur l'encadrement de la porte. Il jetait un rapide coup d'œil à ma chambre, et je me sentais soudainement très héritée par l'expression qui prônait sur son visage.

— Qu'est-ce que tu veux ? Demandais-je sur un ton plus agressif que ce que je ne pensais.

— Je voulais m'assurer que tu allais bien, et que tu ne faisais pas de connerie.

J'écarquillais les yeux, surprise par le ton neutre sur lequel il venait de parler. Il me faisait rapidement penser à mon père. Mais pour qui il se prenait ?

— Tu te moques de moi là ? Râlais-je en fronçant les sourcils, et en haussant le ton. Je n'ai pas besoin d'être surveillée ! Et j'ai encore moins besoin d'un papa si tu veux...

— S'il te plait Charlie, pourquoi tu me renvoies de suite ? Me coupa-t-il, en laissant tomber ses bras le long de son corps. Je m'inquiétais pour toi, alors je venais m'assurer de comment tu allais. Ne le prends pas comme si je te surveillais putain !

— Je vais bien, me forçais-je d'admettre en souriant.

— Hm tu racontes des salades, rétorqua-t-il en me dévisageant, car ton sourire menteur je le connais par coeur.

— C'est toi qui mens, poursuivais-je en me chuchotant d'arrêtant. Je devais passer pour une gamine. Mais ça le faisait sourire. Tu penses connaître mon...

— Tu peux te taire un instant ?

Pardon ???
Sans me laisser le temps de répondre, et surtout de m'énerver, il s'avançait vers moi ; laissant la porte ouverte. Chose que je détestais. J'essayais de ne pas faire gaffe à ce détail qui me mettait mal à l'aise.
Sans comprendre, en quelques secondes, je me retrouvais allongée sur le lit, le regard fixé en direction du plafond. La silhouette de Idriss ne tardait pas à se retrouver penché vers mon visage. Je sentais son souffle venir cogner ma clavicule, et mon coeur s'accélérait brusquement.
À quoi jouait-il ?
Il est en couple !
Et moi, que faisais-je ?
Pourquoi je n'étais pas entrain de le repousser de toutes mes forces, en lui hurlant de quitter les lieux ?

Ah oui, je sais. C'est parce que j'en avais envie.
Alors je laissais faire, sans rien dire.

— Tu ne me repousses pas ? 

Je secouais négativement la tête. Je n'en avais pas envie.

— Vraiment ? Insista-t-il.

— Ferme-là où je vais vraiment te repousser, d'accord ? Lançais-je d'un ton autoritaire, ce qui me surprenait, car ce n'était pas mon habitude.

Un sourire naquit sur ses lèvres tandis qu'il se penchait lentement vers moi. Je ne le quittais pas des yeux. Ma conscience me hurlait de m'enfuir le plus loin possible, ou de le repousser, en l'assommant avec un objet sur la table de nuit. Pleins de voix dans mon esprit se mirent à crier, elles criaient toutes le même mot : Cours !

— Je veux réellement t'embrasser, reprit-il. Et au fait, j'ai rompu avec elle hier d'un commun accord ; la distance nous avait trop éloigné de toute façon.

Mais je n'en tenais pas compte. Je l'observait se pencher lentement. Mon cœur battant de plus en plus vite. Je ne pouvais plus repousser, j'en avais tant rêvé, que je n'avais plus la force de m'enfuir.

〉𝑭𝒆́𝒍𝒊𝒏𝒔 𝒑𝒐𝒖𝒓 𝒍'𝒂𝒖𝒕𝒓𝒆 [𝑻𝒆𝒓𝒎𝒊𝒏𝒆́]〈Où les histoires vivent. Découvrez maintenant