Portami a ballare - Emmènes moi danser

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À peine une heure plus tard, j'étais prête. Je n'ai pas vraiment caché l'enthousiasme que m'a procuré la proposition de Cristiano. J'ai vu qu'il était sincère et pensait seulement à me changer les idées.
J'ai donc enfilé une robe portefeuille rouge tombant au dessus du genou et une paire de talons noirs vernis, pas forcément très hauts. Je n'ai pas mis le paquet sur les bijoux ni la coiffure et je n'ai emporté avec moi qu'un châle noir léger, bordé de franges et portant des détails ajourés dans le dos, un cadeau de ma grand-mère. Je finis par retrouver Cristiano en bas, comme d'habitude. Il est en pantalon bleu très foncé, chemise blanche cintrée et à demi ouverte sur son torse bronzé et chaussures classiques cirées. Il attend encore une fois adossé à une voiture. Je l'interpelle de loin alors que je marche encore vers lui.

Moi: Tu comptes appuyer sur la carrosserie de toutes les voitures du monde ?
Cristiano: Je n'ai pas d'autre choix que d'attendre Mademoiselle...

Je ris doucement et arrive à son niveau. Il fait le tour pour ouvrir la portière côté conducteur. Ne me voyant pas broncher, il demande :

Cristiano: Tu ne veux pas conduire ?
Moi: Même si ta conduite est affreusement ennuyante, elle est digne de confiance.

Je m'assois donc à la place passager et il m'imite. Il démarre doucement, sans rien ajouter. Mais je suis curieuse de savoir où il compte aller, comme il n'a pas donné de précisions à ce sujet.

Moi: Tu m'emmènes où ?
Cristiano: Où tu veux princesse.
Moi: Ne m'appelles pas comme ça.
Cristiano: Mais je pensais qu'une promenade de nuit en ville près du port serait pas mal.

Il continue comme si je n'avais rien dit et tourne ensuite sa tête vers moi, pour voir ce dont j'en penses.

Cristiano: Non ?
Moi: Si il y'a des glaces, ça me va.

Il sourit, satisfait et prend la route pour la ville. Nous nous garons un peu à l'écart et marchons pour rejoindre la route piétonne qui longe la côte. Sur le côté, des commerçants restent encore ouverts quelques minutes. Ils reconnaissent qui je suis mais j'y suis habituée et les gens n'ont pas peur de nous, ils savent que nous ne sommes pas des tyrans.
Les restaurateurs proposent des pauses sucrées aux passants et quelques tables sont encore prises par les clients. Nous marchons un bon moment sans parler avant que Cristiano n'ouvre la bouche, me faisant sortir de ma bulle.

Cristiano: J'espère que tu es contente au moins...

Son ton est distant comme si il ne voulait pas prendre trop de risques au cas où je riposterais trop violemment.

Moi: Je dois avouer que je suis très surprise de cette attention de ta part. Mais oui, je suis contente, j'avais besoin de prendre l'air.
Cristiano: C'est ce que j'avais cru comprendre... Regardes, tu ne voudrais pas une glace ?

Le côté attentionné de Cristiano est extrêmement timide : il en paraît presque distant et on dirai qu'il n'ose pas finir ses phrases. Pourtant, c'est un côté que je ne connaissais pas et que j'apprécie pour le peu que je constate.

Cristiano: Attends, ton parfum préféré c'est... Citron !
Moi: Bravo, monsieur est un télépathe.
Cristiano: C'est ça, moques toi... Tu en veux une ?
Moi: S'il te plaît.

Il commande deux glaces en cornet, une au citron et une à l'orange. Il revient les apporter alors que je m'étais assise sur un banc.

Moi: Tu aimes l'orange ?
Cristiano: C'est mon parfum préféré, et je n'ai jamais goûté le citron.

Il mord prudemment dans sa glace alors que j'ai arrêté de dévorer la mienne pour le dévisager, incrédule et amusée.

Moi: Tu plaisantes j'espère.
Cristiano: Et toi, l'orange t'as déjà goûté ? À mon avis non, parce que tu ne continuerais pas à prendre ça sinon.
Moi: Tu as raison, je n'ai jamais goûté.

Il rit visiblement amusé de ma réponse et puis, il me tend sa glace.

Cristiano: Goûtes alors.

Je le regarde un instant et lui tend la mienne. Nous échangeons ainsi nos glaces et goûtons chacun au petit plaisir de l'autre. Il a l'air de beaucoup aimé le citron et moi j'adore l'orange.

Cristiano: Je viens de créer un dilemme qui me suivra jusqu'à la fin de mes jours.
Moi: Je crois que c'est pareil...

Nous rions de bon cœur face à cette situation simple et juste drôle. Peut-être rions nous aussi du fait que c'est la première fois que nous faisons quelque chose ensemble de totalement désintéressé et détendu.
Au moment de nous rendre nos glaces respectives, Cristiano touche ma main. Un geste si innocent qui fait l'effet d'une décharge électrique, aussi piquante qu'agréable. Nous nous regardons sans savoir pourquoi et finit par sourire de son air suffisant.

Cristiano: C'est comme si on s'était embrassés... mais pas directement.
Moi: Tu ne penses qu'à ça...

Je ne peux m'empêcher de rire légèrement, désespérée face à son cas.
Nous finissons nos glaces et repartons pour acheter quelques mètres plus loin les deux derniers cannolis au chocolat d'un pâtissier qui était en train de fermer.

Moi: Je pourrais manger de ces trucs tout les jours !
Cristiano: C'est déjà le cas non ?

Je ris à sa remarque, il me taquine et pour une fois je rentre dans le jeu. Peut-être parce que c'est moins insolent, plus tranquille. En tout cas cette soirée est différente des autres moments que nous avons vécus ensemble. Et c'est plutôt agréable.

Moi: Dis que je suis grosse aussi !
Cristiano: Non non, c'est un constat.
Moi: Tu n'as pas tort, c'est vrai que j'en mange tout les jours j'avoue.
Cristiano: Et ne t'inquiète pas, tu n'es pas grosse du tout. Tu es juste sublime.

Son compliment est appréciable et je compte lui rendre la pareille.

Moi: Tu n'es pas si mal non plus...
Cristiano: Pas si mal ? T'es sérieuse ?
Moi: Hum...

Nous arrivons au bout de la rue piétonne et il commence à être tard. Nous regardons sans un bruit, un instant la mer calme se jeter sur les petits gravillons du bout de plage juste devant nous. Pour le plus grand malheur de Cristiano qui attends une réponse... Soudain, me vient une envie. L'envie de faire le truc que j'aime beaucoup faire sur un coup de tête.

Moi: Cristiano ?
Cristiano: Hum ?
Moi: Ne t'en fais pas, tu es très beau aussi...

Il soupire en affaissant quelque peu ses épaules sans tourner sa tête vers moi.

Cristiano: Qu'est-ce que tu veux ?
Moi: Emmène moi danser.

Média : les deux glaces

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