Point de vue Cristiano
Une semaine plus tard.
Je marche à côté de Reina sans la toucher. Elle ne parle pas mais avance à mon côté en suivant mes pas. Nous allons aux cascades. Voilà une semaine que nous nous voyons tous les jours pour faire connaissance dans des endroits différents : à la foire, à un concert traditionnel en plein air, au restaurant, à la fabrique d'huile d'olive, dans une orangeraie... et maintenant aux chutes d'eau. Elle avait l'air enthousiaste quand je le lui ai proposé mais aussi un peu tendue.
Je lui ai raconté ma vie autant que je le pouvais car je ne l'ai jamais fait sauf avec mon meilleur ami, elle a écouté attentivement et a posé quelques questions. Elle s'est confiée un peu ces derniers jours, je connais sa date de naissance, comment elle a été élevée, où elle a habité, ses plats préférés, ce qu'elle déteste en général... Je sais que ce qu'elle aime vraiment c'est la musique : elle adore les chanteurs français des dernières décennies comme Dalida, Charles Aznavour, Luis Mariano, Tino Rossi ou encore Edith Piaf. Des goûts peu communs pour une jeune femme de dix-neuf ans. Le plus surprenant c'est que j'ai exactement les mêmes, je n'ose pas vraiment l'avouer mais ces chansons et ces artistes me passionnent et je les adorent...
Elle m'a dit toutes ces choses toutes simples, trop simples. J'ai l'impression qu'elle cloisonne beaucoup toute une partie de sa vie. Aujourd'hui, elle porte une jupe évasée blanche et un chemisier cache coeur bleu marine à pois blancs. Elle a pris un large chapeau en osier arborant un long ruban blanc qui retombe dans ses longs cheveux noirs ondulés qu'elle a relâchés. Sa peau bronzée fait parfaitement ressortir le blanc des tissus qui lui va si bien.Nous arrivons aux chutes, nous descendons le petit chemin qui y mène. Il est si tôt dans l'après-midi qu'il n'y a personne parce qu'il fait trop chaud et à cette époque de l'année il n'y a quasiment aucun touriste. Nous arrivons sur une des plages et je jette un coup d'œil à Reina, elle observe l'eau d'une façon étrange. Elle a les yeux grands ouverts et les mains posées sur le coeur. Elle paraît bouleversée. Je décide de ne pas mettre le doigt dessus et plante le parasol que j'avais apporté et d'étendre la grande serviette dessous. Comme elle ne bouge pas, je l'appelle :
Moi: Reina ? Ça va ?
Reina: Oui oui.Elle se retourne et vient s'assoir sur la serviette, puis retire son chapeau qu'elle dépose au sol. Je m'assois à côté d'elle et commence la conversation, Reina ne les débute jamais sauf si elle a un soucis avec moi, ce qui était souvent le cas à Palerme mais pas ici.
Moi: J'espère que ça te plaît d'être ici, avec moi...
Reina: Oui c'est très beau, tu as compris ce que j'aimais.
Moi: En même temps, c'est là que je t'ai retrouvée il y'a plusieurs semaines.
Reina: C'est vrai. Je t'avoue que je n'en reviens toujours pas que tu aies fait tout ce chemin et que tu sois resté si longtemps juste pour me retrouver.
Moi: C'est mon travail princesse.Dis-je en replaçant une mèche de cheveux derrière son oreille. Elle me sourit d'une façon qui me cloue le cœur. Je repense souvent à ce que ma dit la première fois Nino sur Reina : son discours sur un petit lion qu'il avait vu naître et ce qu'il était devenu. En fait, j'y repense à chaque fois que je vois Reina, j'essaie de déchiffrer ce qu'il m'a dit en même temps qu'elle. Je sais qu'elle cache quelque chose mais je suis prêt à attendre pour qu'elle me fasse confiance.
Moi: Mais j'avoue que j'avais aussi besoin de te voir.
Reina: Tant que ça ?
Moi: Pourquoi ça te surprend ?
Reina: Tu es le mec le plus insolent et le plus impertinent que j'ai jamais connu. Je ne m'attendais pas à un tel excès de sentiments et de sincérité de ta part.
Moi: Crois moi que si j'étais totalement transparent avec toi, que si je te disais tout, tu rougirais.
Reina: Pourquoi cela ?
Moi: Si tu savais ce dont j'ai envie...
Reina: Je crois que je sais.Elle me regarde si intensément que je le sens fouillé profondément dans mon âme, je n'aime pas ça mais elle hypnotise tellement...
Soudain elle se lève de la serviette et retire ses sandales pour avancer sur la plage, prête à toucher l'eau. Elle y pose un pied puis l'autre en soulevant légèrement sa jupe. Je vois ses jambes longues et musclées bouger à travers le tissu clair. Elle se retourne et me regarde un instant avant d'ouvrir la bouche.Reina: Tu viens pas ?
Moi: Hum, non je ne préfères pas.
Reina: Ben quoi t'as peur de l'eau ?Dit-elle en sortent de l'eau et rebroussant chemin pour venir plus près de moi qui me suis levé entre temps. Elle plante ses mains sur ses hanches. Je ne préfères pas parce que j'ai peur de mes propres réactions, des envies de mon corps et de mon cœur, peur de me lâcher et qu'elle voit une infime partie de mes sentiments. Je suis face à elle, quelques centimètres seulement nous séparent. Elle paraît déçue et son regard me méprise d'une certaine façon, elle ne me croit pas à la hauteur. À moins qu'elle me défie.
Reina: Je pensais pas que t'étais si trouillard, et mon père qui t'a fait prêté serment...
Moi: Je suis pas trouillard, je crois que tu sais pas à qui tu parles princesse.
Reina: Je crois au contraire que je le sais : je parle avec une poule mouillée qui veut pas se mouiller un peu plus.Elle affiche un sourire malicieux, c'est clair à présent elle me défie. Et je ne vais pas pouvoir résister encore longtemps, alors je ne réponds rien. Je reste les mains dans les poches. Elle m'observe de la tête aux pieds et finit par hausser les épaules.
Reina: Bon, et bien je ne vois pas ce que je fais encore là...
Elle dit ça d'une manière si sérieuse que je commence à froncer les sourcils. Elle n'attend pas ma réponse pour partir en direction des chutes. Elle marche jusqu'à arriver aux deux ruisseaux qui se jettent du haut d'une colline dans le petit lac. Je crois qu'elle est en train de partir alors je me mets à marcher après elle. Elle me voit faire alors elle accélère en riant. Je ne comprends pas ce qu'elle fait et la voilà maintenant marchant sur la pierre humide, cachée derrière les cascades. Elle rit en me voyant lui courir après. Je suis à mon tour sur cette pierre humide quand elle s'arrête, comme pour m'attendre. J'avance encore jusqu'à elle et elle affiche un sourire moqueur et satisfait.
Reina: Ben dis donc, pour quelqu'un qui veut pas se mouiller...
Je regarde mon pantalon en jean noir, il est trempé. Je fais semblant d'être fâché et fait un caprice superficiel.
Moi: Oh non ! Mon jean tout neuf ! Voilà où mènent tes bêtises !
J'en rajoute des tonnes et ça la fait rire. Son rire cristallin se répercute dans l'espèce de petite grotte qu'il y'a sous les cascades. Je suis charmé et je ne contrôle plus ce que je tenais à garder pour moi.
Moi: Ah, tu te moques en plus ! Tu vas voir princesse...
Je l'attrape dans mes bras et saute dans l'eau. Nous avons plongé dans le petit lac pas si profond que ça puisqu'on a pieds. Je retourne à la surface en balançant mes cheveux décoiffés en arrière. Reina remonte elle aussi et tire ses cheveux noirs trempés vers l'arrière également. Elle reprend son souffle et s'approche ensuite de moi pour frapper doucement de ses petits poings sur mon torse auquel colle mon t-shirt à manches courtes blanc.
Reina: T'es vraiment intenable.
Moi: Eh oh, c'est toi qui a commencé. Tu voulais aller dans l'eau, c'est fait !Je ris doucement en la regardant s'énerver rien qu'à peine. Elle finit par s'arrêter et remonte sur la pierre humide de derrière les chutes. Je la suis en riant toujours. Elle essore ses cheveux tandis que j'aplatis les miens sur mon crâne. Je m'assois à côté d'elle. L'eau est chaude et la chaleur de l'air ne nous donne pas froid. Elle ne parle pas mais cette baignade m'a fait du bien. J'ai pu entendre son rire.
Reina: Bon, tu peux me dire maintenant ce que tu comptais faire, à part me jeter à l'eau bien sûr ?

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Trono
Roman pour AdolescentsRégner sur le monde, voilà ce que désire la moitié de la planète. Seulement quelques êtres sont capables d'accéder au trône. J'en fais parti, je suis née et j'ai été élevée pour ça. Je compte bien atteindre mon objectif malgré que ce soit dangereux...