Je suis à nouveau propre, le visage débarrassé du sang et le corps libéré de ses points de tensions. Les cheveux encore mouillés, je sèche les pointes avec une serviette en revenant lentement du côté de la chambre. Je me poste devant la fenêtre avec le regard posé dans le vide. Je pense de façon superficielle puis mon esprit rejoue le souvenir du départ de Cristiano. Deux jours qu'il n'est plus là et je viens de tuer son frère. C'est affreux mais je n'avais pas le choix, c'est la règle, la sanction et j'ai horreur que quelqu'un par ses actes, me dicte mes réactions ou m'impose des choses. Léonardo tentait de m'imposer la chute de mon clan, la condamnation de ma famille et le déshonneur, il a eu sa réponse. Deux jours qu'il n'est plus là et je ressens le manque comme jamais quelqu'un ne m'a manqué. Enzo me manque encore aujourd'hui même après plusieurs mois mais ce n'est pas pareil, il était de ma famille tandis que Cristiano est celui pour qui j'ai des sentiments amoureux. De véritables sentiments amoureux, pas contraints par une domination malsaine ni perpétuellement secoués de scènes de violence et d'irrespect. Certes nous nous disputons souvent mais ce n'est pas pareil. Je ne me sens plus comme avant, avec une sorte de gène et de honte face à ces sentiments-là, je suis plus tranquille même si je ne suis pas encore prête à l'assumer devant ma famille. C'est trop nouveau.
Alors que je séchais les dernières pointes de l'arrière de ma tête, quelqu'un frappe à la porte. Je réponds en donnant la permission d'entrer sans aucune conviction et ne me retourne même pas. J'entends seulement un talon claquer sur le carrelage et la porte de se refermer.Anna: A quoi tu penses ?
Moi: Je pensais à Enzo.Je ne mens pas vraiment, je pense à lui tous les jours. Pas un ne passe sans que son souvenir ne visite mon esprit.
Anna: Viens t'asseoir près de moi.
Dit-elle en tapotant le couvre lit à son côté. Je le regarde enfin, elle paraît épuisée mais elle sourit tout de même timidement. Je m'exécute lentement et m'assois à côté d'elle.
Anna: Il nous manque à tous... mais je sais que tu es celle qui le ressens le plus.
Moi: J'aimerais tant qu'il soit là parfois.Anna passe un bras autour de mes épaules et m'attire contre elle. Je me sens un peu plus apaisée : Anna a maintenant 26 ans, elle est la plus âgée de nous tous mais aussi la plus amusante et la plus optimiste. Elle ressemble beaucoup à Enzo, ils n'ont qu'un an d'écart, on aurait presque dit des jumeaux. C'est peut-être pour ça que je me sens aussi bien avec l'un qu'avec l'autre.
Anna: Il avait choisi cette vie et c'était un homme, mais toi...
Moi: Quoi moi ?
Anna: Tu aurais pu faire autre chose de ta vie que ça Reina, c'est très dangereux et immoral. Dieu sait que tu pèches, il le voit.
Moi: Je demande pardon tous les jours, même si je sais que cela n'est déjà plus suffisant au stade que j'ai atteint.
Anna: Tu penses parfois aux personnes que tu as menacées, détruites ou tuées ?Sa question est naïve parce qu'elle veut savoir ce que je ressens et non pas me faire la morale. Anna n'a aucune idée des sensations et des sentiments que j'éprouve dans mon travail qui est en fait toute ma vie alors elle se renseigne. Je parais tellement bizarre, tellement à part pour les membres de ma famille qu'ils cherchent sans cesse à comprendre pourquoi moi, la petite fille a choisi une vie meurtrière comme celle-ci, une vie d'homme en quelque sorte.
Moi: Non mais je sais ce que j'ai fait. Ce que je veux dire c'est que je n'ai pas de regrets et je garde conscience de mes actes.
Anna: Comment tu arrives à... pourquoi tu as fait ce choix ?
Moi: Papa m'a mise dedans très petite, il comptait faire de moi sa digne héritière malgré le fait que je sois une fille mais à mes seize ans, il m'a demandé de choisir. Soit je restais une jeune fille normale comme toi, soit je continuais ma vie telle que je l'avais commencée. J'ai choisi et j'ai prêté serment un an plus tard. J'aime ce que je fais car je protège ma famille, je prends la suite de mon père et j'en suis très fière. Je n'ai presque jamais eu peur et mon caractère s'est forgé en même temps que mon expérience.
Anna: C'est pour ça que tu es si froide ?
Moi: Je sais comme je suis mais je n'y peux rien. J'étais déjà un peu comme cela mais tout s'est endurci en moi et ce n'est pas réversible.
Anna: Avec nous tu ne l'es pas et c'est très bien comme ça !

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Trono
Teen FictionRégner sur le monde, voilà ce que désire la moitié de la planète. Seulement quelques êtres sont capables d'accéder au trône. J'en fais parti, je suis née et j'ai été élevée pour ça. Je compte bien atteindre mon objectif malgré que ce soit dangereux...