Trono

Scusami - Excuses-moi

Il est tard, le soleil descend petit à petit dans l'étendue aquatique de la Méditerranée. Je marche lentement pour revenir sur la plage où les garçons s'étaient amusés, la plage où Cristiano ma dit droit dans les yeux qu'il allait s'en aller et que nous ne nous reverrons plus. Je lève la tête pour voir la maison toute éclairée de l'extérieur et j'entends même les rires et les cris de mon clan. Je remonte lentement le chemin abrupt avec mes sandales et mon chapeau à la main, habillée d'une légère robe portefeuille rouge par-dessus mon maillot de bain Versace. Mes cheveux ondulés frottent dans mon dos et je me fous d'avoir pleuré. Alors que je suis à mi-chemin, j'entends les voitures démarrer. Je cours pour essayer de ne pas rater le départ, j'ai peur que ce soit Cristiano en vérité. J'arrive dans la cour essoufflée quand la dernière voiture sort de l'allée. Ce n'est pas Cristiano, c'est le clan qui s'en va je ne sais où, peut-être au restaurant. Peu importe, je serais tranquille ce soir.
J'entre dans la maison avec nonchalance puis je monte dans ma chambre pour prendre une douche. Je frotte le sable resté collé à mon corps avec un gant en éponge puis je frotte mes cheveux au shampoing. Je me sèche et je sèche mes cheveux à la serviette avant de les rejoindre en chignon sur le sommet de ma tête. Je passe de la crème sur l'intégralité de ma peau et enfile ensuite une robe portefeuille bleue un peu plus habillée que la rouge avec des mules Gucci puis je descends à la cuisine, chercher quelque chose à manger. Je prends un morceau de poulet et de la polenta au basilic dans une assiette que je réchauffe avant de sortir sur la terrasse carrelée pour déguster mon modeste repas face au soleil qui est de plus en plus bas. Mais le bruit d'une respiration qui souffle me fait sursauter.

Cristiano est dos à moi, face à la mer, il fume une cigarette. Je ne pense pas qu'il sache que je suis ici alors je m'installe sur une table en verre en faisant un peu de bruit.

Cristiano: Pas la peine, j'ai senti ton parfum.

Il me surprend beaucoup par sa froideur et son talent à entendre les gens venir, d'habitude c'est moi la meilleure dans ce domaine. Je prends une bouchée de polenta sans vraiment le lâcher des yeux. Il termine sa cigarette et après l'avoir écrasée dans un cendrier, il se retourne vers moi. Il vient jusqu'à s'assoir en face de moi.

Cristiano: Nous devons avoir une discussion.
Moi: Est-ce que j'ai une chance de pouvoir te retenir ?
Cristiano: Aucune.

Je plonge mes yeux dans mon assiette, je me sens bête et ridicule. Mais il faut que je fasse preuve de courage dans un autre domaine que mon travail alors je décide de lui livrer une partie de mes pensées.

Moi: Quand je pense à ces jours passés loin de nos familles, rien que tout les deux sans se soucier des autres, je ne sais pas comment on a fait pour en arriver là.
Cristiano: Comment ça ?
Moi: Comment on a fait pour s'entendre puis se disputer affreusement pour au final s'aimer plus que des amis et vivre comme deux amants cachés pour se déchirer ainsi...
Cristiano: Moi je sais, tu as utilisé mes sentiments pour t'amuser et passer des moments cools, tout ça avec plus de cruauté que je n'en ai jamais vu.
Moi: Tu n'as pas le droit de dire ça !
Cristiano: Mais Reina, réveilles toi ! Tu es l'héritière de la plus grande organisation du monde, tu es comme ça, tu dois être cruelle pour ton travail, tu es difficile, tu n'as pas la place pour l'amour. Tu es incapable d'aimer qui que ce soit !

Je me sens très mal, ses mots sont extrêmement blessants. J'ai du mal à continuer de le regarde droit dans les yeux mais je ne peux pas le lâcher sinon j'aurais l'impression d'être sans attaches. Alors je me lève et je fuis dans la cuisine. Il me suit, visiblement assez en colère que je sois encore en train de fuir.

Cristiano: Reina, aies un peu de couilles pour une fois !

Je me retourne pour lui faire face, mes yeux pleins de larmes le surprennent et l'arrêtent dans sa poursuite énervée.