Trono

Un uomo - Un homme

Quelques jours plus tard.

Je suis dans mon bureau, il est dix heures du matin. La maison est calme puisqu'il n'y a personne à part moi et Anna, tout les autres sont en ville pour s'acheter quelques nouveaux vêtements pour le début de l'automne qui ne se décide pas à venir. Anna a préféré rester à la maison car elle s'approche du terme par conséquent, elle se fatigue vite et elle n'aurait pas été en état de supporter une après-midi shopping en cette fin de septembre. De toute façon, son papa poule de mari ne l'aurait jamais accepté et il l'aurait forcée à rester au lit. De mon côté je ne m'inquiète pas car le médecin a dit qu'il n'y avait aucune chance que le bébé naisse avant dix jours.

Je travaille donc dans le calme mais rien de bien palpitant : des contracts à renouveler, des comptes bancaires à contrôler, des numéros de téléphone à vérifier, des commandes à confirmer... beaucoup, beaucoup, beaucoup trop de papiers. Je me jette en arrière et mon dos rencontre le dossier de ma chaise un peu trop violemment. Je suis ennuyée de tant de papiers mais ma pile a bien baissée alors je me remotive et décide de terminer tout ça avant onze heures pour pouvoir aller profiter un peu de la piscine avant le déjeuner.
Une heure de plus passe et quand je pose le dernier dossier sur la pile de travail terminé, je me sens libérée. Je m'étire les bras et me lève pour me servir un verre de limonade quand j'entends un bruit dehors, comme si quelqu'un tombait au sol lourdement alors je jette un œil par la fenêtre mais il n'y a personne sur la terrasse de la maison ni autour de la piscine. Je hausse les épaules et continue pour ouvrir la bouteille d'eau citronnée. Je me sers un grand verre puis je marche jusqu'au sofa disposé en face de la fenêtre, devant mon bureau et je regarde le paysage derrière les carreaux en sirotant tranquillement ma boisson, assise confortablement. Et à nouveau le même bruit ! Je tends longuement l'oreille mais rien ne le suit. Je finis mon verre et cette fois se sont des gémissements qui me tirent de mon petit train-train. J'avance jusqu'à la porte en ayant une main sur la crosse de mon revolver coincé dans mon pantalon et j'ouvre pour regarder dans le couloir. Je détends mon visage quand je vois Anna par terre, se trainant peiniblement sur les côtes vers mon bureau. Ce n'est pas un intrus mais la vision est d'autant plus inquiétante. Je me mets à courir et me jette au sol pour la tenir près de moi. Son visage est marqué par la douleur et elle tient son ventre d'une main. J'avoue qu'en la voyant si souffrante puisqu'elle gémit vraiment fort, je panique un peu.

Moi: Che passa Anna ?
Anna: Je, j'ai perdu les eaux... j'ai tellement mal ! Par pitié Reina, emmènes moi à l'hôpital, je t'en supplie !
Moi: T'inquiètes pas, on va s'occuper de toi.

Je m'efforce de parler calmement pour lui montrer que je ne panique pas et ne pas augmenter le taux de stress et de pression. Ma panique naissante s'évanouit tout de suite et je me laisse prendre par mes responsabilités.

Moi: Rosaaaaaa !

Je hurle dans la maison en espérant que Rosa ne soit pas dans la cave ou dehors. Par chance, elle m'entend immédiatement et répond :

Rosa: Che Reina ?
Moi: Anna a perdu les eaux !
Rosa: O Santa Madonna !

Elle accourt en soulevant sa grande jupe et se jette comme moi près d'Anna. On est entre les escaliers et la porte de mon bureau restée entrouverte, en plein milieu du couloir. Rosa regarde Anna et pose sa main sur son ventre.

Rosa: Elle va accoucher d'un moment à l'autre, il faut prévenir le médecin !

Qu'Anna accouche ici, à la maison ? Ça serait un magnifique symbole mais je ne peux m'empêcher de penser à ma propre histoire et c'est parce que ma mère n'était pas à l'hôpital que nous avons failli mourir toutes les deux, alors il est hors de question qu'elle reste ici pour mettre son bébé au monde.