Andata ! - Partie !

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Après la soirée d'hier, j'ai cogité toute la nuit sans pouvoir fermer l'œil une seule minute. J'ai tourné et retourné sept cent fois notre conversation dans ma tête pour savoir exactement à quel moment j'aurais pu clairement la fermer. J'aurais du me contrôler et garder mes sentiments pour moi parce que maintenant, Reina savait trop bien ce que je voulais et ce dont j'avais envie. Cela lui donnait raison et confirmait ma réputation mais même si je ne veux pas me l'avouer, je sais au fond de moi que tout ça va bien plus loin qu'une envie physique. Seulement toutes ces choses me font extrêmement peur et je suis trop fier pour m'analyser et m'admettre la réalité.
Je fixe le plafond, allongé sur mon lit depuis des heures. Je soupire d'exaspération : tout ça me fait vraiment tourner en bourrique et j'ai l'impression d'être devenu réellement fou. Je passe lentement mes mains sur mon visage après avoir jeté un coup d'œil au réveil à ma droite. Puis, je me lève. Je prends le chemin de la cuisine en traînant les pieds et me prépare un petit-déjeuner que j'avale très très lentement. C'est en gardant mon air blasé que je vois Enzo entrer dans la cuisine. Qu'est-ce qu'il fout ici lui ? Il est bien habillé et coiffé, regarde autour de lui puis appuie ses mains contre le plan de travail de l'îlot sur lequel je déjeune.

Enzo: Euh... salut. Ça va ?
Moi: Joues pas au copain avec moi.
Enzo: Détends toi, je suis juste poli.
Moi: Hum, ok. Alors ça va... et toi ?
Enzo: Très bien merci, tu ne sais pas où est ma cousine par hasard ?

Quoi ? Il ose me demander où est Reina ? Je commence à frémir de l'intérieur mais je lui réponds honnêtement en haussant les épaules.

Moi: Franchement, je sais pas. Pourquoi ?
Enzo: Je lui apporte quelque chose qu'elle m'a demandé. Ah, Rosa !

Comment ça, une chose qu'elle lui a demandé ? Je comprends rien du tout et comme je n'ai pas dormi, ça ne m'aide pas. Mais Rosa passe par là. Elle paraît déjà occupée mais il l'interpelle. Elle arrive face à lui en souriant sincèrement.

Rosa: ?
Enzo: Tu ne sais pas où est Reina ?
Rosa: No. Mais je peux la chercher si tu veux.
Enzo: S'il te plaît, ça me rendrait service.

Elle repart dans la direction des escaliers et nous laisse tout les deux, l'un face à l'autre. J'alterne mon regard entre les tartines et son visage. Il me regarde de façon bienveillante, comme Angelo mais je ne supportes pas cela venant de lui.

Moi: Pourquoi tu me regardes comme ça ?
Enzo: J'essaie de comprendre qui tu es.
Moi: Ah ouais, et pourquoi ?
Enzo: Ma cousine m'a parlé de toi, il parait que... vous vous entendez bien.
Moi: Pas trop mal, on peut dire.
Enzo: Je vous ai vus le soir de Noël, je sais ce qui se passe entre vous et je...
Rosa: Ayyyyyy ! Santa Madonna !

Rosa vient de hurler à en transpercer les murs blindés de cette maison, ce qui a détourné le cousin de Reina de sa mission : me démonter. Je me suis tourné en sursautant. Puis soudain, Rosa arrive dans la cuisine toute essoufflée en mettant la main sur son coeur.

Enzo: Pourquoi as-tu crié si fort Rosa ? Qu'est-ce qui se passe ? Tu as trouvé Reina ?
Rosa: Non Enzo... Reina n'est pas dans sa chambre. Elle est nulle part... elle est partie !

Si j'avais reçu un morceau de tonnerre sur la tronche ça n'aurait pas été pire. Je sens mon coeur s'emballer, mais pourquoi d'ailleurs ? Je regarde Enzo furtivement et je vois qu'il n'est pas inquiet, il essaie juste de la calmer.

Moi: Comment ça partie ?
Rosa: Elle n'est pas là et il manque une voiture sur l'inventaire.
Moi: Quel inventaire ?
Enzo: Il y'a un inventaire électronique dans le bureau de Reina et celui de Parrain, toutes les voitures sont enregistrées sur des places précises. On sait ainsi si il en manque et laquelle.

Rosa s'était assise et Enzo venait de lui porter un verre d'eau gazeuse qu'elle but d'un trait. Je ne comprends rien à ce qui se passe. Je ne sais même pas quoi faire. Cette mission et cette fille m'ont vraiment rendu dingue.

Enzo: Bon, Cristiano et moi allons voir au garage quelle est la voiture qui manque. Nous irons ensuite prévenir Angelo.

Il tapote sur l'épaule de Rosa en souriant gentiment puis part en direction de la sortie. Je le suis, les mains dans les poches sans enthousiasme. Il se met à mon niveau et commence à me parler tout en marchant jusqu'à l'immense garage :

Enzo: Dis moi, ça fait longtemps que tu tournes autour de ma cousine ?
Moi: De quoi tu parles ?
Enzo: Je t'ai dit que je vous avais vus, ça ne me dérange pas plus que ça surtout lorsque j'ai vu comment tu t'es occupé d'elle après la mort de Béné.

On arrive dans le garage. Nous parcourons les allées tranquillement afin de trouver la petite absente. Enzo continue de me parler. Je pense qu'il fait ça pour la protéger, après tout ils ont grandi ensemble. Et puis, il n'est pas un espèce de connard comme je l'avais imaginé.

Enzo: Pourquoi Reina serait partie ?
Moi: J'en sais rien.
Enzo: Certain ?
Moi: Pourquoi tu me dis ça comme ça ? Elle pourrait très bien partir en vacances toute seule ou avec des copines.
Enzo: Haha, Reina n'a pas de copines. Son travail lui prend tout son temps, elle n'éprouve pas le besoin d'avoir des amies et sa famille sont les seules personnes qui lui importent. Et elle ne partirait jamais...
Moi: Pourquoi ? Elle le peut.
Enzo: Laisses moi t'expliquer. Reina est l'héritière, elle a beaucoup appris tout au long de sa vie mais c'est dans les derniers mois que son père va lui confier les secrets les plus importants sur le clan. De plus, elle sait que le danger est partout dehors mais je te la corde, ce n'est pas ce qui l'arrêterait. Enfin, elle ne laisserait JAMAIS sa famille.

Je réfléchis à ce qu'il me dit et je trouves cela très mystérieux. Il est vrai que je côtoie beaucoup Reina mais je ne la connais pas et j'ai comme la vague impression que l'héritière de cette famille cache beaucoup plus que ce qu'elle veut laisser croire.
Enzo s'arrête face à une place de parking libre. Seule la bâche d'une Maserati traine sur le sol. Il la ramasse et regarde le tissus au niveau de l'écusson qui est censé être sur le capot. Il y'a écrit le modèle de la voiture, la couleur et le nom de son propriétaire : Maria Cortesi. Qui est-ce ? Ce n'est ni sa mère, ni un de ses cousines, ni personne d'autre. Je regarde Enzo qui fronce les sourcils puis prend un grande inspiration avant de se tourner vers moi.

Enzo: Est-ce que ma cousine et toi avez eu des différents dernièrement ?
Moi: Je pense que oui.
Enzo: Tu penses que oui ?
Moi: Hier, on est sortis dans Palerme et je me suis emporté.
Enzo: Je vois. Bon, il faut avertir Angelo.

Son ton grave et sa mine préoccupée me conforte dans l'idée que quelque chose se passe sans même que les hommes de cette famille sachent et ne puissent contrôler quoi que ce soit. Reina est vraiment la digne héritière, il n'y a aucun doutes.

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