Il bacio - Le baiser

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Point de vue Reina

Cristiano a failli me mettre en retard. Il ne sait rien de ce qui se passe pour le moment pour la simple et unique raison qu'il n'est pas encore entré dans le conseil, son serment n'étant pas prononcé. Il faut aussi avouer que son ignorance m'arrange beaucoup, il évite de me coller aux basques et de piquer des crises. Il le fait déjà mais si il savait ce que je suis en train de faire ce serait largement pire.
Je conduis mon bolide d'une main ferme comme d'habitude. Et la route me mène rapidement dans la périphérie de la ville. Les maisons sont plus espacées mais plus grandes et plus près de la mer. La dernière, tout au bout d'une allée résidentielle, est bleue et très haute. Elle est tournée face à la mer et le terrain qui l'entoure paraît immense. Je gare ma voiture et coupe le moteur. En observant cette bâtisse, je souffle puis inspire un grand coup.
Ma mission n'est pas facile. Je me jette dans la gueule du loup. Ce soir, dans cette maison, se tient une soirée spéciale : « le boss vient faire un passage à l'Oiseau Bleu. » Ce sont les mots du message lancé entre espagnols et intercepté par nos informateurs.
L'Oiseau Bleu c'est cette maison et nos informateurs ont réussi à confirmer que le « boss » n'est autre que Béné lui-même : l'analyse des comptes bancaires des espagnols ont permis de voir l'achat d'un billet d'avion pour Palerme correspondant à cette date. Ils n'ont pas d'avions privés ni d'aéroport privatif comme nous, ce qui rend les choses plus faciles lorsqu'on les espionne.
Mais cette maison n'est pas une maison normale. C'est une villa neuve achetée par une famille espagnole, les Perez, mais c'est certainement un nom d'emprunt pour cacher la véritable utilité de cette maison. La villa est en effet une des maisons closes gérées par Lucàs pour Béné. Je me prépare donc à affronter un double danger.

Je sors de ma voiture, après avoir vérifier que mes lames étaient bien dans mes talons et que mon revolver était bien dans mon porte-jarretelles. Je m'avance jusqu'au portillon qui monte haut puis appuie sur une sonnette. Une femme portant un uniforme sexy et vulgaire m'ouvre la porte avec un sourire aguicheur. Elle me fait signe de la suivre.
Je m'exécute sagement en tendant l'oreille. Les fenêtres des chambres sont ouvertes et on peut entendre que pour certains, la fête a déjà commencé. Une musique de tango jouée lentement au piano retentit et nous finissons par passer la porte d'entrée. Le vestibule est fermé par des portes coulissantes. La femme me demande alors un cahier à la main :

Femme: Mademoiselle, bienvenue à l'Oiseau Bleu. Nous pouvons vous fournir toutes sortes de plaisir, d'habitude nos clients sont des hommes mais votre orientation sexuelle ne nous dérange pas, nos filles pourrons s'occuper de vous.
Moi: Quand bien même j'étais attirée par les filles, j'ose espérer que cela ne dérangerait personne de nos jours. Mais ce n'est pas le cas.

Elle ouvre grand les yeux.

Femme: Pourquoi êtes-vous ici alors ?
Moi: Je suis là pour le boss.
Femme: Oh, je vois. Je le préviens immédiatement.

Elle tripote un téléphone puis annonce l'arrivée « d'une femme pour vous ». Elle raccroche un instant après et me demande de la suivre. Nous traversons le salon où un homme joue du piano, des filles à moitié dévêtues ou arborant des costumes affriolants charment les mecs présents ici. Le plus vieux doit avoir cinquante ans. Leurs rires gloussés me donnent la nausée mais je tiens bon et monte les escaliers toujours en suivant cette femme. Elle me mène au dernier étage puis dans un couloir où elle me demande de de patienter dans un petit salon décoré dans le style espagnol. J'en conclus que je suis au bon endroit.
Je lisse ma robe lorsque la femme revient avec un plateau. Elle me propose du vin et je me risque à accepter. Puis elle repart, fermant la porte derrière elle. J'attends un instant de plus en observant la totalité de la pièce. Je remarque une caméra posée au plafond. Je décide donc de me détendre un peu et de défaire mon manteau pour m'assoir de façon sexy dans le sofa.

Dix minutes plus tard, une porte en face de moi s'ouvre lentement et laisse apparaître mon pire ennemi. Béné se tient devant moi fier et beau comme toujours. Nous n'avons pas le meme âge, il a 23 ans ce qui rend son visage plus dessiné sur le mien. Il a des cicatrices au niveau de son front. Son torse s'affiche derrière une chemise blanche peu opaque et ouverte. Nous restons là deux longues minutes à nous observer. Il me dévisage de la tête aux pieds en montrant un sourire arrogant et pervers.

Béné: Quatre ans.
Moi: C'était il y'a bien trop longtemps...

Il sourit un peu plus largement. Ses yeux noirs perçants et ses cheveux coupés courts sont très attirants mais je connais trop bien ce qui se cache derrière ce physique.
Il tend la main en décalant son corps pour m'inviter à entrer dans sa chambre. Elle est rouge, les fenêtres sont fermées et les volets aussi. La lumière tamisée donne une dimension mystérieuse à la pièce.
J'avance doucement jusqu'au milieu de la chambre puis m'arrête sans bouger. Il claque la porte et avance pour se laisser tomber élégamment sur son lit défait. Appuyé sur son coude, il tapote la place à côté de lui pour que je le rejoigne. Je m'exécute en prenant tout mon courage, la façade que j'ai travaillé seule face à mon mirror me fait une sorte de bouclier.
Je m'assois puis m'étend un peu avant de plonger sur Béné pour lui donner un baiser langoureux, le genre qui annonce une nuit torride mais il ne se passera rien de plus. Il l'accepte, y répond puis sourit lorsque celui-ci se termine.

Béné: Je ne savais pas que je t'avais autant manqué Guapita...

Je l'observe de haut en bas en souriant de la même façon que lui lorsque j'aperçois son érection se former à travers son pantalon noir.

Moi: Je ne pensais pas t'avoir tant manqué non plus.
Béné: Que veux-tu, on oublie pas la femme de sa vie...
Moi: Tu sais aussi bien que moi que rien n'aurait été possible.
Béné: En tout cas, mon plan a fonctionné. Te voler a été le moyen le plus efficace pour te faire revenir.
Moi: Si ce n'était que ça, pourquoi avoir tué deux de mes hommes ?
Béné: Le feu de l'action. Pourquoi reviens-tu me voir Guapita ?
Moi: Je sais que tu es... comme qui dirait, l'homme de ma vie.

Son sourire s'élargit encore. Dire ses mots me coûte mais je pense à ma famille, au clan et à mon honneur.
Le reste de la soirée se passe en plaisantant sur le passé, Béné est très ouvert et n'a plus aucune rancoeur. Je le fais parler de plus en plus quand :

Béné: J'aimerais que tout les deux, nous régnons sur la Méditerranée, comme un couple.
Moi: Mais nous sommes un couple mon amour.

Beurk.

Béné: Dans ce cas, nous nous reverrons. Dans trois jours au palais de Cristal, je viens te chercher au bar vers 18 heures.
Moi: Entendu, il est tard. Je dois m'en aller. À dans trois jours.

Il sourit avant de caresser du bout des doigts mon dos. Je l'embrasse fougueusement malgré les frissons de dégoût qui m'assaillent puis sors de sa chambre. Je dévale les escaliers et quitte la maison sans rien dire ni demander mon reste, en faisant abstraction des bruits d'ébats que l'on entend jusque dehors.

Média: Béné

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