Trono

Diecimila euro - Dix milles euros

Il m'a entraînée dehors et a demandé au disque-jockey de passer du latino, principalement en espagnol. Il m'a proposé de danser avec lui directement, j'ai accepté, ça faisait partie du rôle dans lequel je me suis jetée. Les filles autour se sont mises à discuter entre elles. Il y'a deux sortes de clan : les filles collant parfaitement à des comptes Instagram de gamines de quinze ans suivant les dernières tendances de couleurs pastels et les filles qui viendraient en sous-vêtements si elles le pouvaient seulement pour attirer un garçon.
Les deux piaillent en me regardant d'un œil mauvais, peut être mon nom ou ma dispute avec Cristiano ou encore le fait que je danse avec ce Lucàs sont les sources de ces messes basses.
Nous faisons une pause pour boire un coup, ces danses m'ont donné faim alors je grignote quelques panadillas, des trucs typiques espagnols. Lucàs me regarde en souriant de toutes ses dents, il pourrait plaire à tout un tas de filles mais je ne serais pas dedans. Je bois une coupe de champagne à moitié remplie d'un trait tout en jetant quelques coups d'œil à mon cavalier.

Lucàs: T'as une sacrée descente.
Moi: J'avais un peu faim.
Lucàs: Tu danses très bien aussi. Il n'y aurait pas tout ce monde...

Ses allusions font apparaître une pointe de dégoût en moi mais je continue mon petit jeu, plutôt divertissant pour le moment.

Moi: Pourtant, j'aurais préféré quelque chose de plus... italien.
Lucàs: Haha, pas étonnant pour une pure italienne comme toi.
Moi: Tu n'aurais pas des cannolis par hasard ?
Lucàs: Peut-être dans la cuisine mais...
Moi: C'est parfait.

Je pars déterminée vers sa cuisine et ouvre grand le réfrigérateur. Je réfléchis, la tête dans le froid à la suite des événements. Mais soudain, j'entends la porte se fermer. Je me retourne, souriant un peu bêtement.

Cristiano: Ne forces pas tant ton sourire. Ça ne te vas pas.
Moi: Je croyais que c'était quelqu'un d'autre.
Cristiano: Lucàs ?
Moi: Tu es jaloux de ton ami ?

Un silence s'installe un instant.

Cristiano: Ce n'est pas une bonne fréquentation.
Moi: Lui ou toi ? Je t'ai vu avec ces filles.
Cristiano: Jalouse ?
Moi: Réaliste. Sors d'ici maintenant.

Il ne bouge pas. Il continue à appuyer sur mes nerfs déjà en paquet à cause de ses conneries.

Moi: Sors d'ici !

Mes hurlements le font reculer jusqu'à la porte qu'il finit par pousser pour sortir. Il disparaît derrière le pan et je reprends mon souffle en replaçant une mèche de cheveux. Je vois la porte se pousser à nouveau.

Moi: Cristiano dégages !
Lucàs: Tu t'es trompée...
Moi: Ah... désolée Lucàs je t'ai pris pour quelqu'un d'autre.
Lucàs: Je vois ça. Tu as trouvé ce que tu cherchais ?
Moi: Oui je crois.

Je retourne fouiner dans le frigo et trouve un seul cannoli au chocolat que je dévore immédiatement. Je trouve également un peu d'alcool de citron alors je m'en sers un verre que je lève face à Lucàs et bois ensuite d'un trait. Ça commence à faire un peu beaucoup.

Lucàs: Tu bois toujours autant ?
Moi: Non.

Il se rapproche de moi et effleure la peau de mes bras, son attitude dragueuse et ses sous-entendus prennent le devant. Je fais semblant d'être à l'aise, d'être normale.