Ridicolo - Ridicule

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Je fais une grimace alors qu'au fond de moi, je n'éprouve aucune surprise ; je m'attendais à quelque chose du genre. Ok, c'est sa grand-mère, Nino est son grand-père, Reina est ici, mais il reste un problème massif et opaque.

Moi: Je suis très content de vous rencontrer, mais je, j'aimerais savoir où elle... pourquoi elle n'est pas là ?

Maria hausse les épaules et regarde maintenant Nino en baissant légèrement la tête. Il alterne son regard entre sa femme et moi, sans avoir l'air paniqué mais tout de même attentif.

Maria: Nous devions partir mais elle n'était pas dans sa chambre.

Nino soupire en s'enfonçant sur le dossier de la chaise tandis que Maria paraît inquiète.

Moi: Reina a disparu ?
Nino: Elle fait ça des fois mais c'est dangereux, surtout en ce moment.
Moi: Il y'a quelque chose que je ne comprends pas : Reina est la meilleure guerrière du monde entier et vous vous inquiéter comme si elle était en sucre...

Ma voix froide témoigne de la tension et de l'impatience que je contiens tant bien que mal. Maria regarde Nino un instant avec un éclat de tristesse dans les yeux, Nino soupire doucement en frottant de sa main les doigts de sa femme. Puis, il me regarde à nouveau.

Nino: On ne sait pas où elle est, elle ne dit rien et reviens toujours avant le lendemain. On ne sait pas pourquoi elle fait cela...
Moi: C'est sans doutes ma faute, l'autre jour j'ai vu qu'elle n'était pas impassible face à moi. Moi non plus d'ailleurs...
Maria: Je supporte de moins en moins de la savoir dehors, et si il lui arrivait quelque chose ?

Je réfléchis un instant, je cherches dans mes souvenirs tout les endroits où j'ai vu Reina, tout ce qu'elle m'a dit sur ses habitudes, ses sentiments les plus simples... de toute façon, elle n'est pas allée plus loin. J'ai une illumination et je redresse la tête face au couple septuagénaire qui est intrigué par mon soudain pic d'humeur.

Moi: Je pourrais la chercher.
Nino: Elle a pu aller loin...
Moi: Non, elle ne prend jamais la voiture, elle marche.

Ils se regardent, étonnés de mes paroles. J'attends leur approbation. Au moins, ils sauront qui j'en vu en dernier si je meurs... Oui, elle risque de me tuer mais tant pis.

Maria: D'accord. Mais fais attention, elle n'est pas très favorable à te...
Moi: Je sais et c'est aussi ma faute, c'est donc à moi de réparer tout ça.

Je me lève de la chaise doucement en regardant au hasard autour de moi, c'est après avoir compris qui est Maria que je comprends qui sont tout ces hommes. Ils sont là pour sa sécurité... Bon, concentré.

Moi: Je la retrouverais, je vous le promets.

Je fais un petit signe de tête pour leur donner confiance et pars en direction opposée de la place. Je regarde alors le bout de papier sur lequel Nino m'avait écrit une adresse dans son bureau. Je parcours le village quelques minutes avant de retrouver la rue en question. Je reconnais la rue où j'ai vu la voiture noire pour la première fois, après la messe. J'avance jusqu'au bout et tombe nez à nez avec la même porte. Bloqué.
Je réfléchis encore une fois et repars sur mes pas. Je prends la direction des hauteurs du village. Quelques minutes de marche à angoisser : est-ce qu'elle sera là où je penses ? Comment on va réagir ? Respires mon grand, tu vas te démerder comme d'hab.
Quand j'ai exploré le village il y'a quelques jours, j'ai remarqué qu'il y'a avait au sommet du rocher un monastère. Connaissant Reina, elle a du se rendre là haut. Pour voir qu'elle dominait toujours, pour voir d'en haut ce qui est à elle. Je monte jusqu'à atteindre le chemin du monastère franciscain. Même si il fait nuit, je vois bien qu'il n'y a personne. Je décide quand même de faire le tour et c'est assise sur un banc que je la trouve.
Sa robe noire flotte dans la brise et comme prévu, elle est face à la plaine. Je m'approche et m'arrête à côté d'elle sans m'assoir sur son banc. Je ne dis rien et regarde dans sa direction. Une ou deux minutes passent comme ça.

Reina: Tu as fini par me retrouver.
Moi: Je t'avais dit que je ne te lâcherais pas.

Elle ne me regarde même pas, moi qui a l'habitude d'être regardé... Et on se croirait en Sibérie orientale. Sa voix est accusatrice, ferme et dure comme du métal mais je sens toujours la chaleur naturelle qui s'en échappe toujours. Je m'assois à côté d'elle, elle ne bouge pas d'un doigt.

Reina: Je croyais surtout que c'était trop dur d'être au même endroit que moi...

Meeeerde ! Cette fille n'oublie rien (comme toutes les filles) et me le resserre congelé sur un plateau ! J'appuie mes coudes sur mes genoux et plonge mon visage dans mes mains. J'ai toujours réussi à mentir, à mener par le bout du nez, à retourner les situations avec TOUTES les filles que j'ai connues mais là, je sens que je vais bien ramer.

Reina: Il faut croire que finalement tes envies ont réussi à prendre le dessus.

Je fronce les sourcils et la regarde. Elle me regarde elle aussi : accusatrice, pleine de caractère, froide mais aussi avec une pointe de tristesse. Elle a besoin de réponses à ses questions autant que moi j'ai besoin de réponses aux miennes.

Reina: Tu n'es qu'un petit joueur.
Moi: Tu parles de moi ?
Reina: Oui.
Moi: Et qu'est-ce qui te fait dire ça princesse ?
Reina: Tu voulais que je me tiennes loin de toi et c'est toi qui m'a cherchée... Je ne comprends pas ce que tu veux...

Voilà, on y vient. Je l'écoute attentivement en ne cachant pas mon plaisir d'être là avec elle. Je ne sais pas comment m'y prendre alors je décide de le lui dire.

Moi: Je ne sais pas faire avec des mots. Ce que je veux dire c'est que, j'ai toujours eu les filles sans aucune envie ni attirance, en claquant des doigts seulement en agissant comme un batard.
Reina: Je sais.
Moi: Tu sais beaucoup de choses dis moi... Mais moi, je ne connais rien de toi.

Je vois dans ses yeux qu'une partie de son esprit se verrouille à mes simples mots. Mais sa voix ne tremble pas, ses mains ne s'agitent pas. Je me demande combien de temps elle s'est entraînée pour réussir à faire ça...

Reina: Tu en sais déjà beaucoup trop : on t'a parlé de la raison pour laquelle je suis ici et ce que j'ai pensé de la dernière fois que je t'ai vu.
Moi: J'aimerais savoir qui tu es, au fond de toi.

Elle me regarde en faisant une grimace qui signifie qu'elle ne me prend pas au sérieux. Je laisse échapper un petit rire et reprends :

Moi: C'est pour ne pas me voir que tu n'es pas descendue au village, pas vrai princesse ?
Reina: Ohhh, encore ce surnom ridicule...
Moi: Ridicule, mon surnom ?

Elle rit en voyant la suffisance que j'affiche et son sourire illumine la nuit. Oh oh focus Cris ! Te laisses pas emballer ! Elle reprend son calme et son sérieux si vite et si platement que je m'inquiète et ravale mon arrogance naturelle.

Reina: Pourquoi tu es venu ici ?
Moi: Parce que j'ai tellement de choses à te dire.
Reina: Arrêtes ta mascarade, si c'est juste pour me coucher parce que tu tiens pas tes hormones c'est mort, oublies !

TronoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant