Solo uno - Une seule

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Point de vue Reina

Face à Cristiano, je doute, j'hésite. D'ailleurs, pourquoi est-ce que j'hésite ? Mon regard alterne soudainement très rapidement entre le visage paniqué mais colérique de Cristiano et celui de Béné qui est à côté de moi, légèrement reculé. Je fixe un instant de plus Cristiano, ce moment est horrible. Je ferme les yeux et tire en appuyant trop fort sur la détente. La détonation, la balle qui s'extirpe du canon, qui transperce sa poitrine et son corps qui tombe.
Je le regarde tomber, s'écrouler sur le sol carrelé couvert d'un précieux tapis comme au ralenti. Sa tête dont les paupières n'ont pas eu le temps de se fermer, le trou rouge dont le sang afflue l'a tué sur le coup. Sa voix n'existe plus, sa menace permanente non plus. Je m'écroule à côté de lui, mes jambes ne me portent plus. Je suis soulagée, ma douleur s'en va et maintenant, le clan espagnol m'appartient à moi, la veuve de Béné.

Il vient de mourir, je lui ai tiré dessus une seule fois. Une seule balle. J'ai pris le dessus, je n'ai pas laissé ses paroles de serpent maudit empoisonner mon esprit et mes pensées. Cristiano se laisse tomber à genoux face à moi après avoir jeté son arme à terre. Il me prend les mains, mes mains tachées du sang qu'il y'a au sol. Je relève les yeux vers lui et le prends dans mes bras. Le sentir me maintenir me fait du bien mais je suis tellement à bout que je me sens partir, pourtant je ne suis pas blessée. Les bruits s'atténuent autour de moi et mes yeux se ferment. Je me sens molle et soudain je ne vois plus.

*******

Je rouvre les yeux et je me vois allongée dans ma chambre. Il fait nuit. La fenêtre est fermée. Seules les ampoules en forme de bougies de mon lustre et la lumière de la salle de bain éclairent la pièce. Je vois ma robe et mes plaques de défense empilées sur un des sièges de l'ensemble sièges et table basse de ma chambre. Je me redresse et vois que mon maquillage a été essuyé, on m'a également habillée d'un pyjama long.
Puis, Cristiano sort de la salle de bain, chemise totalement ouverte, en portant une bassine d'eau fumante. Lorsqu'il relève son regard pour qu'il se plante dans le mien, je le vois soupirer de soulagement. Il ne sourit pas et je me souviens de ce qu'il s'est passé. J'ai hésité à lui tirer dessus, je me suis laissée porter.
Il s'approche de mon lit, s'assoit près de moi et dépose la bassine sur ses genoux. Il tend sa main pour que je lui donne la mienne. Je m'exécute et il la prend pour la laver. Il enlève le sang incrusté dans les plis de ma peau en frottant. Sans aucun mot, il me regarde furtivement quelques fois. Je n'arrive pas à voir si il m'en veut ou non mais son regard est dur.

Moi: Je m'excuse Cristiano. J'aurais pu te tuer. Je t'ai mis en danger.
Cristiano: Tu ne l'as pas fait. Je t'ai désobéis.
Moi: Je m'en veux.
Cristiano: C'est moi qui m'en veux.

Nos voix témoignent d'une pudeur sentimentale réciproque. Il n'ose pas s'exprimer et moi non plus.

Cristiano: Je comprends que tu aies hésiter. Tu ne m'aimes pas, je ne suis pas ton ami et je t'emmerde depuis que je suis arrivé. Je t'ai désobéis, j'ai rompu ma promesse tu aurais pu vouloir te débarrasser de moi pour que je te laisse enfin tranquille.

Son regard bas ne croise pas le mien, il nettoie méthodiquement mes mains, l'une après l'autre. Mais ses mots sont insupportables pour moi, je réalise qu'il est touché par l'attitude froide et hostile que j'ai souvent envers lui.
Je retire mes mains encore trempées des siennes et les dépose sur ses joues. Il relève alors le regard. Je prends la bassine et la dépose sur ma table de nuit avant de me replacer face à lui. Je le regarde un instant de plus puis j'écrase mes lèvres sur les siennes. Je l'embrasse intensément, ce baiser me fait du bien et je sens que lui aussi est soulagé totalement maintenant. Il me rend mon baiser et prend ma tête entre ses mains. Il s'approche un peu plus puis ses mains descendent dans mon dos et ses bras m'encerclent pour m'attirer fermement contre son corps musclé dénudé. Je me blottis un peu et apprécie de sentir sa peau sur la mienne. Sa bouche quitte mes lèvres pour déposer des petits bisous délicats sur ma joue et mon cou puis il s'écarte doucement dans un dernier souffle.

Cristiano: Tu me hais à ce point princesse ?
Moi: Qu'est-ce que tu veux dire ?
Cristiano: Tu veux me rendre fou ou quoi ?
Moi: J'en avais juste envie, j'en avais même besoin. Alors arrête de te mettre des bêtises dans la tête, compris ?

Il répond en déposant un autre baiser rapide sur mes lèvres.

Cristiano: Promis et pour de bon.

Il sourit légèrement et moi aussi. Puis, mon regard tombe un instant vers ses mains qui tiennent les miennes fermement.

Moi: Tu sais si nous avons perdu des hommes ?
Cristiano: Oui, malheureusement. Huit de notre côté et les espagnols sont morts, tous. Ricardo, le père de Béné est mort d'une crise cardiaque lorsque la première détonation la surpris dans la serre.
Moi: Nous tenons leur territoire.
Cristiano: Tu as réussi haut la main ta mission, je savais que tu réussirais.
Moi: Menteur, tu m'as même demandé de ne pas le faire.

J'ai parlé en souriant et mes mots le font rire. Cette ambiance balaye ce qui vient de se passer dans notre maison et dans nos vies.

Cristiano: Je n'avais pas confiance en lui, rien à voir.
Moi: Nous n'avons plus à nous inquiéter d'eux à présent.
Cristiano: Mais est-ce qu'il a dit vrai lorsqu'il a dit que tu n'étais pas... capable d'aimer ?
Moi: Béné m'aimait c'est sûr, je l'ai aimé. Il y'a longtemps et pour les mauvaises raisons, je ne l'aimais plus. Je me demande même si je l'ai réellement aimé un jour. Lui, il a prit notre séparation il y'a des années pour une trahison mais c'était simplement un sauvetage. Je me suis sauvée de son emprise.
Cristiano: Je comprends, princesse. Maintenant, tout ça est derrière. Maintenant, je vais pouvoir me consacrer à toi. Entièrement.

Son regard de dragueur possessif revient, je suis heureuse de le retrouver, il me plaît même si il m'inquiète car je ne sais pas vraiment ce qu'il compte faire. Nous avons vécu un moment dur, proches de la mort mais nécessaire pour notre survie. La survie. C'est ce que je devrais assurer pour mon clan et ma famille lorsque mon père me passera officiellement la main sur nos affaires. Mais pour l'instant, j'ai juste envie que Cristiano soit près de moi. Il m'aide bien, finalement.

Média : mains ensanglantées de Reina

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