Non avevano torto - Ils n'avaient pas tort

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Point de vue Reina

Il est vingt et une heure trente ici et tout le monde s'est déplacé à la fête sur la place il y'a environ une demie heure. Il y'avait déjà beaucoup de monde lorsque nous sommes arrivés, les gens dansaient et s'amusaient sur la piste tandis que les musiciens jouaient, admirés par les plus âgés qui s'étaient mis de côté.
Toute la famille s'est apprêtée pour cette agréable soirée en plein air. Mes tantes se sont parés de leurs bijoux du dimanche et mes oncles ont revêtu leurs plus belles vestes de costumes. Nonno et Nonna sont à l'écart avec leurs amis du village et les autres saluent ceux qu'ils n'ont pas vus depuis longtemps. Anna et Paolo se tiennent la main tandis qu'Enzo suit mon père et le sien.

Je reste en dehors de la foule dansante pour simplement regarder et écouter les musiciens. Cristiano est à côté de moi et il laisse tomber sa main le long de son corps, ses doigts cherchant à attraper les miens. Finalement ma main dans la sienne, on se balance au rythme des mélodies jouées par le petit orchestre. Je le regarde de temps en temps : il est habillé d'un pantalon bleu marine et d'une chemise légèrement grisée. Sa montre de luxe au poignet et sa médaille de baptême au cou, il a tout ce qu'il existe d'italien. Ses magnifiques cheveux noirs plaqués en arrière lui donne une allure mystérieuse et extrêmement charismatique, comme me l'avait indiqué ma cousine Anna lors de notre première rencontre à son mariage.
Soudain, alors que je pensais à cette première rencontre justement, Anna arrive derrière moi et me demande d'aller parler avec elle. J'accepte, laissant Cristiano avec Enzo et Paolo après qu'il m'est lancé un regard triste. Ma cousine me traine un peu à l'écart et nous nous mettons à discuter.

Anna: Ça faisait longtemps qu'on ne s'était pas vues !
Moi: Oui, un peu plus d'un mois, depuis que j'ai quitté le domaine.
Anna: Tu vas revenir vivre avec nous ?
Moi: Bien sûr mais peut-être pas... maintenant. J'ai besoin de...
Anna: Écoutes, je t'avais conseillé de t'éloigner de Cristiano mais je ne veux pas que tu te rendes malheureuse.
Moi: Ça ne me rend pas malheureuse !
Anna: Reina, tu es trop orgueilleuse et trop fière. Tu crois que ça ne se voit pas ou quoi ?!
Moi: De quoi ?
Anna: Que tu l'aimes, bon sang ! Creuses toi la tête cinq minutes et rends toi à l'évidence, au moins pour ta propre paix intérieure.

Je regarde en direction de Cristiano qui discute, les mains dans les poches avec les deux jeunes hommes qui l'accompagne. Il me lance un regard et sourit, je baisse la tête avant de relever des yeux que je veux neutres vers Anna. Mais la neutralité n'a pas l'air flagrante puisqu'elle lève un sourcil.

Anna: Tu sais que Paolo et moi ça a été très dur puisqu'il ne m'a pas dit ce qu'il ressentait pendant deux ans. Lorsqu'il s'est enfin débloqué, tout était beaucoup mieux. Réfléchis, il pourrait t'apporter ce que tu cherches indéfiniment depuis des années.
Moi: Ah oui et qu'est-ce que je cherches ?
Anna: L'amour, la stabilité dans un monde qui ne te satisfait jamais parce que tu es quelqu'un d'extrêmement intelligent qui comprend tout très vite, un monde que t'amusais déjà à gouverner quand tu avais cinq ans.

Je le regarde à nouveau et repense à ces derniers jours passés ensemble, il a été digne, sage et droit dans toutes ses actions. Ses errances sont terminées et il a rendu la passation de pouvoir plus facile. Peut-être ma cousine a-t-elle raison ?

Anna: Vas, je crois savoir que tes parents ne soient pas hostiles.

Je lui souris gentiment et on s'embrasse sur les joues avant de rejoindre le groupe de garçons qui nous attendaient. Paolo pose immédiatement une main sur le ventre arrondi d'Anna et propose à Enzo d'aller chercher une boisson. Ils se dirigent donc vers un petit bar, juste en face de la piste dansante.
Je reste à côté de Cristiano, cette fois c'est moi qui cherche sa main. Il me sourit doucement et je me rapproche jusqu'à m'appuyer un peu contre son corps. La musique change et le chanteur débute une magnifique chanson que j'adore : « Ô Sole mio ». Je commence à bouger sur l'air d'introduction quand Cristiano se penche vers mon visage et murmure :

Cristiano: La jeunette accorderait-elle cette danse à l'homme préhistorique ?

Je laisse un rire s'échapper avant qu'il prenne ma main et m'emmène sur la piste, au milieu d'autres personnes qui dansent elles-aussi. Il passe une de ses mains derrière ma taille tandis que l'autre tient ma main droite en hauteur, les doigts enlacés. Je pose ma main gauche sur son torse et il mène parfaitement la danse en me faisant tourner parfois, déclenchant ainsi une avalanche de rires. Je ne vois que ses yeux malicieux et je ne sens que ses mains au contact de ma peau, rien de plus. Je ne réprime pas ce sentiment, je le laisse venir. Puis nous dansons encore une fois, une autre fois et encore une fois, comme ça jusqu'à vingt deux heures quarante cinq.

Nous finissons par quitter la piste de danse, étourdis mais heureux parce que c'était très amusant et affreusement agréable. Un peu à l'écart, on s'assoit sur un banc un instant avant qu'il ne me propose d'aller chercher un limonade alcoolisée. Il revient deux minutes plus tard en me tendant un verre plein de limonade au limoncello dont je bois une gorgée immédiatement.

Cristiano: Pas si vite princesse !
Moi: Ça fatigue la danse en plein air.

Il rit et je l'imite. Cette soirée est si agréable, si douce. Elle pourrait durer toujours.

Moi: Et dire que c'était très à la mode à l'époque de nos parents, c'était leur atout drague.
Cristiano: Et bien, faut croire qu'ils avaient pas tort.

Je l'observe droit dans les yeux pendant un instant avant de finir mon verre de limonade. Il prend ma main posée sur ma jupe et l'enlace de ses doigts. Ce contact me rassure même si il n'y a aucun danger. Son regard de braise brûle d'une petite flamme de désir autant que le mien brûle en le voyant.
Un moment passe sans que nous ne parlions, juste à écouter la musique et nous regarder de temps en temps. Du coup, Cristiano se lève sans lâcher ma main et se poste devant moi. Je le regarde sans comprendre jusqu'à ce qu'il me demande :

Cristiano: On va faire un tour ?
Moi: J'aimerais mieux qu'on ne revienne pas.
Cristiano: A tes ordres.

Je me lève à mon tour, prenant le bras qu'il me propose en laissant derrière moi ma famille qui ne s'inquiétera pas j'en suis sûre, de me savoir avec lui.
Nous marchons une minute pour nous éloigner le plus possible de la fête et quand nous sommes assez loin, Cristiano prend la parole et s'approche de moi plus rapidement que jamais.

Cristiano: Enfin, j'ai cru qu'on en sortirait jamais !
Moi: J'ai envie de t'embrasser...
Cristiano: Pourquoi t'attends ?

Il enchaîne directement en prenant mon visage et en embrassant langoureusement, avec urgence presque mes lèvres. Il les mordillent quelques fois alors que mes mains se perdent dans son dos et sur le haut de son torse. Puis, notre baiser s'essouffle une fois et reprend avent de s'arrêter définitivement. Il me sourit tendrement et reprend ma main.

Cristiano: J'ai envie de rentrer à la maison.
Moi: Je te suis.

TronoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant