Una fortuna - Une chance

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Elle commence à s'énerver toute seule et mon silence n'arrange pas les choses. D'autant plus, que je ne peux m'empêcher de la regarder de long en large tellement elle est belle.
Elle se lève brusquement du banc, agacée que je ne répondes pas. Les souvenirs de mes dernières paroles sont aussi sans doutes en train de tourner à une vitesse folle dans sa tête.

Reina: Tu peux repartir, je n'ai plus besoin de toi ! Dans quelques jours, je serais à la place de mon grand-père et je pourrais te virer de notre domaine, je ne te verrais plus et tu ne me verras plus ! Ce sera bien mieux comme ça ! On vivaient mieux chacun de notre côté !

Je me relève à mon tour et tente de m'approcher le plus possible d'elle. J'essaie de lui prendre le poignet doucement mais elle se recule en me lançant un égard assassin.

Moi: À une époque, oui j'ai voulu ton corps pour ce qu'il est et te voir démarrer au quart de tour m'amusait. Mais aujourd'hui c'est différent et tu ne l'as pas compris.

Elle passe à côté de moi pour reprendre le chemin de la ville, elle veut s'en aller, elle veut fuir alors que je me suis mis face à mes sentiments pour le première fois de ma vie. Je ne la laisses pas s'échapper et l'attrape fermement par le bras.

Moi: Ecoutes moi bien, j'ai reconnu mes émotions et les ai acceptées pour la toute première fois de ma vie entière ! Alors tu vas pas tout gâcher !
Reina: J'en ai rien à foutre !
Moi: Je t'ai déjà dit par le passé de me parler autrement princesse.
Reina: Même réplique.

Je fais comme si de rien n'était alors que ça m'énerve vraiment, parce que j'ai des choses à dire plus importantes et moins immatures.

Moi: Je me suis bougé jusqu'ici pour te retrouver et te dire ce que je n'ai pas dit juste par... fierté.

Je prends énormément sur moi et me donne du courage en pensant à ce que m'a dit Angelo sur sa propre histoire avec Giulia. Elle me fixe en colère alors que je laisses ressortir un peu l'instinct qui est en moi.

Moi: Je t'ai menti, je t'ai dit que je voulais que tu témoignes alors que la seule chose dont j'ai envie au fond, c'est de t'avoir toute à moi.
Reina: Tu ne te rends pas compte de ce que tu dis...
Moi: Je rigoles pas avec toi princesse, je te dis la vérité et ça me coute, crois moi.
Reina: Alors pourquoi tu ne te tais pas ?

Son insolence me pousse à bout. Je me sens bouillir, près à exploser. Finalement notre relation est comme ça : on se retient, se nargue jusqu'à exploser et tout lâcher.

Moi: Parce que je dois te le dire. Tu en feras ce que tu veux, je m'en fiche.
Reina: Tu mens.
Moi: Pourquoi je mens ?
Reina: Parce que moi je sais que tu ne t'en fous pas.
Moi: Tu as raison... et ça me coute aussi.

Un air victorieux s'affiche sur son visage et j'ai envie de le lui faire ravaler vite fait. Je me contiens tellement que j'ai l'impression d'être un de ces hommes bien en chair coince dans un costume de gala sans pouvoir bouger sans faire craquer les coutures.

Reina: Alors vas-y !
Moi: J'ai besoin de t'avoir près de moi, sans personne qui te regarde avec envie, je n'ai jamais ressenti autant d'attirance qui plus est rejetée par l'intéressée. C'est pas des conneries Reina, je veux pas que tu sois loin de moi.

Elle me regarde un instant, une lueur d'espoir s'allume dans mon cerveau. Je la vois attentive, espérante presque que je dises la vérité. J'ai dit la vérité, pas entière mais c'est déjà un grand pas pour moi.

Reina: J'aimerais te croire...

Ah ouais, c'est comme ça ?! Je fronce les sourcils sans relâcher la pression que j'exerce sur son bras et soudainement attrape son visage pour l'embrasser fougueusement. Elle met en certain temps pour réagir et finalement répondre à l'appel de les lèvres qui laissent passer ma langue pour qu'elle aille danser avec la sienne. Elle se laisse faire sans montrer aucun geste de résistance, à ma grande surprise. Mais je suis trop bien pour m'interrompre. Un baiser intense, urgent au départ qui est devenu passionnel maintenant. Elle pose sa main sur mon bras et c'est comme si elle déclenchait un séisme : je sens la pression forte et soudaine de mon envie d'elle me faire mal. Mais je l'ignore et profite de ce moment suspendu.
Quand notre baiser s'essouffle et que nous séparons nos visages, Reina baisse la tête avant de redresser son regard un peu plus serein vers le mien. Elle sourit d'une manière étrange et je sens sa main s'approcher vite de ma joue. Je l'arrête à temps, ce qui la fait sourire encore plus.

Moi: Je refuse que tu ne me crois pas et que tu n'aies pas confiance en moi.
Reina: Tu n'as rien fait pour ça aussi.
Moi: C'est vrai, mais je veux que tu me croies.

Elle garde un sourire satisfait qui me plaît et croises ses bras relâchés sur sa poitrine, la faisant remonter élégamment. Focus, focus...

Reina: Qu'est-ce que tu proposes ? A part me mater et m'embrasser sans prévenir, bien sûr...
Moi: On se voit, tout les jours. On discute, on apprend à se connaître vraiment. Tu décideras ensuite.

Je la vois réfléchir, j'ai tellement besoin qu'elle me donne une chance. J'ai tellement besoin d'elle que je ne supporterais pas un « non ».

Reina: C'est d'accord.

Sa voix est plus calme, plus apaisée, plus douce. Je suis rassuré et je m'apaise aussi même si rien n'est gagné.

Moi: Alors, on se retrouve demain devant l'église.
Reina: Et bien...
Moi: Tu n'as pas le choix.

J'affiche un petit sourire pour lui montrer que je suis ferme sur ma proposition mais tout ouvert à elle. Elle sourit et fais un petit signe de tête pour relever son menton un peu plus.

Reina: Bon, très bien. J'y serais à quatorze heures. Tu as une chance... j'ai jamais donné de chance à une espèce d'abruti malade d'exclusivité et de domination, à toi de jouer.

C'est tellement affriolant que j'élargis mon sourire avant de l'attirer contre moi pour déposer sur sa joue un bisous qui en dit long. Je respire l'odeur douce d'agrumes sur ses cheveux si soyeux. Une image de ses cheveux tenus fermement par mon poing alors qu'elle est contre moi, nue, m'assaille venant de nulle part. Je la chasse : ce que j'ai réussi à faire est tellement beau et précieux que je ne veux rien gâcher avec de la maladresse ou une montée d'hormones. Elle s'écarte et laisse ses doigts logés dans le creux de ma main. Elle est gênée, un peu et ça m'attendrit. Mais qu'est-ce qui m'arrive...

Reina: Tu me raccompagnes jusque dans ma rue ?
Moi: Avec plaisir, princesse.

Je vois son sourire doucement moqueur orner son visage et elle me tire vers le chemin. Sa main dans la mienne, je suis heureux. La marche dans la nuit se fait sans un mot mais nos gestes et nos regards parlent. Elle est contente et je suis heureux. Seulement, la possibilité d'un échec ternit ma perspective et je ne serais pleinement heureux lorsqu'elle sera à moi.
Je la raccompagne jusque dans sa rue comme elle me l'a demandé, après avoir fait un petit détour pour contourner la place pour ne pas être vus. Lorsque ses doigts glissent de ma main, je me sens soudain moins sûr de moi et la voir s'en aller jusqu'à la petite porte en bois peint de noir me donne chaque seconde envie de la rattraper. Mais je n'en fais rien et restes plante au milieu de la rue, mains dans les poches jusqu'à qu'elle disparaisse derrière sa porte.
Je me retourne et fais le chemin jusqu'à l'hôtel. J'ai pu la voir, l'approcher, lui parler, me faire entendre et conclure d'un accord avec elle. C'est déjà ça mais ce n'est rien et j'en suis conscient. Ce ne sera pas facile mais je la veux, alors je suis prêt à tout.
Je pars me coucher, libéré d'un petit poids alors que la fête bat encore son plein plus bas dans la rue. Je n'ai pas pensé à aller voir Nino et Maria mais ils la verront de retour à la maison avant le lever du soleil et ça calmera leurs angoisses. J'ai hâte d'être à demain.

TronoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant