Trono

Benvenuto - Bienvenue

Aussitôt que nos pieds touchent le sol du rez de chaussé, nos mains se décrochent mais il est impossible de s'assoir à l'opposé l'un de l'autre alors je reprends ma place et il s'assoit à mon côté. Mon père et ma mère ne relèvent rien, Anna me sourit et Vincenzo fait un léger signe de tête à son fils. Ça ne m'étonnerait pas qu'ils en aient parlé ensemble. Ils ont compris.

Nous restons encore une heure et demie chez le Giovanelli et il est environ dix-sept heures quand nous reprenons nos affaires pour rejoindre nos voitures. Cristiano chuchote quelque chose dans l'oreille de Donatella puis elle monte à l'étage. Mon clan salue les membres de la famille Giovanelli. Je ne dis pas au revoir à Cristiano, personne ne le remarque enfin, je pense. Quant à Eliseo, il n'a pas décroché un mot et ne compte pas saluer la mère de Léonardo, ça se comprend, il a perdu la femme qu'il aimait malgré son hypocrisie et son infidélité alors il est le moins bien placé pour consoler la peine de cette famille.
Francesca est réfugiée dans les bras de son mari qui l'enroule d'un bras tandis que Simona pleure encore, blottie dans les bras de son fiancé qui était arrivé il y'a une demie heure. Ils ne disent rien sauf lorsque c'est nécessaire et nous nous dirigeons vers la porte d'entrée de la maison. La chaleur de cette fin d'après-midi nous assaille dès qu'on ouvre la porte. Chacun rejoint son véhicule et moi, je jette des coups d'œil vers les escaliers. Donatella finit par descendre peiniblement avec une valise pleine pour l'apporter à Cristiano. Sa mère qui était calme jusqu'à lors, remarque le bagage et lance une brimade à son fils.

Francesca: Où comptes-tu aller toi ?!
Cristiano: Je pars, je vais au domaine Cortesi.

Je regarde mon père, il fixe Cristiano mais sans surprise, sans méchanceté, sans incompréhension. Il attend simplement la suite. Tous les autres retiennent leur souffle sans se douter de la véritable raison, mise à part Anna.

Francesca: Tu m'as dit que ton travail là-bas était terminé.
Cristiano: Pas tout à fait, et il n'y a pas que le travail dans la vie.
Francesca: On vient de perdre ton frère et toi, tu ne penses qu'à aller batifoler dans les casinos de cette famille en appelant ça « travail » !
Cristiano: Ce n'est pas ça, mon travail mère et j'ai rencontré quelqu'un à Palerme, je l'aime et je retourne vivre avec elle.

Le regard vitreux de vipère de Francesca abandonne son fils pour se visser sur mon visage. Elle me dévisage en écarquillant tellement les yeux que j'ai l'impression qu'ils vont sortir de ses paupières. Je ne baisse pas les yeux et je ne détourne pas non plus mon regard d'elle. S'en livre donc une bataille visuelle effrayante.

Francesca: Ça suffit Cristiano tes bêtises, tu as vingt-quatre ans, tu n'es plus un gamin !
Cristiano: Justement, je fais ce que je veux et j'assume mes choix de vie.
Francesca: Très bien, alors pars mais je te préviens, ne t'avises pas de revenir ici !
Vincenzo: Francesca...
Papa: Madame Giovanelli, nous avons tous compris que Cristiano et Reina s'aiment. Ils sont majeurs et matures, nous devrions les laisser choisir.
Francesca: Il en est hors de question ! Vous imaginez le déshonneur, nous devrons le renier devant nos amis sinon que diront ils ? Vous y avez penser ?!
Mama: Je ne comprends pas bien, vous êtes en train d'insulter notre famille ?

Ma mère a été touchée en plein cœur et c'est seulement sous cette condition qu'elle montre les crocs. Là, elle vient d'avancer de plusieurs pas prête à bondir sur Francesca au prochain mot déplacé. C'est ce que je craignais et pour le coup, je reste tétanisée face à la situation, je ne dis rien.

Francesca: Je savais que cet enfant ne nous apporterait que des problèmes, tu n'es pas  comme nos autres enfants Cristiano ! Rien qu'un raté, un dépravé qui ne pense qu'à s'attirer des ennuis.
Simona: Mama, voyons.