CHAPITRE 10

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Tapie sous la couverture depuis bientôt des heures, Avalone se demandait quand est-ce qu'il allait venir la tuer, mais cette finalité tardait à se réaliser. Puis elle se dit qu'il l'avait amené ici pour l'utiliser comme jouer, quand elle se rappela qu'en dehors de regards qui lui glaçait le sang, il ne lui avait jamais adressé la parole. Elle se dit alors qu'il devrait vouloir l'utiliser comme garde-manger, mais elle soulignant le fait qu'il ne l'avait jamais approché, ou même regardé comme une poche de sang ambulante, car c'était bien de ça dont ils se nourrissaient ? Tous les livres, les films, et les délires de personne sous LSD affirmaient la même chose, les gens de son espèce se nourrissaient de sang, ils ne pouvaient pas tous mentir, mais à cet instant, à défaut qu'on lui dise qu'elle était folle, Avalone aurait tout donnée pour qu'on lui dise que la créature chez laquelle elle était retenue prisonnière se nourrissait d'avoine !

Cachée autant qu'elle pouvait se le permettre, elle écoutait le lourd silence ambiant, et comme d'habitude, rien ne lui parvenait. Les heures passèrent, jusqu'à ce que la lune se présente au rendez-vous auquel le soleil ne pouvait être présent, et toujours recroquevillée, elle écoutait dès à présent le concert de gargouillement que donnait son estomac affamé. Son dernier repas, elle ne savait pas à quand il remontait, parce qu'il n'était pas question de compter ce que Nalla lui avait servi, et qu'elle n'avait mangé qu'à moitié, comme nourriture.

Nalla...

Reviendrait-elle la nourrir ? Et si elle était la sœur de l'autre, c'est qu'elle était elle aussi comme lui, alors pourquoi avait-elle les yeux d'une autre couleur ? Pourquoi avait-elle été gentille avec elle contrairement à son frère ? Et bien avant d'obtenir la réponse à sa question, Avalone entendit son ventre gronder comme jamais, au point qu'elle le sera avec ses paumes comme pour le faire taire.

Elle avait faim, c'était certain, et dans ces cas-là, trouver de quoi se nourrir était plus important. S'il voulait la tuer, il pouvait le faire à n'importe quel moment, ce n'était pas le fait de rester sous les draps qui allait la sauver. Alors, hésitante, elle souleva le lourd tissu qui la recouvrait, passa sa petite tête en dehors, et constata qu'il faisait nuit. Elle fixa la chaise qu'il occupait toujours, et remercia le Ciel quand elle ne l'y vit pas, elle alluma la lampe de chevet, en soupirant quand sa première impression fut validée. Doucement donc, elle posa la pointe de son pied sur le sol froid de la chambre, et se leva, avant de bien vite retomber sur le lit, lorsqu'elle fut prise par un étourdissement dû à son état. Après une deuxième tentative, elle réussit à se mettre debout, l'estomac sur les talons, elle marcha le plus silencieusement possible jusqu'à la porte qu'elle ouvrit dans le même silence. Et comme précédemment, elle passa la tête dans le couloir, et les veilleuses sur le long des murs, éclairaient le large couloir au luxe lui aussi ancien, mais le plus beau, il n'y avait personne. Elle resta toutefois là, devant la porte ouverte, comme un oiseau qui hésitait à sortir même quand la cage était ouverte. Elle prit une profonde inspiration, attendit pour voir si son corps ne lui dirait pas qu'il arrivait, et comme ce ne fut pas le cas, elle se décida à poser un pied en dehors de la pièce. Le poing droit, sur son cœur, et les dents serrées par l'angoisse, elle se mit à marcher très lentement, puis plus vite à chaque fois que sa peur montait. A n'importe qu'elle moment, il pouvait surgir devant elle, lui tordre le cou, et la vider de tout son sang, se dit-elle en marchant à pas feutrés à travers le long couloir qui semblait n'avoir pas de fin.

Dans sa robe blanche qui lui atteignait les mollets, Avalone tourna en rond une bonne vingtaine de fois, essaya d'ouvrir les portes qu'elle trouvait sur son passage, mais elles étaient toutes fermées. Elle prit les couloirs n'importe comment, tourna encore et encore en rond, se perdit dans l'immense manoir, et au bout de la vingt deuxième ronde, elle déboucha sur ce qui ressemblait à une immense salle à manger. La grande table comportait au bas mot une trentaine de chaises de part et d'autre, et comme partout où elle était passée, aucune lumière forte n'avait été allumée, juste les veilleuses qui diffusaient leurs faibles clartés. Au centre de la table, se trouvait un panier de fruits uniquement là à titre décoratif, certaine de trouver mieux, elle ouvrit les portes attenantes à la salle à manger convaincue de déboucher enfin sur une cuisine, mais apparemment, il n'y en avait aucune. Dépitée, elle regarda autour d'elle, et son regard retomba sur le panier de fruit, et quand son ventre rugit une fois de plus en la faisant saliver abondamment, elle n'eut d'autres choix que celui de se diriger vers le milieu de l'immense table. Et même là, ce ne fut pas facile, la largeur du meuble, ne lui permettait pas d'atteindre le panier qui se trouvait au centre, et sa robe ne lui facilitait pas la tâche pour grimper la hauteur requise. Elle tira donc la lourde chaise la plus proche, chose qui déclencha un bruit sourd en raclant le sol, et elle s'immobilisa, puis attendit de voir si le bruit ne l'avait pas alerté, consciente que non, elle posa son pied sur la belle tapisserie du siège, et avec une poussée, elle se retrouva dessus, puis bientôt sur la table.

Telle un moine bouddhiste, elle était assise au beau milieu du meuble, les longs cheveux noirs comme la nuit, reposant sur la nappe toute blanche, le panier devant elle, et le regard concentré.

Sans attendre, la jeune femme aux yeux bleus-violet commença par les bananes, en englouti dix, s'attaqua aux poires, trois pour être plus précis, puis les grappes de raisins. Doucement ses forces lui revenait, et plus son estomac faisait moins de bruit, plus sa faculté à réfléchir revenait. Peut-être donc était-elle seule ? Peut-être était-il parti, et si tel était bien le cas, elle avait là une occasion de s'enfuir. La première grappe de raisin terminer, Avalone toujours confortablement installée au milieu de la table, réfléchissait sur la manière dont elle allait se retrouver dans la maison, afin de trouver la sortie, lorsque les poils de son dos se redressèrent, et elle fut assaillis par des picotements. Sans raisons particulières, son cœur se mit à cogner dans sa poitrine, et ses doigts se mirent à trembler, comme quelqu'un qui était en proie à une transe prochaine. Il arrivait ! comprit-elle.

Rapidement, elle ramassa quelques pommes, plus deux ou trois grappes de raisin, des cerises, qu'elle fourra dans la grande poche kangourou de sa robe, puis elle glissa sur le rebord de la table avant de descendre en un bond, sans remettre en place la nappe. Son cœur cognait, sa marche rapide devint une course quand elle le senti proche d'elle, et contrairement à la première fois, elle ne se perdit pas une seule fois, et c'est avec soulagement qu'elle tomba sur la chambre dont elle avait laissé la porte grandement ouverte. En entrant, elle ne prit pas la peine de refermer. Elle éteignit la lampe qu'elle avait mise en marche en sortant, se jeta sur le lit en faisant attention à ses provisions, puis elle remonta la couverture sur elle.

Les yeux grands ouverts, elle écouta, le souffle coupé comme d'habitude. Il passa devant elle, elle entendit ensuite l'eau couler, et là elle se mit à penser qu'il devait être en train de prendre sa douche, et de pensées en pensées, elle se mit à se demander comment son corps devait être luisant d'eau, elle se mit à réfléchir sur ses cheveux lorsqu'il devenait humide, et là ce fut ses joues qui rougir, et son corps devint sensible lorsqu'elle osa s'imaginer avec lui sous la douche. Difficilement, elle déglutit, et efforça son esprit à repenser au cours du professeur Holmes, il avait le cours le plus ennuyant de tous les temps, elle obligea ses penser à dévier sur ses théories que peu d'étudiants écoutaient, et tout marchait pour le mieux avant qu'elle n'entende l'eau se refermer, et là, Avalone retourna dans ses étranges pensées où elle le voyait s'habiller, elle imaginait l'odeur qu'il devait avoir, et sans raison particulières, les pupilles rouges de Gabriel s'invitèrent à ses divagations, et là ce fut la douche froide. Il était un monstre, et il allait la tuer un beau jour, c'était tout ce qu'elle devait garder à l'esprit.

BLACKBURN SANGRE ( La musique du sang)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant