Cachée sous les couvertures, Avalone ne cessait de pleurer en hoquetant, comme si on lui avait annoncée la mort d'un être aimé, ou s'il était question d'un enterrement, mais le plus étrange, c'était qu'elle pleurait plus pour son geôlier que pour l'intrus qu'il était parti traquer dans la forêt. Elle s'était prise à se demander à quoi ressemblerait sa vie une fois qu'il serait mort, et le semblant de réponse qui se dessinait à l'horison ne lui plus pas.
Recroquevillée avec un pan du drap noir qu'elle utilisait comme mouchoir, elle inondait le bras qu'elle avait replié sous sa joue de liquide lacrymale. Une part d'elle, et elle ne savait pas à quel point cette part était grande, avait envie que Gabriel revienne sain et sauf, et l'autre partie de sa conscience voulait que l'intrus qu'elle était censée connaitre vienne la chercher. Mais cette deuxième envie ne cessait de perdre en valeur, à chaque fois que les minutes s'écoulaient.
Bien entendu, elle savait qu'elle devrait au contraire souhaiter que Gabriel soit assassiné, et ainsi, elle rentrerait chez elle, pour enfin oublier toute cette histoire une bonne fois pour toute, mais elle ne le pouvait. Elle avait écouté tous les moindres bruits sans rien entendre si ce n'est ses propres sanglots, ainsi que le bruit du violent vent et des éclairs qui fendaient le ciel dans des hurlements assourdissants, et cela jusqu'à ce qu'elle sente une présence dans le manoir. Les pas étaient furtifs, mais il y'avait bien quelqu'un, ou plutôt quelque chose se dit-elle en resserrant un petit peu plus ses doigts tremblants autour des couvertures, tout en évitant de faire le moindre son. Elle bloqua son souffle maintenant bruyant à cause de ses pleurs, évita de bouger, et attendit. Elle entendit la porte de la chambre qu'elle avait fermé s'ouvrir violemment au point qu'elle aille buter contre le mur, et elle sursauta au son sec que cela produisit. Les pas rapides avancèrent vers elle, et elle ferma les yeux. La courtepointe dont elle s'était recouverte fut soulevée brusquement, laissant entrer sous la chaude couverture un courant d'air frais qui se posa sur sa peau humide de sueur et de larmes. Elle hoqueta en tremblant, mais ne bougea pas, ni n'ouvrit les yeux. Toutefois, elle n'avait pas besoin de cela pour reconnaitre l'aura de la bête qui se tenait au-dessus d'elle, la couverture en main. Tous ses muscles se détendirent, et sa peur la quitta. C'était lui.
Gabriel laissa la couverture retomber sur les traits humide d'Avalone, en ne comprenant pas l'origine du soulagement qu'il éprouvait de la savoir chez lui en sécurité. Ses joues roses, sa peau d'albâtre, sa petite bouche aux lèvres ourlets, et peintes d'un rouge vif étaient entrouvertes. Ses paupières au longs cils noirs étaient perlés de larmes. Il avait hésité à la soulever telles une poupée pour l'examiner de plus près, mais apparemment, elle allait bien. Le soulagement avait fait place à la colère d'avoir laissé son frère lui échapper une fois encore. Une grimace d'irritation passa sur ses traits gelés avant qu'il ne se décide à aller sous la douche.
En entendant l'eau de la douche crépiter sur le sol de la cabine la jeune femme s'autorisa à souffler de soulagement. Elle retira la couverture pour poser son regard en direction de la salle de bain dont la porte avait été à moitié fermé, et d'où la lumière sortait pour éclairer partiellement la chambre. Du fait des ouvertures de la pièce, le vent frais du lac entrait par intervalle régulier, rendant la chambre froide. Elle posa un pied après l'autre sur le sol tout aussi froid, quitta le lit, jeta un regard sur la porte rabattue, passa devant sa chaise pour se rendre à la porte fenêtre afin de la refermer lorsqu'elle entendit le bruissement que faisait l'eau se taire dans la pièce d'à côté. Sans vraiment réfléchir à revenir sur sa couche quitte à avoir froid à cause du vent qui entrait, elle se fraya un chemin dans léger rideau blanc qui s'élevaient au bon gré des courant d'air, et sortie se tenir sur le balcon de la chambre.
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BLACKBURN SANGRE ( La musique du sang)
VampirVingt-un an qu'elle vivait en retrait, vingt-un an qu'elle regardait le monde par un trou de serrure, vingt un an qu'elle avait l'impression de ne pas compter, de ne pas voir les mêmes choses que tout le monde, vingt un an qu'on lui répétait qu'elle...