BLACKBURN SANGRE ( La musique du sang)

CHAPITRE 42

Avalone était enfermée depuis bientôt quinze minutes dans la salle d'eau, et arrêtée sous les puissants jets d'eaux comme Gabriel le lui avait demandé, elle réfléchissait vraiment à ce qui allait se passer une fois qu'elle arrêterait l'arrivée d'eau. Dans l'immense cabine de douche, une dense couche de vapeur d'eau l'enveloppait entièrement, rendant floue tout autour d'elle et les yeux fermés, elle avait l'impression d'avoir cependant l'esprit plus clair que jamais. Toute sa vie avait été une série de doutes, elle s'était demandé si sa famille l'avait cru ne serait-ce qu'une fois lorsqu'elle leur disait qu'elle n'était pas folle, puis le temps avait passé, et elle-même avait fini par se demander si elle ne l'était pas, elle s'était toujours demandé si la sensation d'avoir une présence invisible qui regardait constamment par-dessus son épaule existait vraiment, elle avait pris à tour de bras des médicaments pendant des années pour endormir cette sensation, tout en se demandant si c'était ce qu'il y'avait de mieux à faire. Il y'avait toutes ces fois où elle avait regardé un garçon en voulant l'approcher sans jamais trouver le courage d'y aller, parce qu'incertaine, ainsi que les fois où elle voulait embrasser Jackson sans pour autant le faire par peur que ça ne ruine leur amitié, toutes ces fois où elle se gardait de se mêler aux autres, préférant ainsi regarder la vie à travers le reflet d'une vitre, oui, à chacun de ces instants, il y'avait toujours la pernicieuse petite voix du doute et du manque de confiance en soi dans sa tête pour lui souffler que ce n'était pas la bonne marche à suivre, mais là, là il n'y avait rien, juste le calme plat dans sa tête. Elle était certes nerveuse, mais pas dubitative, toutefois pour faire plaisir à Gabriel, elle attendit pour voir si quelque chose viendrait émietter sa décision, et plus les minutes passaient, plus sa volonté s'affirmait. Auprès de Gabriel elle se sentait bien, en sécurité, mieux qu'avec n'importe quelle autre personne sur cette terre, elle lui faisait confiance, encore plus qu'en elle-même, et c'était la première fois que son corps, et son esprit, que tout le monde qualifiait de fou, s'accordaient sur une même chose, Gabriel était le bon, oui, elle était parvenue à ce cap de la vie d'une femme, où elle allait accorder sa confiance absolue à un autre, et le laisser la toucher, lui donnant ainsi ce qui ne se donnait qu'une fois aux yeux de la morale.

Gabriel se tenait devant l'une des immenses fenêtres de la chambre, il aurait pu partir, il aurait dû partir même, mais il n'avait pu se résoudre à le faire. Son temps de répit il l'avait eu, mais qu'en avait-il fait ? Rien, mise à part se retenir d'entrer dans cette salle de bain pour l'en faire sortir. Il évitait de lire dans les pensées de la jeune femme par peur de voir ce qui s'y trouvait, et il trouvait que le temps qui passait semblait le plus long de toute son existence. Il entendait l'eau couler, et il savait que lorsque ce son s'arrêterait, il aurait sa réponse, elle pourrait lui dire, j'ai bien réfléchit, et je crois qu'il serait mieux de ne pas aller plus loin, tout comme elle pourrait toujours vouloir de lui, mais ce qui l'inquiétait, c'était que lui ne savait pas ce qu'il ferait si jamais elle lui disait non. Puis, l'eau cessa de couler, et ce fut lui qui faillit s'effondrer, il l'entendit sortir de la cabine de la douche, prendre l'un des tissus de bain, il entendait même le bruit qu'elle faisait en se séchant les cheveux avec la deuxième serviette, et plus il l'écoutait, plus son érection grandissait. Elle arrivait. Il entendait dorénavant ses pas mouillés sur le sol, et enfin la porte s'ouvrit. Il écoutait les yeux fermés le battement rapide du cœur d'Avalone, elle était nerveuse, il attendit, il ne serait pas le premier à parler de toute façon il ne le pouvait. Sa gorge était trop serré pour cela. Le temps passa, lourd et léger à la fois, doux et intense, calme, et bruyant ; puis elle se décida enfin à lui dire quelque chose, et comme il s'y attendait, il succomba.

- Gabriel... avait murmurer Avalone en entendant un grognement lui répondre.

Il ne put s'empêcher d'inspirer profondément pour sentir la chaleur qui l'enveloppait, ainsi que l'odeur du gel de douche à lui qu'elle avait utilisé. Son esprit s'illumina lorsqu'il comprit que sa décision avait été prise depuis belle lurette, plus précisément depuis le jour où il l'avait vu pour la première fois, cette nuit où même sans la connaitre, il avait tué tous ceux qui l'avait fait pleurer. Puis il avait avancé son histoire avec Kaheel pour pouvoir squatter l'esprit de la jeune femme, et il avait fini par trouver une raison d'aller la chercher, il l'avait ensuite chassé quand les choses avaient pris une tournure dangereuse, pour ensuite aller la récupérer quand le mâle à qui elle était destiné était venu pour elle. Elle l'avait embrassé, il avait aimé au-delà du raisonnable, mais une fois encore il avait décidé de fuir, et là, ce soir, sa réaction qu'il a eue envers Khil, mais comment avait-il pu être aussi aveugle pour ne pas voir ce qui se passait ? Il se donnait juste du temps, il se cachait, et il aurait pu continuer ainsi pendant longtemps, mais il a fallu qu'elle vienne le chercher dans sa tête. Il tuait sans réfléchir dès lors que son bonheur était en jeu, il n'arrivait pas arrêter les effets que sa voix avait sur lui, il avait tout du mâle soumis, sans en être cependant un. Si Rhéa ne lui avait pas dit le contraire, il aurait dit que si. C'était ce côté de la situation qui était encore touffu, mais qu'importe, il se savait foutu, et malheureusement ou heureusement pour elle, elle était aussi perdue, car peu lui importait sa décision, cette femelle, il en ferait sienne.