Le silence revint, elle ne parlait plus, et lui, il ne partait plus, aussi, l'humaine se mit à attendre un signe qui ne vint pas. Alors, la vérité qu'elle rechignait à voir depuis le début s'imposa à elle. Sa place n'était pas à ses côtés, et cela en dépit de ce qu'elle voulait croire, elle devait partir. De toute façons qu'attendait-elle de lui ? Il était un vampire, il vivait plus longtemps qu'elle, alors à quoi bon se lancer dans ce genre d'histoire, ou même forcer quelque chose si le temps jouait d'avance contre vous ? Il fallait partir, retourner à sa vie. Faire semblant. Les larmes lui montèrent aux yeux, elle sentait sa gorge se serrer, mais elle inspira pour refluer sa tristesse, et se donner contenance. Devant lui, il ne fallait pas paraître comme la femme avide d'attention de sa part qu'elle était cependant.
- Je vais m'en aller. Annonça-t-elle alors d'une voix calme qui arrivait même à se fondre à la douceur du silence.
- Non. Fut la réponse qui vint presqu'instantanément.
- Tu n'as pas ton mot à dire. Tu ne veux pas de moi, tu te comportes comme un veuf éploré, mais ça ne t'empêche pas d'aller passer des heures seul à seul avec une autre, et cela je ne sais où. Donc non, je ne compte pas rester pour voir ça.
- Toi et moi, ce n'est pas possible.
- Alors laisse-moi partir.
- Non. Répéta-t-il sur un ton automatique, comme un ordinateur qui vous répéterait, veuillez répéter, je ne comprends pas la question.
- Pourquoi ?
Silence.
- Soit tu me parles, soit tu me laisses partir Gabriel, mais tu ne peux pas, ne pas faire l'un des deux.
Le silence revint, plus lourd, et même en ne voyant qu'une ombre dans l'obscurité, Avalone comprit qu'il réfléchissait, qu'il pesait le pour et le contre, en triant ce qu'il pouvait, ou ne pouvait pas lui dire, avant de finalement se décider.
- Contrairement à ce que colporte les sombres rumeurs à nos sujets, les humains et nous, ne nous sommes jamais vraiment mélangés. Nous sommes juste deux espèces vivants côte à côte sans que l'une ne soit au courant de l'existence de l'autre. Nous avons nos propres règles et lois, nos propres traditions et institutions. L'humain prend peur rapidement, et face à la peur de l'inconnu, il peut devenir ingérable, aussi pour passer inaperçu, nous nous fondons dans la masse, en respectant tout aussi vos lois. Pour ce qui est des relations, nous ne prenons jamais d'humains pour partenaires, parce qu'ils sont faibles, ne vivent pas longtemps, et aussi, parce que leurs femelles n'arrivent jamais à mettre nos petits au monde, et rares de leurs mâles arrivent à répondre entièrement aux besoins de nos femelles pendant la période féconde. Certains d'entre nous ont bien-évidemment essayé, et à la mort prématurée de leur partenaire, dans de banals accidents, des maladies, ou pendant l'accouchement, ils sont soit devenu fous, soit sont morts, encourageant ainsi les autres à ne pas s'y mettre, et exacerbant le clivage entre nos deux mondes. Certes beaucoup de fausses rumeurs circulent à notre propos, mais là où vous avez raison, c'est lorsque vous dites qu'on n'a besoin de sang pour survire, mais là où vous avez tout faux, c'est lorsque vous pensez que le vôtre est suffisamment puissant pour nous.
- Donc vous ne vous nourrissez pas sur les humains ?
- Non, ce n'est pas notre tasse de thé. Et en règle générale, nous ne prenons pas leur sang comme beaucoup peuvent le croire, car il est trop faible pour couvrir nos besoins, le métabolisme d'aucun vampire ne peut vivre de sang humain à moins d'en consommer des litres par jour, et même là, il serait très faible, trop même. Mais il peut arriver qu'un vampire couche avec un humain, et prenne son sang, mais c'est juste pour savoir ce que ça fait, pas pour en faire une habitude. Nous nous nourrissons à la place sur nos partenaires au sein de la race, qu'ils soient sexuels, ou définitifs. Ça c'est la règle générale, mais pour moi en particulier, les choses sont bien différentes.
VOUS LISEZ
BLACKBURN SANGRE ( La musique du sang)
VampirosVingt-un an qu'elle vivait en retrait, vingt-un an qu'elle regardait le monde par un trou de serrure, vingt un an qu'elle avait l'impression de ne pas compter, de ne pas voir les mêmes choses que tout le monde, vingt un an qu'on lui répétait qu'elle...