L'esprit titillé par une panique qu'elle ne se devait pas de laisser généraliser, Avalone inspira profondément, passa les mains dans ses cheveux, les ramena derrière, et se retourna. L'inquiétude courrait dans ses veines, certes, mais l'adrénaline, et l'instinct de protection, elles aussi. Elle était mère, elle était reine, et elle était la femelle de Gabriel, et à cet instant, elle devait être tout ça en même temps. Une mère n'abandonnait pas ses petits, ni une reine son roi, et encore moins la femelle son mâle. Fuir n'était pas une option, et apprendre à ses enfants à fuir encore moins. Ce n'était pas digne d'eux, et de la place qu'ils étaient amenés à occuper. De la même manière que les petits du lion apprenaient à se défendre en regardant leur parent faire, de même ses petits apprendraient en les regardant eux. Ils ne vivaient pas dans un monde tout rose. Les mettre à l'abri, assurément, mais pas les apprendre à abandonner ce qui les appartenait, sans se battre, dans ce cas-ci, leur vie, et leur trône !
Elle inspira une fois encore, en sentant dans l'air le danger qui arrivait, mais elle avait mieux à faire. Aussi, elle alla se remettre calmement sur le rebord du lit, ferma les yeux, se donna une seconde de reprit, puis quand elle les rouvrit, ils étaient aussi déterminés que ceux de Gabriel jadis.
– Mes anges, venez à maman. Fit– elle d'une voix qui ne présentait aucune fausse note, ou une quelconque peur.
Doucement, les petits quittèrent de dessous le lit, et se présentèrent devant elle.
Elle leur sourit tendrement, en caressant leurs belles bouilles, et Alarique se glissa entre ses jambes pour se lover à elle. Il était des deux, celui qui était le plus proche de sa mère, tandis que son frère l'était avec son père. Sans doute parce qu'Alarique ressemblait beaucoup trop à Gabriel pour qu'ils puissent se supporter très longtemps sans finir par se chamailler.
– Il est où papa ?
– Parti régler une petite affaire, mais en attendant, vous et moi nous allons nous préparer pour quand il reviendra. Les petits la regardèrent sans comprendre. Le couple royal était dans une situation assez tendu, et protéger les petits étaient la priorité afin d'accroitre leurs chances en cas de cicatrisation, ou d'agilité. Ils devaient donc être plus forts, et qui dit force, dit sang, et qui dit sang pure, dit Azhul, et qui dit Azhul, dit Avalone. Et heureusement pour eux, cette dernière était leur mère.
– Vous allez vous nourrir sur moi. Leur dit-elle alors pour qu'ils comprennent, et cette fois– ci, contrairement à la première fois, ils n'hésitèrent pas. Ils avaient entendu la discussion entre leurs parents, et ils savaient que leur père avait donné son autorisation pour ce qui allait suivre.
– On n'est en danger ? Demanda calmement Alannon sans paniquer, parce que sa mère ne paniquait pas.
Avalone lui sourit, prit sa petite main dans la sienne, son bébé, il était si parfait, et très adulte pour son âge.
– Oui, mais vous savez que nous ferons tout pour que jamais rien ne vous arrive.
Le garçonnet fit oui de la tête parfaitement convaincu par ses mots.
Elle souleva alors son poignet, et l'un après l'autre, elle y planta ses canines, et les tendit à ses petits qui se saisirent chacun d'un poignet. Dès que le sang entra en contact avec leurs langues, ils émirent un petit sifflement en frémissant de la force qui en émanait. Jamais ils n'avaient bu pareil nectar, car ce à quoi ils avaient droit pendant leur tétés, c'était un sang conçu pour eux, et là, il était question d'un breuvage fait pour satisfaire entièrement les besoins colossaux de leur père. Leurs pupilles s'illuminèrent comme jamais, et de concert, ils retirèrent leur bouche des entailles qu'Avalone avaient délibérément faites petites. C'était trop intense pour eux, mais si addictif, et donc, à peine s'être interrompu, ils reprirent la veine de leur mère, sans manquer de gronder de leur petite voix qu'elle trouvait adorable.
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BLACKBURN SANGRE ( La musique du sang)
VampirVingt-un an qu'elle vivait en retrait, vingt-un an qu'elle regardait le monde par un trou de serrure, vingt un an qu'elle avait l'impression de ne pas compter, de ne pas voir les mêmes choses que tout le monde, vingt un an qu'on lui répétait qu'elle...