L'air frais du printemps soufflait dans ses longs cheveux, et se tenant sur le ponton devant le lac, Gabriel fixait la surface paisible de l'eau. En plusieurs millénaires d'existence il était passé par toute sorte de personnalité et de vie. Il avait été le vampire immature, qui tuait sans vergogne, il avait d'une certaine manière été le gentil qui avait même trouvé une femelle que son frère lui avait volé, il avait été celui qui avait voyager dans toutes les contrées afin d'apprendre le savoir de tous ceux qui s'élevaient au-delà de la masse. Il avait été l'amant volage au multiple relations d'un jour vu que la plupart de ces maitresses mourraient pendant l'acte, tout au plus une heure après, et aujourd'hui, il était fatigué, lasse de toute ces choses. Un jour sans fin surtout compte tenu de sa situation de moins en moins enviable...
Le monde ne changeait pas vraiment, et les hommes qui l'emplissaient non plus. Il ne trouvait plus aucune nouveauté, plus rien de spéciale. Il était comme enfermé dans un cycle monotone, encore plus maintenant que l'imminente fin qui l'attendait lui avait appris à voir les choses de façon plus lucide.
Dans sa tête beaucoup de choses se mirent à tournoyer, et comme il était coutume, toutes finissaient par prendre la direction de la jeune femme dont il entendait les pas dans son manoir. Il avait demandé à Nalla de lui amener de quoi se vêtir, et elle n'avait pas trouvé mieux que ces vêtements qui lui moulaient le corps. La mode n'était plus vraiment ce qu'elle était. Dans ce pull en cachemire blanc, on pouvait voir à quel point son teint était d'un blanc crémeux, le long col roulé mettait en valeur son visage laiteux, innocent, ses joues rondes au rose parfait, et ses lèvres rouges. Les moulures de sa poitrine qu'il devinait ronde étaient plus visibles, tout comme ce pantalon rouge suivait d'un peu trop près son superbe fessier rebondi, et ses belles hanches pleines. Il était sans conteste que son frère savait choisir ses femelles, et une fois encore il a fallu qu'ils soient attirés par la même personne. Mais cette fois-ci les choses ne finiraient pas comme la première fois. Tel un piqué, il resta devant le lac sans bouger, le regard jeter dans le vide, en entendant la porte de son manoir s'ouvrir. Avant même qu'il ne l'entende marcher dans son dos, il ferma les yeux pour sentir cette odeur singulière qui semblait la caractériser. Elle marchait lentement, son cœur battait avec un rythme qu'il trouvait à la fois rapide, mais calme. Il se mit à imaginer ses long cheveux noirs portés pas le vent frais de la nuit, et ses plus bas instincts semblaient s'éveiller. Se contrôler parfaitement quand on était de son espèces étaient un parcours du combattant qu'aucun ne parvenait jamais à atteindre, mais lui il était arrivé à ne pas toujours écouter la voix du sanguinaire en lui comme beaucoup le faisait, mais depuis qu'elle était là, c'était comme si tous les efforts qu'ils avaient fait pour arriver à un self control pareil volaient l'un après l'autre en éclats. Elle émiettait particule après particule tout le détachement qu'il pouvait avoir avec le monde et ce qu'il contenait. Il était certain que si son frère ne se montrait pas, il serait obligé de passer ses nerfs, ou plutôt d'aiguiser ses crocs sur quelqu'un d'autre. Pensa-t-il en essayant de garder ses canines à leurs places.
Derrière lui, Avalone marchait sur l'herbe glacé en remontant le col roulé de son vêtement à son maximum. Elle ne savait pourquoi elle l'avait suivi jusqu'ici, ou pourquoi elle continuait à avancer dans la nuit pour rejoindre le monstre qui l'habitait. La nuit était particulièrement glacée, le vent soufflait sa froideur, et sous ses pieds dorénavant nus de leur vêtement chaud, elle semblait suivre une odeur, ou un fil invisible. Vacillant tel un épi de blé, elle marcha dans le dos de Gabriel jusqu'à se tenir sur le rebord du ponton, sans pour autant faire un pas de plus sur le bois. Arrêté dans son ombre, elle fixait ses larges épaules tandis que la nuit les enlaçait entièrement. Le bruit de l'eau se faisait entendre de temps à autre, lorsque le vent la balayait. Pourquoi était-elle là ? Peu importe. Elle était là, elle ne pouvait pas se contenter de faire demi-tour.
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BLACKBURN SANGRE ( La musique du sang)
VampirVingt-un an qu'elle vivait en retrait, vingt-un an qu'elle regardait le monde par un trou de serrure, vingt un an qu'elle avait l'impression de ne pas compter, de ne pas voir les mêmes choses que tout le monde, vingt un an qu'on lui répétait qu'elle...