CHAPITRE 80

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Le regard humide, Avalone détailla Gabriel, et elle n'arrivait pas à l'en vouloir. Avait-il raison ? Son amour état-il vraiment insuffisant pour qu'elle ne veuille vivre ? Non, cela ne se pouvait, elle pouvait douter de tout, douter du tout, mais pas de l'amour qu'elle lui portait. En larme, elle fit un pas en avant, sanglotant en silence, mais Gabriel baissa la tête, et se la teint à nouveau à deux mains, laissant ses cheveux servir de rideau entre eux. Elle tendit la main, et passa ses doigts dans les cheveux du mâle qui se laissa faire. Elle ne se souvenait plus de la dernière fois où elle avait fait cela.

- Gabriel...appela-t-elle. Mais il ne répondit pas. – Gabriel...regarde-moi.

- Je ne le peux Ava, je ne veux pas de dernière fois avec toi, je veux toutes les fois, absolument toutes, mais toutes, sauf les dernières, et à cet instant, tout ce que tu as pour moi, ce sont tes dernière fois, et ça, tu vois, je ne le supporterai pas. Je ne veux pas être là pour te voir mourir, je l'ai vécu une fois, et c'était la fois de trop, je ne veux pas être là pour écouter et entendre ton dernier souffle, mais si jamais je mourrais maintenant, cela ne ferait que précipiter ta chute, alors il faut que je vive, que je patiente en m'accrochant à chaque seconde, cette seconde qui est pour moi synonyme de joie parce que tu vis, mais aussi de désolation parce que c'est une en moins dans le temps qui t'ai imparti, tenir bon, attendre cet instant, afin que ta dernière seconde soit mon avant dernière.

Elle ferma les yeux, précipitant ainsi les larmes sur ses joues.

- Regarde-moi. Insista Avalone.

Le mâle mit du temps, mais finalement il leva la tête pour la regarder elle, et seulement elle.

Elle fit un pas en avant, se mettant ainsi sous le nez de Gabriel. Sa petite main froide glissa des cheveux de son mâle pour caresser sa joue. Elle trouvait sa peau encore plus douce. Depuis quand ne l'avait-elle pas touché, depuis combien de temps ne l'avait-elle pas embrassé ? Mieux encore, depuis combien de temps ne l'avait-elle pas senti en elle ? Trop longtemps. Ostensiblement, elle regarda les lèvres entrouvertes de Gabriel, puis ses yeux, et elle se baissa à sa hauteur, et avec la légèreté d'une plume, elle l'embrassa, mettant dans ce tendre baiser tout son amour, sa chaleur, et quand elle se redressa, elle vit que ce baiser avait fait plus de mal que de bien à Gabriel, et elle se détesta encore plus.

Elle lui rappelait la beauté de ce qu'il perdrait.

- Ne me déteste pas. Lui demanda-t-elle dans un murmure, mais il ne répondit pas, et ce silence fut douloureux. D'une main vacillante, elle essuya les larmes qui menaçaient de glisser une fois encore sur ses joues, puis toucha son ventre de sa main gauche, et de la droite, elle caressa la peau tendue qui protégeait un enfant beaucoup plus puissant qu'elle. Les yeux baissé sur le blanc de sa robe de grossesse, elle se senti plus mal. - Ne nous déteste pas. Supplia alors Avalone, et face à l'éternel silence du mâle, elle releva la tête pour voir le regard dur que ce dernier posait sur son ventre.

Ne pas la détester elle, ça il pouvait essayer, mais pour le passager en plus qui allait avec, là il lui faudrait du temps, beaucoup même, et cela sans la certitude d'y arriver. Et comme si ce dernier avait senti l'animosité de son géniteur à son égard, il tressauta pour la première fois. Et le coup de pied qu'il envoya contre le sein de sa mère arracha à la femelle un douloureux gémissement. Le trait crispé par la douleur intense qui lui balayait les entrailles, Avalone teint son ventre à deux mains, en se recourbant comme pour atténuer son mal. Instinctivement Gabriel se leva et vint la soutenir.

- Maahii ?

Le souffle court, elle tint la main que lui tendait Gabriel et s'appuya sur lui. Elle releva la tête toujours plier sur elle-même afin de lui répondre, mais un autre coup intervint, plus puissant que le premier. Elle serra très fort la main qui la soutenait, en se repliant encore plus, tout en tenant le flanc droit de son ventre. Difficilement, et la gorge sèche, elle se lova contre le mâle quand il la souleva du sol pour l'allonger avec une extrême douceur sur le lit.

BLACKBURN SANGRE ( La musique du sang)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant