CHAPITRE 58

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Lorsqu'on dormait, on ne savait pas toujours que c'était le cas. Tout ce qu'on savait à la limite, c'était que nous nous étions allongé, qu'on avait fermés les yeux, et qu'à partir de là, on était inconscient, puis, que quelques temps plus tard, on avait ouvert les yeux, et que dès lors, on n'était à nouveau conscient. On pouvait même ne pas savoir que l'on s'était couché. Et une fois perdu dans cet état d'inconscience, on pouvait quelques fois cauchemarder, ou rêver si on n'était chanceux, et quelques rares fois, pendant ces brefs moments de lucidité, perdu dans un songe, on pouvait se rendre compte que l'on dormait. Gabriel, lui, n'avait jamais rencontré ces moments de bref lucidité, il ne savait d'ailleurs pas s'il avait un jour rêvé ou même cauchemardé durant ces siècles de veille, mais pour la toute première fois, enfermé dans son propre esprit afin que son corps puisse se ressourcer, il avait l'impression de ne pas être vraiment à sa place. Ce vide, ce froid dont il avait toujours eu besoin, il n'en voulait plus, il voulait être éveiller, il voulait revoir ce visage qu'il ne discernait pas correctement, mais dont l'odeur de l'intéressé, elle, restait aussi claire comme de l'eau de source. Il essaya donc, mais il n'avait plus la force de revendiquer son propre organisme, ce dernier avait pris les contrôles afin d'assurer sa survie, et tout ce que lui avait à faire dans ces cas-là, c'était d'attendre le moment où, son corps lui ferait savoir qu'il pouvait ouvrir les yeux, alors, il se réveillait, mais jamais sans que son corps ne le décide. Et durant chaque cycle, il ne voyait pas de moyen de sortie, mais cette fois-ci, comble de nouveauté, il gardait comme un œil ouvert sur le monde qu'il avait partiellement quitté, et grâce à cette porte, il sentit toute sa nature se mettre en éveil, il y'avait quelque chose qu'il devait rejoindre, non pas quelque chose, quelqu'un, elle, il la sentait tout près de lui. Il ne l'entendait pas, et encore moins il ne la voyait, mais il la sentait, partout en lui, mais ce n'était pas suffisant pour lui donner la force de la rejoindre, il ne pouvait pas. Puis, cette sensation devint besoin lorsque son instinct lui fit savoir qu'elle avait un problème, il fallait qu'il sorte de là, il ne pouvait pas se permettre de rester coucher alors que sa compagne avait un problème, ce n'était pas digne de ceux de la race, et pire encore, ce n'était pas digne du roi qu'il était.

Les prhotecteurs entouraient dorénavant le caisson isotherme en verre de Gabriel pendant que Darique leur ouvrait le chemin. Les grandes familles regardaient d'un œil triste et inquiet ce qui se passait. Le roi était encore parti, cette fois-ci pour de bon peut-être, et même en ne sachant pas qu'ils risquaient de par ce fait l'extinction, ils pouvaient cependant se rendre compte qu'ils étaient en mauvaise posture. Le roi était le tout, le phare, le pilier de leur race, et sans Gabriel, il n'y avait plus rien pour nul être, si ce n'étaient des soucis à n'en pas finir. La procession continuait en silence, lorsque Darique perçut un son quasi inaudible. Il s'arrêta, obligeant ceux qui le suivaient à s'arrêter eux aussi, puis il écouta. Tout le manoir était calme, un calme mortuaire même, la seule chose que leurs ouïes surdéveloppées entendaient, c'était les pleurs de l'humaine dans la chambre, et les feulements du puma qui forçait sur sa laisse en acier pour se libérer afin de suivre son maître, mais c'étaient tout. Il n'y avait donc rien. Aussi, depuis le large couloir où ils se trouvait toujours, Darique, le Gahardien du roi des Immortels souleva le talon, mais il n'eut pas le temps de le poser devant lui, qu'il entendit le bruit d'un liquide, comme quelqu'un qui expirait sous l'eau, il se retourna, et regarda le verre qui recouvrait leur roi. Il y'avait des bulles, petites mais visibles, puis il y en eut une plus grosse, et tous les vampires présents regardèrent effarer ce nouveau phénomène. Depuis des siècles qu'ils faisaient cela, jamais le roi n'avait manifesté la volonté de revenir à lui aussi vite. Réfléchissant à vive allure pour trouver une raison, Darique releva les yeux vers la porte de la chambre qui était visible depuis là où il se trouvait, il écouta les bruits que produisaient l'humaine, il écouta ses complaintes, il l'entendit dire des paroles indistinctes, puis il entendit :

BLACKBURN SANGRE ( La musique du sang)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant