CHAPITRE 12

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Complètement pétrifiée sous le regard de Gabriel, Avalone ne reconnaissait pas la personne qu'elle était devenue en cette fraction de seconde. Elle ne reconnut pas cette personne, qui pendant un instant, serait aller à tout donner pour le bonheur de ce monstre, elle ne reconnut pas celle qui pour la première fois avait envie d'aller se blottir contre un homme, lui, elle ne reconnut encore moins cette femme qui voulait, ou plutôt qui avait besoin de l'appartenir. Elle voulait qu'il la marque, elle voulait qu'il n'arrête jamais de la toucher ou de la regarder comme il le faisait. Et cette odeur, ce parfum qui émanait de lui, Avalone eut la vague sensation de la reconnaitre, et le pire c'était que cette souvenance venait s'ajouter aux rares autres qu'elle détenait encore comme savoir, savoir qui pouvait se résumer à une seule chose : lui. Lui, et tout ce qu'il était.

Ce n'était pas normal.

Elle était censée le détester, le haïr, être effrayée, le fuir, mais ces réactions en tous points raisonnables, ne trouvaient pas chemin jusqu'à elle ; il la regardait tel si elle était le plus beau des trésors, avec des yeux qui revêtaient un rouge sang qu'elle trouvait magnifique, et il la touchait avec cette présente délicatesse, aussi, tout ce qui n'était pas lui, sembla dérisoire. Son sang montait en température à l'intérieur de ses veines, toutes ses pensées, et tous ses désirs, les plus insignifiants soient-ils, se tournaient inlassablement vers Gabriel, comme si plus rien d'autre dans tout le vaste univers n'avaient exister. Le puissant lien qu'elle ressentait dans ses bras, elle ne savait pas pourquoi, mais Avalone voulait le protéger. Puis, il s'était éloigner, mettant une distance entre eux, et sans vraiment savoir pourquoi, Avalone retint à temps un gémissement réprobateur.

Gabriel déposa l'assiette sur la table, puis il la relâcha, et tira la chaise pour lui faire savoir qu'elle devait s'y asseoir, et continua son chemin. Les joues rouges, le corps tremblant, et le cœur palpitant comme une autre partie de son anatomie, Avalone se retourna, les yeux grands ouvert, elle le regarda se diriger à l'autre bout de la table, et ce n'est que lorsqu'il s'installa à plusieurs mètres d'elle, qu'elle revint complètement à elle. Ses doigts tremblants se saisirent du dossier de la chaise pour se soutenir, avant qu'elle ne s'y asseye. Le repas devant elle, elle évitait de relever la tête consciente du regard perçant qui la déchirait de part en part. Au bout d'un moment, juste pour avoir à faire quelque chose pour s'occuper, elle plongea ses doigts dans son assiette à défaut d'avoir des couverts adaptés. Elle s'attendait à devoir couper la viande avec ses dents, manger telle une sauvageonne, mais à sa plus grande surprise, elle avait déjà été coupée, mais elle n'avait plus vraiment faim, leur bref échange avait coupé son appétit, toutefois, elle prit un morceau, et le déposa sur sa langue, en évitant de gémir lorsque le jus se déversa dans sa bouche. La viande avait un gout particulier, ce n'était pas un repas fait dans une cuisine, ou dans un four conventionnel, et les épices qu'elle percevait lui donnait bon gout, mais il y'avait autre chose, quelque chose qui rendait ce repas parfait pour son corps.

- C'est vous qui l'avez fait ? Ne put-elle s'empêcher de murmurer à la fois comme une question et une réponse, en relevant automatiquement les yeux.

Son hôte se contenta de la regarder tout simplement, sans rien dire, et elle se surprit même de voir qu'elle arrivait à le fixer. Ces longs cheveux de jais reposaient fièrement sur ses épaules, et cette carrure, cette taille, cette masse de muscle, et surtout cette sombre aura...

Elle déglutit, et remit son regard dans son plat. Morceau après morceau donc, Avalone engloutit entièrement le contenue de l'assiette à la grande surprise de Gabriel qui continuait de la scruter. Il respirait au coup par coup, prenant juste ce qu'il fallait pour satisfaire son besoin de sentir son odeur. Il regardait ses joues rosir, il regardait sa petite bouche, il regardait ses cheveux, il voulait une fois encore voir ses yeux, mais elle les gardait abaissés. Elle ressemblait à une petite fille, et ça en était une, en comparaison à lui. Lorsqu'elle eut fini, elle se mit à se lécher les doigts pour les nettoyer un tant soit peu, faisant ainsi sortir sa toute petite langue rose, pour immédiatement la faire rentrer. Cette scène en apparence anodine, lui donnait un autre type de pensée, des pensées dont l'assouvissement pourrait entrainer la mort de la jeune femme. Sans un mot donc, il se leva, et quitta la pièce par une porte placée derrière lui sur sa droite, afin d'éviter de passer près d'elle. Il se déplaçait si silencieusement qu'Avalone ne remarqua son départ que lorsqu'elle ne sentit plus la brûlure que provoquait son regard sur elle. Elle redressa la tête, et vit qu'elle était seule. Un sentiment étrange la traversa, mais elle la fit taire, et décida de retourner dans la chambre. En montant, elle crut l'y voir, mais non, la pièce éclairée, était vide de sa personne. Son siège en face de la grande fenêtre était vide, cette fois-ci, elle fut en colère contre elle, contre lui, mais cette émotion ne lui servait en réalité qu'à cacher quelque chose de moins avouable.

BLACKBURN SANGRE ( La musique du sang)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant