BLACKBURN SANGRE ( La musique du sang)

CHAPITRE 77

Avec une lenteur que même l'escargot ne lui aurait enviée, Avalone se dirigea vers le salon principal du manoir avec Gabriel sur ses pas. Il se tenait toujours derrière elle depuis quelques mois, afin d'être prêt à la rattraper si jamais elle tombait. Chose qu'elle veillait à ne pas faire, même si quelque fois, ses jambes devenaient si faibles qu'elle ne parvenait pas à les soulever sans s'appuyer sur le mur. Lorsqu'elle se présenta devant la porte du salon, cette dernière s'ouvrit sous l'ordre de Gabriel, et elle entra. La première chose qu'elle vit fut le regard triste de son frère. Il l'observait, la jaugeait afin de voir si son état avait empiré ou pas depuis la dernière fois où ils s'étaient vus. Et tout comme Gabriel, lorsqu'il vit son ventre, ses yeux bleus perdirent un instant de leur lueur particulière.

- Je sais que je ne suis plus que l'ombre de moi-même depuis quelque temps, mais s'il te plait Driks, cesse de me regarder comme si j'étais morte. Se plaignit doucement Avalone avant d'aller se mettre difficilement sur le sofa.

Elle posa la main sur son ventre, qui était assez petit. Il était plus petit que ce à quoi elle s'attendait, mais sa petite taille n'empêchait pas qu'elle soit tous le temps vidé, fatigué. En neuf mois Avalone n'avait pas encore sentit le petit être bouger en son sein, mais elle le savait vivant, et rien qu'avec cette joie, elle chérissait d'avance l'instant où elle le sentirait remuer, et mieux encore quand elle pourrait le prendre dans ses bras. Un petit sourire étira ses lèvres, et quand elle releva la tête, Driks la fixait avec encore plus de chagrin, et elle perdit son sourire.

- Pardon, je ne voulais pas te vexer.

Elle secoua doucement de la tête.

- Ne t'en fais pas, tu n'es pas le premier, et encore moins, le seul à me regarder ainsi. Déclara Avalone en levant des yeux accusateurs vers Gabriel. Alors que puis-je faire de toi ?

- Un autre Sangré s'est éveillé. Annonça Driks au plus grand détriment d'Avalone.

Encore un autre.

Depuis qu'elle avait appris pour ses origines, Avalone avait insisté pour qu'on retrouve et recense tous les petits qui avaient été abandonnés aux humains, et depuis lors, nombreux étaient ceux dont le sang s'était éveillé au contact de leur vrai monde, mais elle, non. Hormis le fait que son ouïe était devenue particulièrement plus fine, beaucoup trop même, il n'y avait rien d'autre. Elle entendait très bien, et sur une très grande distance. Mais elle aurait bien troqué cela contre la vitalité de ceux de la race afin de pouvoir mener au mieux sa grossesse. Même si son frère lui avait assuré que si elle avait tenue aussi bon jusqu'au neuvième mois, c'était seulement parce que son sang était devenu plus fort, mais il ne l'était pas assez, et son petit en souffrait. Une mère faible, et un bébé avec des besoins particuliers ne faisait pas bon ménage.

- Super. Et qui s'est ?

Driks se retourna vers la deuxième silhouette à laquelle elle n'avait pas accorder d'attention, et elle en fit autant.

- Approche de vingt-deux pas. Parla Driks, en sachant que si jamais l'invité dépassait ces vingt-deux pas, il entrerait dans l'espace personnel d'Avalone, chose que Gabriel n'accepterait jamais. Lui comme tout autre mâle. Du moins pas tant que sa femelle est enceinte.

Les yeux d'Avalone s'écarquillèrent.

- Ma reine. Salua très respectueusement la voix du mâle qu'elle connaissait.

- Toi ? Tu es...

- Votre sujet ma reine.

- Mais... comment ?