Quelques petits cailloux ramassés par ci par là, tenus au creux de la main, Avalone jouait à perturber la surface calme du lac en cette journée à la douce fraîcheur. Ses yeux ne fixaient rien en particulier, et ses mouvements étaient répétitifs, son esprit lui, était comme à son habitude depuis quelques temps perdus dans les évènements qui s'étaient passés il y'a trois nuits de cela. Cette nuit où tout au fond d'elle, elle avait souhaité que Gabriel l'effleure de ses doigts, elle avait comme l'impression qu'elle n'aurait pas eu besoin de plus, juste une caresse de lui. Jamais elle n'avait éprouvé ce genre de besoin, pendant une minute, elle avait éprouvé le puissant désir de lui appartenir, ou au moins sentir un toucher. Selon les dires de Gabriel qui ne s'était bien sûr pas privé de lui faire savoir que même son corps, avait crié ce besoin. Et était-ce aussi la vérité quand il lui avait dit qu'une partie de jambe en l'air avec lui, lui serait fatal ?
Avalone rougit en s'imaginant dans les bras du monstre qu'il était, avant de secouer la tête pour effacer cette penser. Elle clignant des yeux, inspira profondément. Cette question n'était pas à l'ordre du jour, et ça ne le sera jamais. Il y'avait sur terre plus de trois milliards d'hommes et elle n'allait pas aller vers une race qui était plus encline à la tuer pour son sang qu'à lui faire des enfants qu'elle élèverait dans une petite maison avec un porche et un chien. Et à la minute où elle partirait d'ici, elle allait mettre sa timidité au loin et se trouver un homme pour lui ôter tous ses besoins. Se dit-elle en jetant un énième caillou qui alla s'échouer dans le lac après un petit bruit. Au même moment, elle entendit un bruit sourd provenir de la forêt, comme un lourd sac qui tombait, instinctivement, elle tourna la tête vers l'entrée de la forêt, écouta, avant de se convaincre qu'il n'y avait rien. Puis quand elle voulut jeter un autre caillou au fond de l'eau, elle entendit un son ressemblant à un petit cri plaintif. Calmement, elle se leva, laissa tomber les pierres sur le sol, épousseta son pantalon, et se dirigea vers le massif vert, en s'immobilisant lorsqu'elle se souvint de l'interdiction qui lui avait été donnée de mettre un pied dans cet endroit, mais les petits bruits suspects qu'elle entendait attisaient sa curiosité. Et qui sait, peut-être s'agissait-il d'un chasseur, ou d'une quelconque personne qui pouvait lui venir en aide afin de quitter cet endroit. Lentement, tout en veillant à surveiller ses arrières, pour s'assurer qu'il ne venait pas, elle avança tout en restant sur ses gardes. En cas de problème dans la forêt, elle aurait toujours un plan de retraite, lui.
Cédant complètement à sa curiosité, elle passa le gros roché couché sur le sol et qui annonçait le début des bois à cet endroit, et entra sous le grand dôme de feuille que lui offrait la nature. A une vingtaine de mètres devant elle, derrière un petit buisson, se trouvait une masse noire qui bougeait de temps en temps en poussant des petits cris plaintifs. Et plus elle avançait, plus elle comprit qu'il s'agissait d'un animal.
Un chien se dit-elle en continuant.
Mais dès qu'elle fut à moins d'une dizaine de mètres de l'animal, ce dernier bougea la tête et elle comprit qu'il s'agissait d'un animal sauvage à qui il faudrait mieux ne pas chercher des noises, toutefois, elle se dirigea vers lui. Il semblait amaigri, fatigué, et le poil terreux. L'animal au pelage complétement noir releva la tête quand elle brisa une brindille en montant dessus, posa sur elle un regard mauvais, puis poussa un petit feulement, en guise d'avertissement. Il n'était pas plus grand qu'un chien mâle de taille adulte. Avalone s'immobilisa, regarda par-dessus son épaule, avant de remettre son regard sur l'animal qui essaya de se lever avant de retomber. Il était blessé. Elle releva les yeux vers la cime des arbres, et déduisit que le bruit de chute qu'elle avait entendu plus tôt provenait de la bête qui était tomber. Elle déglutit, inspira, et avança. Elle était sans doute suicidaire, mais elle avait besoin de lui venir en aide, et une voix dans sa tête lui murmurait que cette bonté d'âme n'était pas vraiment adressée à cet animal devant elle, mais à un autre qui l'empêchait d'approcher.
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BLACKBURN SANGRE ( La musique du sang)
VampireVingt-un an qu'elle vivait en retrait, vingt-un an qu'elle regardait le monde par un trou de serrure, vingt un an qu'elle avait l'impression de ne pas compter, de ne pas voir les mêmes choses que tout le monde, vingt un an qu'on lui répétait qu'elle...