A peine une heure après le départ de Gabriel, Avalone était enfin parvenu à arrêter de pleurer. Ses yeux maintenant bouffis avaient rougi, son nez aussi, ses joues creuser par les sillons de ses larmes, elle se sentait lourde, et légère à la fois. C'était la première fois qu'elle s'ouvrait ainsi, en criant haut et fort ce qu'elle voulait, mais une fois encore on l'avait fait comprendre qu'elle aurait beau dire à voix haute qu'elle comptait, elle ainsi que ce qu'elle voulait, ce serait toujours pareil que si elle prenait des médicaments pour endormir son esprit, et éviter d'y penser. Après un profond soupire, elle souleva la tête pour surprendre le puma qui la fixait de ses yeux durs, qui pour une fois semblait tendre.
- Que dois-je faire ? Demanda-t-elle à l'animal d'une voix sérieuse. Mais ce dernier ferma les yeux, et tourna la tête pour se rendormir. – Tu as raison, fait comme ton maître, fous-toi de ce que je pense et dit ! S'énerva Avalone en se levant tout en passant avec rage les doigts dans ses cheveux.
Sentant l'animal sur ses pas comme d'habitude, elle continua à marcher lentement, ouvrit la porte juste pour elle, et la referma tout juste avant que l'énorme bête sombre ne puisse sortir. Elle l'entendit pousser des feulements, en cognant la porte pour qu'elle l'ouvre, mais elle n'en fit rien. Elle avait besoin de réfléchir, et avoir un puma dans les pattes ne pouvait pas l'aider, pas si cet animal lui rappelait Gabriel, il était froid, sombre, dangereux, exactement comme son maître, alors non, pas pour elle, et surtout pas ce soir. Lentement, elle traversa les longs et larges couloirs dans sa robe blanche, déambulant tel un fantôme d'une allée à l'autre, et cela jusqu'à atteindre l'une des deux grandes branches de l'escalier principal. Arrivé devant la grande porte à deux battant, elle souffrit avant de pouvoir bouger un seul des battants de la lourde entrée, avant de pouvoir enfin sentir un petit vent se promener sur son visage. Les pieds toujours nus, elle se promena sur le gazon froid, en regardant le ciel dépourvu d'étoiles, tout en se demandant ce qu'elle allait faire une fois que Gabriel serait rentré. Elle avait eu assez d'audace pour lui avouer qu'il la plaisait, mais elle n'avait jamais été du genre à poursuivre pour obtenir de l'attention. La vie l'avait suffisamment mise de côté pour qu'elle n'en n'ait pas tiré une leçon. Les humains n'avaient jamais voulu d'elle, alors pourquoi penser qu'une race en de nombreux point supérieur à la sienne pouvait en faire autrement. Elle avait toujours fait partie des perdantes, et la honte, elle n'allait pas chercher à la vivre dans ce monde-là. Encore une fois, les humains avaient déjà beaucoup fait dans ce sens-là. Aussi, dès qu'il rentrerait, elle allait lui demander de la laisser partir, puis elle allait se trouver un endroit où se cacher, prendre des cours de self défense, du Krav maga peut-être, et si Jackson la retrouvait ? Eh bien elle allait aviser une fois le moment venu.
Tout en se répétant cette dernière décision afin de convaincre tout d'elle de bien vouloir l'accepter, le regard d'Avalone fut attiré par les phares d'une voiture qui perçaient la nuit. Elle s'immobilisa, fronça les sourcils, regarda tout en essayant de deviner qui pouvait bien venir ici aussi tard dans la nuit. Le bruit qui lui parvenait l'indiqua qu'il y'avait bien plus d'une voiture, et aucun d'eux ne ressemblait à celui que faisait la voiture de Nalla. Un signal d'alarme illumina son cerveau, aussi, elle se mit à courir, laissant les abords du lac où elle se sentait si bien, pour traverser l'allée pavée, et enfin atteindre la grande porte qu'elle n'avait pas pris la peine de refermer. Le cœur battant la chamade, elle atteignit l'intérieur du manoir en entendant l'une des portières se refermer. Sa première intention fut de crier le nom de Gabriel pour qu'il descende, mais elle se souvint qu'il n'était pas là, et quelque chose lui disait qu'il n'était pas tout près. Après cette réflexion, elle eut en tête l'idée d'appeler la police, mais il n'y avait jamais eu de téléphone dans le manoir, pas même un seul interrupteur, aussi en dernier recours, elle pensa au félin qui était couché dans la chambre qu'elle avait fuie. Sans plus attendre, Avalone courut, les pieds nus glissant parfois sur le parquet luisant en bois d'érable de l'immense hall, et quand elle posa le pied sur le magnifique tapis Aubusson de la première marche, un courant d'air la dépassa avant qu'elle ne voit une grande silhouette, à plusieurs marches devant elle. Ainsi freinée dans son élan, Avalone s'arrêta, et fit un pas en arrière afin de s'éloigner, mais elle glissa, et se retrouva fesses au sol. Le temps qu'elle se relève et se retourne vers la sortie, le vampire se tenait devant elle, encore. Le souffle court, les joues rouges, le cœur galopant à vive allure, Avalone regardait partout autour d'elle, en cherchant une solution.
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BLACKBURN SANGRE ( La musique du sang)
VampireVingt-un an qu'elle vivait en retrait, vingt-un an qu'elle regardait le monde par un trou de serrure, vingt un an qu'elle avait l'impression de ne pas compter, de ne pas voir les mêmes choses que tout le monde, vingt un an qu'on lui répétait qu'elle...