CHAPITRE 54

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Etre avec l'être aimer avait la grande particularité de raccourcir le temps. Oui, c'était ça l'une des forces de l'amour, rendre bref, mais intense chaque moment passé, et cela en dépit des secondes, minutes, ou années que vous aviez passé ensemble. Les minutes passèrent donc, les yeux fermés, et la tête reposante contre le torse de Gabriel, Avalone, observa que la bulle dans laquelle elle était n'était plus totale, certains sons commencèrent à lui parvenir, aussi, elle ouvrit les yeux, et constata avec stupeur qu'ils étaient en pleine ville. Les gens les regardaient, ou plutôt, les gens regardaient Gabriel, s'écartant sur son passage en ressentant inconsciemment la menace qu'il représentait.

- Redéposes-moi. Murmura Avalone.

Il baissa les yeux pour la regarder sans comprendre.

- Pourquoi ?

- Les gens.

Elle balaya le trottoir des yeux, comme pour lui faire comprendre que tous les regards étaient braqués sur eux, mais il semblait toujours ne pas comprendre.

- Quoi les gens ? demanda-t-il tandis que les concernés sur le trottoir continuaient de les regarder à la dérobée, curieux.

- Ils nous regardent. Chuchota alors Avalone comme s'il s'agissait là, d'un secret de confession.

- Et alors ? Insista Gabriel sans détourner les yeux de son visage, et même ainsi, il ne rentrait dans aucun obstacle, ou était-ce les obstacles qui évitaient de lui rentrer dedans ?

Devant le regard déterminé de Gabriel, Avalone se posa la même question, et alors ? Et alors rien, elle était dans les bras d'un mâle qui la traitait comme une reine, alors pourquoi allait-elle se plaindre parce que les autres n'avaient pas ce qu'elle, elle avait ?

- Et alors rien. Fit-elle alors avec un calme total.

Il lui sourit, la suréleva pour atteindre sa tête, et il posa ses lèvres sur son nez, et elle rosit, pendant que son cœur faisait de multiples embardées. Ses yeux dans ceux de Gabriel qui gardaient encore cette couleur d'un noir incomparable, elle eut l'impression d'être mise à nue, il la regardait comme personne ne le faisait jamais, comme s'il la voyait vraiment, et pour éviter qu'il ne voit aussi la folle que tous avaient un jour vu en elle, Avalone détourna les yeux, et fixa un point invisible sur sa veste haute couture.

- Tu devrais regarder la route si tu ne veux pas qu'on tombe. Marmonna-t-elle.

- Je ne regarde que ce qui m'est important, et que j'ai besoin de voir Maahii. Susurra-t-il à son tour.

Elle sourit à l'ombre de ses bras comme toute idiote énamouré le ferait.

- Et je trouve ton timide sourire magnifique. La taquina Gabriel.

- Je ne souris pas. Nia-t-elle en cachant son visage, et ce fut elle qui entendit son petit rire amusée.

Occupé à jouer à la timide, Avalone ne regarda plus rien, jusqu'à ce que quelque chose attire à nouveau son attention, elle releva alors la tête, et à sa plus grande surprise, elle reconnut les lumières du restaurant français qui faisait face à l'immeuble dans lequel Nalla l'avait amené il y'a plusieurs semaines de cela.

- Qu'est-ce qu'on fait ici Gabriel ? Demanda-t-elle nerveusement. Mais Gabriel ne lui répondit pas. A la place, il entra dans l'immeuble, traversa le hall, atteignit les ascenseurs, en prit un, poussant par sa seule présence tous les autres à sortir, et déconseillant aux autres d'entrer. Quand la boîte de métal s'arrêta à l'étage qu'elle avait un jour occupé, elle se mit à gigoter de peur, elle essaya de descendre, de quitter ses bras, mais il resserra plus fort son étreinte autour d'elle.

BLACKBURN SANGRE ( La musique du sang)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant