Allongé sous Kaheel, Gabriel persista à ne pas se défendre. Il mit tout son instinct dans une boite, et se plia à la colère de son aîné. Kaheel hurlait des mots qu'il ne comprenait plus, rejetant sur lui une faute qu'il ne se savait pas non plus avoir commise. Il avait perdu énormément de sang, comprit-il en sentant sous lui la marre qui l'entourait en rendant ses cheveux moite. Son corps en manque de ce liquide qui le maintenait en vie, se mit à ne plus cicatriser, et sous les perpétuelle lacérations que son frère entretenait sur son organisme, Gabriel se mit à ne plus rien ressentir. Il avait le visage presque détruit, son torse était ouvert en divers endroit, de larges et profonds sillons qui ne cessaient de grandir, et le sang ne cessait de couler encore et encore. Son cœur se mit à ralentir, son souffle devint tout aussi rare, mais Kaheel se chargeait de ne pas l'achever et c'était tant mieux, mais il ne savait s'il pourrait survivre à ses blessures. Nombreux étaient ses os qui avaient cédés. Ceux du visage, ses côtes, l'os de son thorax qui s'étaient affaissé et qui comprimait ses poumons et son cœur.
Il devait tenir jusqu'à leur arrivée...
- Défends-toi ! Cracha Kaheel en se redressant pour fixer Gabriel sous lui.
Le roi ouvrit difficilement les yeux, veillant à lui montrer ses pupilles rougeoyantes, il toussa, recracha le sang tandis que ses blessures saignaient à chaque expiration convulsive.
- Ça ne serait...ça ne serait plus équitable pour toi si je rétorquais. Se moqua Gabriel trouvant ainsi le moyen de mettre encore dans colère Kaheel.
- Tu n'es qu'un faible ! Cracha l'aîné du clan Blackburn.
Et les lèvres de Gabriel s'étirèrent dans un lent sourire. Il se laissa retomber sur le sol, sa nuque s'immergea dans le sang qui se hâtait de le fuir, puis à la suite de son sourire, il se mit à pouffer d'un rire à mi-chemin entre la toux et des grognements.
- Tu sais bien que ce n'est pas le cas Kaheel, sinon tu ne serais pas aussi en colère contre moi.
Et cette phrase sonna comme une évidence. Une évidence qui fit mal à celui qui avait passé des siècles à vouloir abolir une frontière entre son cadet et lui, une frontière qui grandissait chaque jour, une frontière qui...
- Putain ! hurla Kaheel, et sur le mâle déjà à terre, il enfonça son poing dans un corps déjà mal en point. – Tu ne mérites rien ! Rien ! Le souffle de l'immortel se bloqua quand il sentit dans son corps cette intrusion. Il râla, et lorsqu'il croyait que tout était finit, il sentit dans son estomac le énième coup de pied de Kaheel. Gabriel roula tel un tonneau, avant que sa tête aille heurter violemment contre un arbre, enfonçant aussi une branche sèche qui lui traversa le dos pour pointer vers l'avant. Il l'arracha dans un grognement de douleur. - As-tu une idée de ce que ça fait de ne jamais être suffisamment à la hauteur et cela peu importe tout ce que tu fais pour changer cette réalité au gout de cauchemar ? Non, bien sûr que non ! L'univers se plis en quatre pour toujours tout te donner, absolument tout !
Gabriel, adossé à un vieux tronc d'arbre, ne parvenait plus à avoir une inspiration normale, il ne parvenait plus à ouvrir les yeux, ni à bouger, inerte tel un corps sans vie. Il entendit toutefois les pas lent de son frère dans la nuit, froissant les bout de feuilles mortes, il perçut quand ce dernier empoignant sa lourde tignasse humide de son sang, mais il ne sentit pas quand Kaheel le traina sur le sol, laissant derrière lui une longue empreinte du sang royal. Les doigts agrippant fermement les cheveux de Gabriel, Kaheel ramené sa proie au-devant d'Avalone afin qu'elle puisse mieux voir, qu'elle comprenne que des deux, il était le plus fort, celui apte à diriger une race, celui apte à satisfaire la reine du sang, celui apte à dompter une femelle telle qu'elle. Depuis le deuxième étage, au bord du précipice, la reine ne put faire autrement. Elle gardait ses yeux vissés sur son mâle, le cœur détruit à chaque instant qui passait sans que Gabriel ne bouge, l'âme en proie à une souffrance si grande qu'elle était en état de choc. Quand cela allait-il prendre fin ?
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BLACKBURN SANGRE ( La musique du sang)
VampirosVingt-un an qu'elle vivait en retrait, vingt-un an qu'elle regardait le monde par un trou de serrure, vingt un an qu'elle avait l'impression de ne pas compter, de ne pas voir les mêmes choses que tout le monde, vingt un an qu'on lui répétait qu'elle...