Qu'avait-elle fait au monde ? Pourquoi cela lui arrivait-il toujours, et pire encore pourquoi situations gênantes étaient les deux seuls mots qui pouvaient à eux tous seuls qualifier toute son existence ? Pourquoi ? Lentement, Avalone qui se trouvait à quatre pattes sur le parquet le visage tourné vers la porte, ramena ses cheveux à l'arrière, et releva les yeux pour surprendre un jeune homme au-dessus d'elle. Brandon Fox. Et remerde ! Il a fallu bien évidemment qu'elle fasse sa crise de folie devant lui, l'homme qu'en secret elle désirait lorsque les nuits ses faisaient froides, un peu comme toutes les filles qui croisaient son chemin d'ailleurs. Avalone tourna la tête, puis balaya par la suite la pièce du regard, pour en surprendre quatre autres qui se tenait debout non loin à la regarder, et tous avaient le même regard : ils la voyaient comme la folle qu'elle était sans doute.
Derrière ces quatre garçons dignes du plus grand des podiums de défilés de mode, se trouvait plusieurs bouteilles de bière ouverte, des chips rependues un peu partout sur le tapis sur lequel ils se tenaient, tandis qu'une musique en fond jouait, et leurs pupilles dilatées étaient le signe que la fête avait bel et bien commencé depuis longtemps, mais que c'était en petit comité, et elle, elle allait être le Didon de la farce, encore une fois...
Avec toute la dignité qui lui restait, Avalone se redressa sur ses jambes flageolantes, lissa sa robe, ramassa son sac ainsi que son maigre contenu rependu au sol, puis se retourna vers Brandon en fixant ses médicaments.
- C'est ça que tu veux ? Demanda ce dernier toujours amusé en lui montrant le tube de Zyprexa portant son nom à elle.
Timidement, les joues roses de honte profonde, elle fit oui de la tête.
Il lui sourit de toutes ses dents blanches digne d'une pub pour Colgate, et Avalone en oublia un instant toute sa gêne. Elle tendit la main pour récupérer son dû, mais n'y parvint pas.
- Oups ! fit Brandon en jetant plus loin la boite qui alla rouler jusqu'aux chaussure féminine qu'elle reconnaitrait entre mille.
- Brandon, on ne se comporte pas de la sorte avec les invités. Minauda la propriétaire de ces dernières en prenant la boîte pour la tendre à Avalone.
Hésitante, et les yeux au sol, Avalone avança sous les ricanements des autres et pris des doigts de Lindsay ses médicaments, avant de les ranger dans son sac.
- Je croyais que tu voulais en avaler.
Avalone ne releva pas la tête pour regarder le visage moqueur de Brandon, son cœur était trop enserré par la honte et la tristesse pour qu'elle puisse dire quoi que ce soit.
- Je ne pensais plus que tu viendrais Avalone. Commença la sulfureuse brune en posant sa main raffinée sur l'épaule Avalone comme si elle touchait la tête d'un chiot d'égouts. J'ai cru que tu allais te rendre compte de la blague, et que je ne t'avais pas vraiment invité. Qui le ferait d'ailleurs ? Personne n'attendra jamais rien d'une personne comme toi, je crois donc qu'il serait temps pour toi de descendre de tes grands chevaux ma pauvre.
Le cœur d'Avalone se resserra encore un petit peu plus. Sans un mot, elle tourna les talons en essayant au mieux de ne pas écouter les rires moqueurs dans son dos. Elle avait beau les entendre depuis sa naissance qu'elle n'en avait pas moins mal. Tout le monde riait d'elle, elle était l'enfant qui criait au loup, son psy à conclut que c'était pour juste réclamer plus d'attention de la part de ses parents, puis elle avait grandi, et son troisième psy avait de son côté conclut qu'elle était une personne sujette à la paranoïa, plus tout un tas d'autres adjectifs scientifiques qui voulaient tous dire le même chose : elle était folle aux yeux de la société. De la cour de récré jusqu'à la pelouse de cette université on n'a cessé de rire à ses dépens. On riait de la manière qu'elle avait à surveiller ses arrières tel un petit lapin des neiges apeuré, on riait de la manière dont elle parlait, cette façon qu'elle avait à murmurer comme pour ne pas se faire entendre par une oreille indiscrète, obligeant toujours les autres à écouter attentivement, de la manière dont elle s'habillait, de la manière dont elle marchait, et si elle avait poussée plus loin ses recherches, elle était certaine qu'on devait même rire de la manière dont elle respirait. Ce n'était pas nouveau d'être la tête de turque, mais ça faisait toujours mal, quand en plus on ne vous le cachait pas. Sa naïveté la perdra, Jackson lui avait toujours répété cette phrase, mais elle ne pouvait pas faire autrement, sinon depuis le temps elle aurait changé c'est certain. Les yeux sur ses chaussures, elle se dirigea vers la sortie, quand sans faire attention, elle se cogna contre le mur avant de retomber sur ses fesses. Provoquant encore une salve de rire.
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BLACKBURN SANGRE ( La musique du sang)
VampirVingt-un an qu'elle vivait en retrait, vingt-un an qu'elle regardait le monde par un trou de serrure, vingt un an qu'elle avait l'impression de ne pas compter, de ne pas voir les mêmes choses que tout le monde, vingt un an qu'on lui répétait qu'elle...