- Je parle de Gabriel, c'est l'effet qu'il fait quand tu côtoie son ombre trop longtemps. Ça va te passer, et tu reprendras une vie normale.
Voilà la phrase que lui avait dite Nalla, et depuis bientôt un mois, rien n'avait changé, elle avait au contraire l'impression que les choses devenaient pire un peu plus chaque jour. Depuis qu'elle était partie en la laissant là, Avalone n'avait pas mis pied dehors, elle n'avait pas porter une seule paire de chaussure, et chaque nuit, elle enfilait à nouveau le seul vêtement qu'elle avait rapporté de chez lui, comme un pyjama, même si cela n'était pas vraiment adapté pour faciliter une bonne nuit. Elle était consciente de continuer à adopter un style de vie en tout point similaire à celui qu'elle avait en vivant avec lui, et elle savait que c'était là, une manière de remplir un manque, son manque de lui. Mais apparemment, ça ne suffisait pas, il manquait une seule chose : lui.
Et chaque nuit depuis qu'elle était revenu, elle dormait très peu, toutes ses nuits étaient ponctuées, de cauchemars, cauchemars dans lesquels elle se faisait poursuivre par quelque chose qu'elle ne voyait pas, puis, la chose s'arrêtait, et elle se prenait elle, à le poursuivre, et net où elle pensait enfin rattraper cette chose, son rêve était brutalement interrompu, et elle se réveillait dans le noir, le souffle court, le cœur battant. Elle restait ainsi allongée jusqu'au matin, et c'était ainsi chaque nuit. Et la nuit dernière ne faisait pas exception. Couché sur le dos le regard dirigé vers la baie vitrée aux fenêtres ouvertes qui donnait sur un balcon, Avalone fixait d'un œil triste la chaise qu'elle avait mise devant, exactement comme dans l'autre chambre. Son cœur se serra quand elle remarqua le grand vide qui s'y trouvait. Après une larme qu'elle essuya hâtivement, elle se retourna dans son lit, pour donner dos au siège.
Elle ressentait comme un besoin de lui, une certaine attirance qu'elle jugeait malsaine, semblait la rattacher à lui, et en tant que psychologue fraichement diplômée, Avalone essayait de rationaliser son mal, de trouver une raison alambiquée alors qu'il y'avait plus simple, aussi elle avait donc vite fait de mettre tout ce qu'elle ressentait sur le dos du Syndrome de Stockholm. Elle estimait en avoir tous les symptômes, et les conditions dans lesquelles elle avait vécu réunissait les variables nécessaires au développement de ce mal. La seule solution pour s'en sortir était d'aller consulter, mais elle ne se voyait pas aller dans le cabinet d'un psy, pour lui raconter qu'elle avait été kidnappée par le roi des vampires, et prise en otage entre lui et son frère et cela à propos d'une dispute qui datait de plusieurs siècles. Il était certain qu'elle n'allait quitter cet endroit que pour retourner dans un asile, et cette fois-ci personne ne viendra l'en faire sortir. Il ne lui restait qu'une seule chose à faire, essayer d'oublier, essayer de reprendre une vie normale, se reprendre en main, et une fois qu'elle irait mieux, une fois qu'elle n'aurait plus dans ses yeux cette lueur qui alertait tous ceux qui la voyait sur son état déplorable, alors elle chercherait à retrouver Jackson, et après, et bien, elle ne le savait.
Après un profond soupire pour marquer la prise de sa décision, elle quitta le lit, alla prendre une douche, s'habilla d'un geste sans passion, et se décida à sortir faire les courses pour alimenter ses placards et le réfrigérateur vide. Sa penderie contenait de quoi habiller toute une population, et en voyant le style dominant, elle comprit que c'était sans aucun doute Nalla qui avait décider du contenue. Les chaussures à talons plats étaient rares, et les vêtements dignes des plus grands podiums décoraient des murs entiers. Elle aurait pu les trouver beaux dans d'autres circonstances, mais là, elle ne voyait plus rien. Après avoir farfouillé parmi ses sacs à main, elle trouva une petite sacoche noire de D&G, où elle rangea ses papiers ainsi que la carte de crédit. Ses clefs en main, Avalone quitta pour la première fois ce qui était sa nouvelle maison. Elle ne s'en était pas aperçut, mais elle avait choisi des vêtements qui lui couvraient entièrement les quatre membres. Un jeans slim, et une chemise à manche long.
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BLACKBURN SANGRE ( La musique du sang)
VampireVingt-un an qu'elle vivait en retrait, vingt-un an qu'elle regardait le monde par un trou de serrure, vingt un an qu'elle avait l'impression de ne pas compter, de ne pas voir les mêmes choses que tout le monde, vingt un an qu'on lui répétait qu'elle...