BLACKBURN SANGRE ( La musique du sang)

CHAPITRE 63

Le mâle qui venait de redéfinir les contours de son passé en y incluant un projecteur qui éclairait de nombreuses zones d'ombres, la regarda inquiet, et lorsqu'il vit qu'elle avait repris un peu de contenance, il reprit d'une voix explicative.

- On donnait nos petits en adoption aux humains, on les convainquait que c'étaient les siens, et cela au travers d'un long procédé d'hypnose.

Avalone savait que ça pouvait être fait, elle avait même tâté de cette procédure, et elle avait failli finir folle une bonne fois pour toute si elle n'avait pas retrouvé Gabriel. Mais ce n'était pas là le plus important, elle devait convaincre ce mâle qu'il se trompait, et à défaut d'avoir des preuves dans ses souvenirs, elle allait se baser sur les traits et besoins humain pour se défendre.

- Je ne me nourrit pas de sang. Fit-elle alors en trouvant cette explication saugrenue, et risible, mais le mâle ne sourit pas, la fixant avec sérieux.

- Pourquoi croyez-vous que vous ne saignez pas ? Et pourquoi croyez-vous que vous avez besoin de constamment de fer dans vos veines afin de pousser la production de sang ?

Tout le monde avait besoin de fer. Se dit-elle en cherchant un autre argument. Instinctivement sa langue se balada sur ses dents, et elle ne sentit rien comme celle de Gabriel.

– Je n'ai pas de canines plus longues que la normale.

Cet argument était encore plus ridicule que le précédent. Mais elle n'en avait pas mieux.

Driks continua à l'observer avec patience, comme lorsqu'on était sûr de ce qu'on racontait, tandis qu'elle, elle perdait un petit plus sa contenance, et elle s'aperçu que c'était là, son dernier argument, aussi, ce fut sans réelle surprise qu'elle écouta le mâle la réduire en cendre.

- Pourquoi en auriez-vous ? Vous n'en n'aviez jamais eu besoin. Chaque lignée à un élément qui les distingue des autres, un point fort si vous voulez, et celui des Sangré, c'est la force et les capacités hors normes de ce qui coulent dans leurs veines. Notre sang est capable de s'adapter à tout type de changement, dès lors que nous le voulions. C'est dans le sang, plus précisément dans l'ADN que se trouve tout ce qui nous définit, notre taille, notre morphologie, la couleur de nos yeux, de nos cheveux, notre manière de réagir, absolument tout, et les Sangré, ou du moins les plus pures d'entre nous, parviennent à modifier leur essence pour devenir autre chose, c'est cela qui nous a permis de survivre. Nous ne pouvions pas garder nos petit, si nous ne voulions pas risquer qu'ils n'arrivent pas à maitriser entièrement cette faculté, alors, le plus simple était de les laisser aux humains, et en grandissant, ils adoptaient tout d'eux, de leur façon de vivre jusqu'à leur manière de mourir. Ils oubliaient certes comment rester immortels, mais au moins ils avaient une vie, même si elle était incomplète.

Complètement abasourdie, Gabriel jeta un regard sur Avalone qui fixait le vide d'un air atterré. Jamais il n'avait cru que les Sangré existaient. Tous les petits de la race avait déjà entendu parler de la force et de la pureté du sang qui coulait dans les veines de cette lignée, et on les utilisait même pour convaincre ces derniers de faire certaines choses contre une goutte du sang de cette lignée. Les Sangré étaient connus pour avoir un sang libre, un sang qui ne se soumettait pas à la loi du partenaire destiné, ils pouvaient appartenir à qui il voulaient dès lors qu'il le voulait. Les autres femelles craignaient les femelles de cette lignée, car il était dit qu'elles étaient les seules qui pouvait briser un couple prédestiné par la seule force de leur sang. Et depuis des siècles il avait cru que c'était juste une légende comme il y'en avait un peu partout, et si c'était vrai, si les Sangré existaient comme l'affirmait ce mâle, cela expliquerait comment Avalone avait réussi à forcer les mains du destin afin de s'unir à lui.