CHAPITRE 56

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Ce fut complètement vidé que Gabriel atteignit son domaine. Il avait marché tous les kilomètres requis pour revenir, comme pour retarder la distance qu'il mettait en s'éloignant d'elle. Au petit matin, il arriva, et ne s'étonna pas de voir Nalla qui l'attendait. Cette dernière ne dit rien, ne lui demanda rien, et il ne fut même pas en colère de voir la pitié qu'il suscitait dans le regard de sa sœur ainée. Il alla directement dans la chambre à coucher, et mis le puma à la porte, referma mentalement à clé, et sans même se déchausser, il alla se coucher à la place qu'occupait Avalone dans le lit. Les yeux grands ouverts, il fixa le plafond sans voir toute les belles peintures colorées qui s'y dessinaient, et tel le mourant sur son lit de mort qu'il était, le mâle senti son corps s'alourdir seconde après seconde, minute après minute, heure après heure.

- Nalla. Appela-t-il à voix basse. Instantanément la femelle apparut à son chevet. – Fait mandater Federico.

Nalla blêmit.

- Gabriel, juste une heure.

Une heure ? Se demanda-t-il les yeux toujours perdu dans le vide. Pourquoi faire ? Pour se perdre encore plus dans l'enfer de sa douleur ?

Il était capable de donner le nombre de seconde au tierce près, le temps qu'il s'efforçait de ne pas retourner là-bas. Elle l'appelait, il le sentait, et il ne tiendrait pas longtemps. Partir avant de lui faire du mal c'était ce qu'il voulait. Il ne supporterait pas les adieux, et il ne voulait encore moins se retrouver dans un état dans lequel, il serait tenté de faire venir Elisabeth. Avalone méritait mieux.

- Appelle Federico. Répétât-il d'une voix froide qui ne souffrait pas de débat.

- Oui mon roi. Murmura Nalla sans pouvoir faire le contraire.

Elle sortit, le laissant seule, et il ne s'en aperçut pas.

*

Ce fut en pleurant à chaude larmes qu'Avalone ouvrit les yeux. Elle se redressa regarda partout autour d'elle, elle reconnaissait son ancien appartement, mais elle ne se souvenait pas de la manière dont elle y était arrivée. Et même pendant une seconde elle se demanda comment elle avait pu avoir l'argent nécessaire pour se payer un appartement pareil, et ce fut là qu'elle se rappela de Jackson, il lui avait prêter cet endroit pour qu'elle puisse se reposer après sa remise de diplôme. Enfin c'était là, une partie des souvenirs de substitution que Gabriel avait implantés dans sa tête. Elle se souvint de toutes les journées qu'elle avait passées à la boutique de journaux, elle se souvint du petit fils du propriétaire, tout lui revenait, mais il manquait quelque chose sans qu'elle ne puisse mettre le doigt dessus. Peut-être se trompait-elle, et qu'il s'agissait juste d'une impression infondée, se rassura-t-elle. Elle quitta alors le lit et constata qu'elle portait toujours ses vêtements de la veille, mais prendre une douche ne la tentait pas, elle aimait bien son nouveau parfum, cette fragrance exotique. Ne se souvenant pas du mauvais rêve qui l'avait éveillé, la jeune femme essuya ses larmes, et sortie de la chambre, et une fois de plus elle s'attendait à trouver quelqu'un, mais qui ? Jackson ? Sans doute. D'ailleurs où était-il et quand revenait-il ?

Elle regarda par la suite partout autour d'elle, et toute cette lumière, il ne devait pas y en avoir autant, songeât-elle en allant tirer les rideaux, plongeant ainsi toute la salle de séjour dans l'obscurité. Voilà, c'était mieux. Elle resta dans le noir quelques minutes, en ne sachant quoi faire, lorsque son corps habitué à se reposer à ces heure-là, la poussa à nouveau vers la chambre. Depuis le pas de la porte, elle observa sa chambre à coucher sans pour autant s'y retrouver, pourtant tout était là, ou du moins, c'était la réponse que son cerveau s'efforçait d'accepter. En trainant des pieds, le moral dans les chaussettes, elle se laissa tomber en travers du lit, rebondit sur la couche King seize, et se retourna comme une omelette dans une poêle pendant les heures qui suivirent. Il manquait quelque chose. Elle essaya la tête en bas, la tête pendante dans le vide, elle se coucha sur le dos, sur le ventre, sur le côté, tapota le lit que son corps ne semblait reconnaitre, et elle vit la table de chevet, et sans raison particulière, elle trouva qu'il n'était pas à sa place. Aussi, elle se leva, et pendant près d'une heure, elle essaya de refaire toute la décoration de la chambre, sans pour autant parvenir au résultat escompté. D'ailleurs de quel résultat il était question ? Et comme à chaque fois, cette question disparut de son esprit, comme l'avait voulu Gabriel. Cet endroit ne lui était pas familier. Abandonnant la chambre dans laquelle elle avait mis un désordre sans nom, Avalone retourna dans la cuisine, manger quand elle n'était pas bien, ça au moins elle connaissait. En ouvrant l'un des battants du frigo, elle remarqua la présence d'une dinde ainsi celle d'une bouteille de champagne tous deux entamées. Chose qu'elle ne se souvenait pas avoir faite, toutefois, elle s'en empara, réchauffa l'un, se servit conséquemment de l'un comme de l'autre, et avant même de s'en rendre compte, elle avait apprêté une deuxième assiette, et une deuxième flute de champagne, et ce n'est quand elle déposa les deux sur la table à manger qu'elle s'en aperçut. Qui attendait-elle ? Personne, telle fut la réponse qui lui fut donnée. Son cœur se serra, mais cela aussi passa aussi vite. Elle n'avait pas de raison d'être triste, aussi, Avalone se mit à manger tout en fixant de temps en temps la chaise vide qui lui faisait face, et quelques fois, elle avait l'impression que quelqu'un allait subitement y apparaitre, mais rien non plus de ce genre n'arrivait.

BLACKBURN SANGRE ( La musique du sang)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant