BLACKBURN SANGRE ( La musique du sang)

CHAPITRE 36

Depuis bientôt trois heures de temps qu'Avalone restait prostrée sur le lit, à regarder le puma tourner en rond dans la chambre à la recherche d'un endroit pour se poser, avant de finalement se décider à se coucher sur toute sa longueur non loin d'elle, le museau noir reposant sur ses énormes pattes avant. Elle avait remarqué qu'il avait grandi, et prit en volume. Sous sa luisante robe noire, ses muscles fuselés se voyait nettement, et son regard gris était devenu plus dangereux. Il n'avait plus rien avoir avec l'animal qu'elle avait quitté, mais heureusement pour elle, le félin se souvenait encore d'elle, et ne la regardait pas avec animosité. Ce dernier ne répondait qu'aux ordre de Gabriel, elle l'avait bien compris depuis le temps. En regardant l'immense animal sombre, elle se prit à envier son insouciance. Il n'avait pas à se soucier des autres, ni du fait que personne ne s'intéresse à lui, c'était un solitaire qui était craint de tous, pas comme elle, qui avait été obligé de devenir une solitaire parce que personne ne voulait l'inclure dans sa vie. Avant tout ceci, elle n'était qu'Avalone Blue, étudiante, vivant dans un petit appartement, avec personne à qui parler si ce n'est son meilleur ami, et par défaut, elle aimait cette vie monotone, université, bosser, travailler pour payer ses études, lire, dormir, faire un marathon ciné avec Jackson jusqu'au bout de la nuit de temps à autre. Elle avait appris à dompter le fait de ne pas se sentir chez elle avec cette routine qui l'empêchait de penser à autre chose, et maintenant, qu'est-ce qui en était ? Jackson qu'elle savait fils unique, était un vampire, elle avait rencontré sa magnifique sœur, puis son sombrement mais sublime petit frère qui en passant était l'empereur des vampires, et là, elle vivait dans son manoir, avec un puma encore sauvage comme gardien, si ce n'était pas le rêve ça...

Et maintenant à quoi allait ressembler son avenir ? Elle n'y avait pas vraiment pensé, et si ce qui c'était passer hier n'avait pas eu lieu, elle ne se serait jamais poser la question. Elle avait d'elle-même prit la décision d'embrasser un homme, enfin un mâle dans son cas, et elle avait aimé au-delà même du raisonnable, et tout ce qu'elle voulait, c'était de recommencer encore, et encore. Elle voulait sentir la douce pression des lèvres de Gabriel sur elle, elle voulait sentir ses bras l'enlacer, sentir son immense corps de granite sur elle, ainsi que le parfum exquis qui entourait le vampire, oh que oui, elle voulait tout ça. Dans sa vie, elle avait appris à ne rêver que de choses qui lui étaient inaccessibles, sans jamais rien faire pour les obtenir, par peur d'en être incapable, ou au pire de se ridiculiser comme à chaque fois, mais là, là c'était différent, toutes les fibres de son corps voulaient de ce mâle, il fallait qu'elle l'obtienne. En elle, était née une nouvelle femme la nuit où elle s'était jeté à ses pied, et depuis cette nuit, la faim que son corps éprouvait pour Gabriel ne faisait que grandir un petit peu plus. En étant loin de lui, elle arrivait à gérer, elle arrivait à se perdre dans la nouvelle routine qu'elle avait de nouveau mise en place, mais maintenant qu'elle revivait sous son toit, il était impensable pour elle de ne rien faire pour l'avoir. Plus le temps passait, et plus elle avait l'impression de changer, de devenir garce, car elle maudissait Elisabeth d'avoir existé, sinon peut-être qu'il l'aurait vu, elle maudissait la femelle morte d'avoir été une fois ce qu'elle ne pourrait jamais devenir, elle maudissait celui qui avait un jour été son meilleur ami d'avoir ainsi fait souffrir Gabriel pour qu'il ne soit attisé que par la vengeance, elle en arrivait même à se maudire elle-même d'être incapable de séduire un homme enfin un mâle, ou au contraire de vouloir le séduire en sachant pertinemment qu'il aimait une autre, et voulait par-là même rester fidèle à feu sa femelle. Fatigué de toute ses émotions contradictoires, Avalone posa ses coudes sur ses genoux, et se prit la tête à deux mains et retenant le grognement d'exaspération et de colère qui l'animait. Pour une fois qu'elle savait ce qu'elle voulait, pour une fois qu'elle voulait se donner les moyens d'obtenir ce qu'elle voulait, l'univers se débrouillait encore et toujours pour lui rappeler qu'elle ne l'aurait. Alors la même question revint, à quoi allait ressembler son avenir ?