CHAPITRE 76

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Neuf mois avaient passés depuis cette journée chez le médecin, journée dont la surprenante nouvelle qui n'en n'était pas vraiment une était tombée.

- Les résultats sont revenus positifs. Avait déclaré Federico d'un ton sans appel. Et après cette pierre jetée dans la marre de leur vie, Avalone ne fut heureuse qu'un court instant car très vite, elle avait vu la terreur dans les yeux de Gabriel, et même Federico en annonçant la nouvelle n'affichait pas une mine ravie. Aucun de ceux qui l'avaient appris n'avaient d'ailleurs affiché une mine réjouit, sauf Nalla, enfin, elle aussi, elle avait été triste un instant, puis elle avait pris une profonde inspiration avant de sourire en affirmant qu'il ne restait plus qu'à tout faire pour que tout cette passe bien, et même elle, elle n'avait pas cru cette phrase prononcée par sa belle-sœur. En voulant de cette grossesse, et en se donnant les moyens de l'avoir, elle s'était à nouveau vu dans un monde où tout le monde lui disait que c'était une erreur, et où elle, comme d'habitude, elle était certaine du contraire. Pour ne pas changer à la route empruntée par les autres, son frère avait également été triste en apprenant la nouvelle, et dans les yeux de tous, Avalone voyait constamment cette tristesse qui faisait penser qu'elle allait mourir dans la seconde. Tous l'observaient comme si elle était en sursis.

Federico avait dit être en face d'un mystère avec cette grossesse, car jamais une Azhul en transition n'avait été enceinte, mais Avalone avait bien compris que c'était pour éviter de dire clairement au roi que sa femelle avait toutes les chances de mourir. Et aujourd'hui, elle en était à son neuvième mois. Chez les humains, elle aurait déjà accouché ou sur le point de le faire, mais dans ce monde ci, elle en était à la moitié de sa grossesse, et déjà elle était épuisée. Le médecin l'avait déconseillé de quitter le lit plus d'une heure trente par jour, et il n'avait pas eu besoin de le dire une deuxième fois, car même elle, elle n'avait pas le force pour tenir au-delà de ce temps-là sans être allongé. Elle avait tout le temps le corps flasque, et elle n'engrangeait des forces que lorsqu'elle dormait, ou mangeait. Gabriel était aux petits soins, il veillait à lui donner son bain, à la réveiller pour qu'elle mange, à rester avec elle de telle sorte que lorsqu'elle ouvrait les yeux, la première chose qu'elle voyait était ses yeux à lui, même si entre eux ce n'était plus tout rose. Avalone voyait dans ses yeux tant de culpabilité, de panique, de doute, et de tout un tas d'autre choses sombres qui semblaient le vieillir plus vite que la normal. Il ne riait plus, se contentant à la place de vague sourire en coin aussi fugace qu'un battement de cœur. Leur mariage avait comme du plomb dans l'aile, et elle savait que tout n'irait bien que lorsqu'elle accoucherait. Si bien sur elle arrivait à le faire, car avec le peu de force qu'elle avait dans le corps, tout ce qu'elle pouvait pousser, c'était son souffle en dehors de ses poumons. Et quand elle réfléchissait aux mots du médecin sur la rudesse de l'accouchement d'un petit de la race, elle en avait des sueurs froides. C'était dans ces cas ci, que la peur menaçait de l'engloutir, mais étrangement, elle n'avait pas peur pour elle, seulement pour son bébé, et pour Gabriel, plus pour Gabriel même, car si jamais elle ne réussissait pas à atteindre le terme, la vie de son petit serait menacée. Un seul petit sur dix-huit arrivait à survivre si jamais la grossesse n'arrivait pas à terme, et lorsque la mère mourait en couche, ce nombre baissait drastiquement du fait de nombreux facteurs que lui avait énumérés Federico. Mais le seul chiffre qui ne changeait pas, c'était celui des partenaires qui arrivaient à survivre à la disparition de l'autre : zéro pour cent. Aussi, elle avait la lourde responsabilité de mener à bien cette grossesse, et de survivre, si elle ne voulait pas que tout soit vain. Elle aurait perdu l'amour de sa vie.

Réveillée depuis quelques minutes, Avalone attendait avec impatience l'arrivée de l'heure à laquelle elle était autorisée à quitter le lit. Elle n'était pas certaine de faire plus d'une heure de temps ce soir, mais elle ne renoncerait pour rien au monde à la petite balade au bord du lac qu'elle entretenait avec Gabriel chaque nuit.

BLACKBURN SANGRE ( La musique du sang)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant