Chapitre 17 : Kuroo l'abruti

2.7K 264 67
                                    

Je reste un instant livide devant l'annonce de ma mère et si j'en crois le regard inquiet que me jette Marco, cela doit se lire sur mon visage.

-Pardon ? Coupais-je d'une voix blanche.

-Je t'avais prévenu, reprit-elle, si j'entends parler de volley à Miyagi, tu rentres.

-Attends, mais il n'est pas question de volley ! Je suis au club d'art !

-Alors pourquoi Tetsurou m'a dit que tu comptais reprendre le volley ?

Je pousse un long soupire : c'est pas possible, mon cousin est vraiment un abruti fini. Il a dut tenir l'information de Kenma et a cru bon d'en informer ma mère. Autant vous dire que Nekoma devra se chercher un nouveau capitaine si je suis contrainte de rentrer à Tokyo.

-Non, c'est vraiment pas ce que tu crois. J'ai parlé à Kenma, il était tard et j'avais des idées stupides. Je ne vais pas reprendre le volley, mais j'aimerais juste aider le club.

-On en a parlé Yuna, l'une des condition pour reprendre les cours était que tu ne t'approches plus d'un club de volley.

-Et qu'est-ce que ça changerait ? La pratique n'a rien à voir là dedans, et Sakura est loin.

-Tu es en train de me dire que tu penses malgré tout à reprendre ?

Sa voix était glaciale, et je savais que ma prochaine réponse déclencherait potentiellement une autre dispute.

-Je me plais dans ce lycée, alors pourquoi ne pas me laisser tranquille pour ces deux dernières années ?

-Parce que la dernière fois que je t'ai "laissé tranquille" j'ai du t'emmener à l'hôpital pour tentative de mutilation.

Je n'arrive pas à croire qu'elle ait osé déterrer ça comme si ce n'était rien. Oui, j'ai fait des choses stupides, mais je vais mieux et j'ai l'impression qu'elle refuse de le comprendre.

-Alors tu vas gâcher les plus belles années de ma vie pour un club auquel je n'appartiens même pas ? Et sous prétexte que j'ai merdé il y a un an ?

-Je le fais pour te protéger ma chérie, ne le vois pas comme une punition.

-Non, tu le fais pour te protéger toi, clamai-je en quittant la pièce pour ne pas que mon ami en entende plus. Tu le fais pour calmer tes propres peurs. Tu penses que je ne peux pas gérer ma vie, tout ça parce que j'ai pris UNE mauvaise décision. Alors oui, j'étais si désespérément effrayée que j'ai voulu rompre mon lien avec ce sport pour ne plus avoir à jouer, et pour ENFIN avoir une autre raison de ne pas reprendre autre que "j'ai peur de revoir Sakura". Sauf qu'aujourd'hui je suis dans un lycée qui me plait, j'y ait des amis et je ne veux plus que tu m'isoles sous prétexte que j'ai été faible une fois dans ma vie.

Je repris un instant mon souffle après avoir lâché mon monologue d'une traite, et attend la réponse de ma mère. Je ne repartirai pas à Tokyo sans me battre, et elle le sait, puisque c'est elle qui m'a apprise à persévérer, sans compter le caractère borné qui me vient de la famille Kuroo.

-Bon, je laisse passer pour cette fois, mais tu m'as promis de ne pas reprendre le volley, céda-t-elle d'une voix plus calme.

-Je n'ai qu'une parole. Et de toute manière, je suis déjà dans un club, finis-je en revenant dans le salon.

-Le sujet est clos pour le moment. Je te rappellerais plus tard dans la journée.

-D'accord, à plus tard, saluai-je avant de raccrocher.

Je m'approche de Marco et m'effondre sur le canapé sous le regard gênée du brun. Je me redresse après quelques instants pour reprendre mon téléphone.

-Désolé d'encore te faire attendre, mais j'ai un crétin à qui je dois crever les tympans.

-Pas de soucis, répondit-il avec un sourire en coin.

Je cherche le numéro dans mon répertoire et attends quelques sonneries, mais rien. Avec ma chance, il doit être en pleine session d'entraînement du week end, chose que leur coach organise régulièrement avec d'autres équipes de l'académie. Je change de plan et essaie avec Kenma, qui finit par décrocher après deux tentatives.

-Salut Yuna.

-Passe-moi ton dégénéré de capitaine, tranchai-je d'une voix ferme.

-Attend une seconde.

J'entendis le raisonnement des balles dans un gymnase depuis le téléphone : j'avais vu juste. Un cri lointain m'arracha d'ailleurs un sourire : "Akaashiii ..."

-Tiens tiens, mais c'est ma cousine préférée, entendis-je soudainement.

-ESPÈCE DE GROS SAC À PURIN QU'EST-CE QUE T'A ÉTÉ RACONTER À MA MÈRE ?! Hurlais-je soudainement, faisant sursauter mon invité.

-Calme toi ...

-JE VAIS T'ARRACHER LES YEUX AU SCALPEL ROUILLÉ.

-Respire...

- AVEC TA GUEULE D'AVORTEMENT RATÉ LA, renchéris-je, hors de moi.

-Ecoute, Kenma m'a dit que tu voulais reprendre le volley et-

-Et toi t'as rien trouvé de mieux à faire que de tout balancer à ma mère psychotique qui enfermerait sa propre fille dans une cage pour ne pas qu'elle touche à un ballon ?

-Elle a mal réagit ?

Je prends une grande inspiration et fait signe à mon ami de se boucher les oreilles.

-JE TE LAISSE DEVINER SHERLOCK.

-Ça va, ça va, désolé si j'ai merdé, mais tu peux baisser d'un ton ?

-Pourquoi ? Pour pas que ton équipe sache que t'es un abruti ? Désolé mais c'est trop tard depuis longtemps.

-Ok, celle là je l'ai mérité. Mais t'énerves pas, c'est mauvais pour le cœur.

-Ferme là, un peu. Tu m'en dois une maintenant.

-Très bien, tu voulais autre chose ?

-Que de te faire perdre 15 points d'audition ? Non. En plus j'ai un invité.

-"Un" invité ? Pensez à vous proté-

Je raccroche sans le laisser finir, ne souhaitant pas avoir à le supporter une seconde de plus. Je relève les yeux vers mon ami, qui affiche un grand sourire.

-Quoi encore ?

-"Avec ta gueule d'avortement raté là" répéta-t-il en riant. D'où tu sors ce genre d'insulte ?

-Je ne sais pas, quand je suis énervé contre lui ça vient tout seul...

-Et ça arrive souvent ?

-Pas vraiment, Tetsurou est quelqu'un en qui j'ai confiance, mais il a le don de m'énerver.

-Je vois, c'est ton frère ou un truc du genre ?

-Oui et non, c'est mon cousin mais je le considère plus comme un grand frère. Quand j'étais a Tokyo, il a fait partie des personnes qui ont été le plus présentes pour moi, expliquai-je sans pouvoir cacher ma nostalgie.

Après ça, nous avions rapidement parlés de nos familles respectives, bien que celle de mon ami soit en très grande partie resté en Espagne, et la conversation s'était éternisé jusqu'au déjeuné. Mon père ne semblant pas prêt de rentrer, nous avions décidé de nous rendre en ville pour manger en fastfood. Sur la route, je préviens mon père et en profite pour demander une explication. J'espère qu'il me répondra vite.

-Je meurs de faim ! S'exclama Marco en s'installant à une table après avoir passé notre commande.

-Ouais, et on est pas les seules, répondis-je avec un vague mouvement de poignet vers la foule qui nous entourait.

-Et tu crois pas si bien dire, reprit le brun tandis que son regard s'attardait sur un point derrière moi.

Je me retourne sans trop savoir où regarder, avant que je ne repère un groupe de filles amassé autour d'une table. Entre celle-ci, je crois apercevoir un visage familier.


King Sniper [Haikyuu!!]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant