*POV Sakura*
Il y a une période que Yuna et moi attendons chaque année avec impatience : celle du championnat mondial de volley-ball. Dès que nous en avons l'occasion, nous nous posons alors devant les matchs en débattant. Ces moments sont de loin mes préférés.
-L'Italie n'avait pas une autre passeuse l'an dernier ? Questionnai-je en prenant une gorgée de soda.
-Ouais mais elle est tombée enceinte, j'ai lu ça dans le dernier "Volley-Magazine" de mon père.
-Je vois.
-C'est ça de tomber amoureuse. T'es prédisposé à une belle carrière et d'un coup, tout s'arrête.
-Il n'y a pas que des défauts à être amoureux...
-Peut-être, mais il y en a plus que de qualité ! S'exclama ma meilleure amie en se redressant. Je te ramène quelque chose à manger ?
-Non merci, refusais-je poliment.
Après un signe de tête elle quitta la pièce, me permettant de lâcher un soupir : impossible d'aborder le sujet sans qu'elle ne dénigre l'amour. Autrement dit, sans qu'elle ne dénigre tout bonnement ce que je ressens pour elle.
Quand j'y pense, je ne me souviens pas vraiment du moment où j'en ai réellement prit conscience de mes sentiments puisque nous avons toujours été très proche. Sans compter que ce que je ressens est loin de l'image romantique que décrivent les romans ou shojo, dans lesquels les héros sentent leur cœur se serrer et rougissent au moindre contact de l'être aimé. Il faut dire qu'à force de se prendre dans les bras, mon cœur n'accélère plus, bien que je ne ressente plus notre proximité de la même façon. Et les seules fois où ils ressortent, c'est en imaginant ma meilleure amie avec un garçon, lorsque ma poitrine se serre d'un coup. Après tout, Yuna est belle, intelligente, attachante et affectueuse malgré son impulsivité et sa manie de vouloir tout contrôler, alors il n'est nul doute qu'elle aura du succès lorsque nous entrerons au lycée.
Au final, j'ai beau accepter la situation, elle ne cesse de peser plus lourd avec le temps : quelle idée de tomber amoureuse de son amie d'enfance ? Si je parle, plus rien ne sera comme avant et jamais plus elle ne verra notre relation de la même façon. Et je ne veux pas perdre ça, quitte à la voir aux bras d'un garçon. C'est pour cette raison que je me contente d'être la meilleure amie et la confidente, alors même que le temps m'imposera d'autre envies, que je m'efforcerais de masquer de mon mieux.
La soirée se poursuit, mais je n'arrive plus à m'enlever ces réflexions stupides de la tête, ce qui n'a pas échappé à Yuna.
-Tu comptes tirer la gueule toute la soirée ? Parce que t'es bien partie pour gagner le pari de ce soir : l'Allemangne s'est pris un 18-25 au premier set.
-Ce n'est rien.
-Ne me mens pas, répondit-elle en saisissant mon visage entre ses mains. T'es pas obligé de me dire ce qu'il en est, mais admet que quelque chose te tracasse. Tu stresses pour le prochain match ? Ton père fait encore des siennes ? Ou alors-
-Je ... La coupai-je sans pouvoir la regarder dans les yeux.
Yuna ne lâche pas mon visage en attendant la suite de ma phrase.
-Pourquoi tu détestes l'amour ? Posai-je en fixant point au sol.
Après un instant de silence pendant lequel je sens son regard sur moi, elle lâcha un petit rire.
-Tu peux trouver des choses sans importances sans pour autant les détester. Tout comme tu peux changer d'avis en cours de route à leur sujet, répondit-elle avant de se coucher sur sa couchette, depuis laquelle nous regardons le match.
-Et tu n'as jamais voulu savoir ce que ça faisait d'être amoureuse ?
-On entre en deuxième année de collège, j'aurais tout le lycée pour sortir avec de beaux et talentueux volleyeurs, même si je suis de l'avis de papa : le plus tard possible.
-Je vois...
-Alors c'est vraiment ça qui te tracassait ? Ne me dit pas que tu es amoureuse ?
-Non, mentis-je, mais ....
Je laisse une fois de plus ma phrase en suspends : qui sait, peut être comprendra-t-elle un jour elle-même si je lui tends une perche ?
-En fait, je crois que j'aime les filles.
Après un court silence, Yuna se redressa à mes côtés.
-Qui que soit la chanceuse qui t'a fait réaliser ça, elle a intérêt à être à la hauteur, s'exclama-t-elle en posant une main sur mon épaule avec un sourire chaleureux.
-Je vais me chercher un truc à boire, fuyais-je en me relevant pour quitter la pièce.
J'ignore le regard de ma meilleure amie et quitte la pièce : jamais je n'avais encore dit ce genre de chose à voix haute, et comme si cela l'avait rendu bien plus réelle, ce simple constat me blessa jusqu'au fond de ma poitrine : et si je n'arrivais jamais à m'en défaire ? Si le fait de la voir avec des garçons fragilisait notre duo ? En commençant à chercher mon air, je prends conscience que je ne pourrais peut-être pas céder ma meilleure amie.
-Sakura ?
Je ne prends pas peine de me retourner : trop concentré à maîtriser ma respiration. Je sens alors deux mains se poser sur mes épaules.
-Respire profondément, me guida Yuna. Qu'est-ce qui te mets dans cet état ?
Trop honteuse de lui dire ce qu'il se passe, je tente de trouver un prétexte, mais ma réflexion est limitée par la crise d'angoisse. Je n'arrive plus à réfléchir, ce qui fait d'autant plus monter la panique, jusqu'à ce que je sente le corps de ma meilleure amie se coller dans mon dos, m'enlaçant par la taille.
-Sakura, je suis là, d'accord ? Tu n'as pas à te justifier sur ce qu'il se passe, mais dis-moi ce que je peux faire.
Les minutes passent et, ce contact durant, la crise commença me libérer progressivement de son emprise. Je fais des crises d'angoisses depuis que j'ai 6 ans, année où ma mère est partie du jour au lendemain, et d'après les psychologues que mon père m'a emmené voir, elles seraient liées à une peur profonde de l'abandon suite à ces événements. Yuna le sait et elle est la seule dont j'accepte la présence lorsque je traverse ces moments difficiles.
Autrement dit, elle est mon point d'ancrage, et la seule pour qui je sacrifierais absolument tout ce que j'ai pour la garder à mes côtés, jusqu'à tirer un trait sur ma propre vie amoureuse pour préserver notre relation.
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Non non, je n'ai pas du tout oublié mes corrections hier ... (SI)
Bref, j'espère que ce chapitre vous a plus, on se retrouve dans deux semaines pour la suite !
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King Sniper [Haikyuu!!]
FanfictionIl y a ces choses dans la vie qui vous tombent dessus : parfois des épreuves, parfois des récompenses... Personnellement, pour ma rentrée à Aoba Johsai, c'est lui qui m'est tombé dessus. Littéralement. Prochain chapitre* : - ~~~ *Date estimée, publi...