Chapitre 57 : "Qu'en est-il de toi ?"

1.5K 160 25
                                    

Le regard fixé au loin, je n'ose plus me retourner vers lui, trop embarrassée de lui avoir tout déballé sur un coup de tête. Lorsque je l'avais raconté à Ayaoro tout s'était bien passé, parce que mon ancienne capitaine connaissait déjà mon caractère impulsif mais Oikawa, lui, a découvert une partie de moi que j'avais espéré cacher aux yeux de tous.

-Ça se voyait, répondit le passeur après un instant de silence.

Intrigué, je lève les yeux pour l'inciter à développer.

-J'ai vu certains de tes matchs avec Kyoko-san, et ce que tu m'as dit plus tôt à propos de ta relation au volley n'a fait que confirmer mes soupçons, expliqua-t-il en m'adressant un sourire. Quoi qu'il en soit, tu ne peux pas revenir en arrière, et non, tu n'es pas un monstre.

-Alors tu n'as rien écouté de ce je viens de te raconter, tranchai-je en me relevant dans un soupir.

Je commence à m'éloigner sous les appels d'Oikawa : c'était une erreur de confier une chose pareil à un mec que j'ai rencontré il y a quelques semaines. Je ne sais même pas si je peux vraiment lui faire confiance ou si je nourris juste sa curiosité mal placée. Tout aurait été plus facile si j'avais gardé ça pour moi, maintenant je me sens encore plus vulnérable qu'avant.

-Isaya-chan, m'arrêta-t-il en agrippant mon bras.

-Je n'aurais pas du te parler de ça, avouai-je en essayant de me dégager. Laisse-moi, je ne veux pas que tu me raccompagnes.

-Saiko a fait pression pour que tu fasses ce qu'elle veut, ça ne fait pas de toi un monstre d'avoir cédé à ses menaces.

-MAIS LA N'EST PAS LE PROBLÈME, explosai-je en tirant d'un coup sec, de nouveau au bord des larmes. Si je n'avais pas été aussi bornée et impulsive, jamais cette garce n'aurait eu de moyen de pression. Et ce jour-là, j'étais prête à la tabasser s'il n'y avait pas eu cette connerie de caméra de surveillance. Ce n'est pas normal d'en arriver là par amour, et c'est pour ça que l'erreur s'est répété à Tokyo et qu'aujourd'hui, je ne peux pas me permettre de m'attacher de la sorte à quelqu'un.

Je reprends mon souffle après avoir enchaîné tout mon monologue d'une traite. Oikawa, tient toujours fermement mon bras, m'offrant un regard presque peiné, avant qu'un sourire triste ne commence à étirer la commissure de ses lèvres.

-Je vais te partager la manière dont je vois les choses, commença-t-il en posant son autre main sur mon menton pour me forcer à relever la tête. Ce n'est pas l'amour qui t'a conduite à en arriver là. Tu t'en ais prise à ses deux filles, non pas parce que tu avais un réel besoin de possession, mais parce qu'elles ont réveillé ta peur de perdre celle que tu as aimé, n'est-ce pas ? Si tu arrives à gérer cette peur avec tes autres relations, alors tu n'auras plus de raison de répondre à tes angoisses par la violence. Je crois que Saiko l'avais compris, et qu'elle a tout fait pour que cette peur joue en sa faveur, parce que sa racine vient de Kyoko-san.

Après une longue minute de silence, le capitaine passa ses bras autour de moi avant de m'offrir une étreinte.

-Tu parles de faire de la peine à ta partenaire, mais qu'en est-il de toi, Isaya-chan ? Tu es partie en sachant que tu ferais du mal à une personne qui t'est chère, avant de devoir faire le deuil de la relation avec ton amie d'enfance, tout le monde aurait été mort de peur à ta place.

Je laisse quelques larmes s'échapper, en écoutant sa voix douce se faufiler jusqu'à mes oreilles, profitant de l'étreinte pour m'accrocher à sa veste.

-Tu as passé une partie de ta vie à te dévouer à quelqu'un au point d'en apprendre un sport qui ne t'intéressait pas au premier abord, alors c'est normal d'avoir peur de s'investir de la même façon avec une autre personne. Mais il ne faut pas que la culpabilité t'empêche d'avancer, alors tu dois trouver un moyen de t'en débarrasser. Et quel que soit le temps que ça prendra, tu ne seras pas seule, finit-il en serrant davantage ses bras autour de moi.

King Sniper [Haikyuu!!]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant